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mot, que le phénomène sympathique suive les oscillations du fait primordial. « Nous ne pouvons don<< ner le nom de folie sympathique qu'à une alié« nation mentale qui se produit directement par « l'action d'un organe de la vie physique, qui grandi<< rait par elle-même et diminuerait avec elle (1). »

3o Enfin lorsque cette liaison des phénomènes morbides, même imparfaite à certains égards, se sera reproduite plusieurs fois et à peu près avec les mêmes circonstances, on ne devra pas conserver le moindre doute et rejeter bien loin l'idée d'une simple coïncidence.

Citons quelques exemples:

Durant une première grossesse, une dame est atteinte d'aliénation mentale; dix ans après, les accidents s'étant renouvelés, on crut qu'elle était enceinte. Boyer reconnut un polype utérin dont l'enlèvement mit un terme au dérangement mental. — Depuis deux ans une dame éprouve, huit jours avant chaque époque menstruelle, de violentes douleurs névralgiques occupant la face et la région du cou; on reconnaît une tumeur fibreuse de l'utérus, dont l'extirpation fut faite par Lisfranc; la névralgie disparut (Cerise). Esquirol a vu une jeune fille dont la folie coïncida avec la suppression des menstrues, et qui guérit subitement au moment où les

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(1) Buchez, Société méd., psychologique, séance du 10 novembre 1854.

règles reparurent. Guislain a donné des soins à une jeune fille atteinte d'une descente de la matrice, qui se trouvait prise d'une profonde tristesse avec propension au suicide, chaque fois que le col de l'utérus venait se présenter à l'entrée du vagin; l'usage d'un pessaire a fait disparaître tous ces accidents (1).

De leur côté, MM. Loiseau (2) et Azam (3) ont relaté plusieurs faits du plus grand intérêt qui prouvent sans réplique la sympathie qui existe entre certaines lésions de l'appareil utérin et le développement de la folie.

On trouve encore, dans Guislain, l'histoire d'une personne qui, chaque fois qu'elle était constipée, avait des hallucinations auditives et visuelles, cessant avec la constipation. Esquirol, Prost, Daquin et bien d'autres, ont rapporté des cas de folie guérie par l'expulsion des lombrics. — - Sauvages et quelques auteurs rapportent des faits d'aliénation mentale causés par la présence de larves dans les cavités nasales, et guéris par leur expulsion. Chez un jeune homme, la folie se développe consécutivement à une tumeur carcinomateuse du doigt annulaire; l'amputation guérit les symptômes cérébraux, etc., etc.

Telles sont, pour nous, dans toute leur rigueur,

(1) Guislain, Traité des phrénopathies, p. 305.

(2) Loiseau, Mémoire sur la folie sympathique, Paris, 1857. (3) Azam, De la folie sympathique, Bordeaux, 1858.

les conditions requises pour qu'un phénomène puisse être légitimement considéré comme sympathique; si le diagnostic, à priori, était toujours possible, on comprend de quelle importance il deviendrait, et pour le pronostic, et pour le traitement, le pronostic n'étant pas autre que celui de la maladie primordiale, et le traitement devant s'adresser beaucoup plus à cette dernière qu'à la maladie mentale. Malheureusement il n'en est pas ainsi, et d'après les principes mêmes que nous avons posés, il faut souvent que la folie ait suivi son évolution complète pour qu'on puisse déterminer sa nature. Cependant, lorsqu'on verra le trouble mental débuter en même temps qu'une lésion organique ou peu après elle; lorsque dans les antécédents du malade on retrouverà des accidents nerveux ayant déjà coïncidé avec la même lésion, ces circonstances devront éveiller l'attention; dans les cas douteux, la prudence ordonne de s'adresser principalement et tout d'abord à la lésion organique, les résultats du traitement indiqueront la nature de la maladie.

A côté des faits que nous avons cités plus haut, il en est d'autres qui, bien différents des premiers. par leur pronostic et leur terminaison, s'en rapprochent néanmoins par certains points importants: je veux parler des cas où la maladie, développée par sympathie pure, se sépare ensuite de la maladie primitive, suit son évolution naturelle, malgré la

disparition de la cause qui lui a donné naissance, et finit enfin par devenir incurable. Unies à leur origine, les maladies se sont ensuite dissociées pour suivre chacune une marche indépendante; tant il est vrai que l'axiome si souvent répété : Sublata causa, tollitur effectus, est soumis à d'incessantes exceptions.

Les cas de cette nature, assez nombreux dans la pratique, forment deux classes distinctes. Dans les uns, l'affection mentale, développée consécutivement à une maladie organique, persiste alors même que la cause première a disparu; c'est, par exemple, ce qu'on observe chez les femmes qui, ayant eu à chaque accouchement un accès passager d'aliénation mentale ramené par les modifications que les organes génitaux éprouvent dans leurs conditions anatomiques et physiologiques et disparaissant avec ces modifications, finissent par devenir incurables à un dernier accès provoqué par la même cause, alors même que l'utérus est rentré dans ses conditions normales.

Un phénomène inverse se produit chez d'autres malades; le délire se développe sympathiquement à la suite de la production d'une lésion organique; au bout d'un certain temps la folie guérit, bien que la lésion organique persiste. J'ai donné des soins à une dame chez laquelle un accès de mélancolie débuta en même temps que les premiers symptômes d'une

métrite avec ulcération granuleuse et hypertrophie considérable du col; la mélancolie traitée par l'isolement et les moyens habituels disparut au bout de quatre mois, tandis que, trois mois après la guérison de la maladie mentale, l'affection utérine n'avait éprouvé qu'une amélioration insignifiante.

Pour les cas de cette espèce je proposerai le nom de sympathie imparfaite, qui me paraît répondre suffisamment à l'idée que je veux exprimer.

Disons-le en passant, tous ces phénomènes de sympathie imparfaite démontrent jusqu'à l'évidence quelle erreur de langage commettent les médecins qui affirment que le siége des folies sympathiques est extra-cérébral. Que le point de départ de la maladie, son siége primordial, soit dans quelque viscère éloigné, cela est possible, et même pour nous incontestable; mais au symptôme folie correspondra toujours une lésion fonctionnelle ou matérielle de l'encéphale, lésion secondaire, il est vrai, mais dont l'existence est surabondamment prouvée par la persistance des troubles intellectuels, alors que la maladie première a totalement disparu.

Il est d'ailleurs une théorie physiologique qui peut expliquer l'existence de cette lésion cérébrale, dans la folie sympathique. Les synergies et les sympathies, comme chacun sait, ne se produisent pas directement d'un organe à l'autre, mais bien par action réflexe; l'impression transmise jusqu'aux centres

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