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AVANT-PROPOS

Beaucoup de faits isolés ont été publiés tant en France qu'à l'étranger sur l'aliénation mentale des femmes en couches, depuis qu'Esquirol a attiré l'attention sur cette variété de folie dans l'excellent mémoire que l'on retrouve dans le tome premier de ses œuvres, mémoire qui est devenu classique, comme tout ce qui est sorti de la plume de ce maître éminent.

J'ai essayé dans ce travail de réunir et de coordonner tous ces documents épars; je les ai contrôlés et complétés autant qu'il a été en mon pouvoir, soit à l'aide des faits que j'ai recueillis par moi-même soit parmi les malades auxquelles j'ai donné des soins, ou au milieu de la nombreuse population des asiles que j'ai pu suivre et interroger; soit enfin à l'aide d'observations inédites qui m'ont été confiées par plusieurs médecins auxquels j'exprime ici toute ma gratitude : M. Baillarger, à qui je dois l'idée première de ce travail, m'a communiqué plusieurs

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observations recueillies par lui dans son service de la Salpêtrière; M. Calmeil a mis à ma disposition les registres de Charenton et m'a donné sur plus d'un point les meilleurs conseils; enfin M. Mitivié, en m'ouvrant avec bonté son service de la Salpêtrière, m'a permis d'examiner plusieurs malades dont on retrouvera l'histoire consignée en détail ou d'une manière abrégée dans le cours de cet ouvrage. C'est ainsi que j'ai rassemblé un nombre d'observations assez considérable pour me permettre de formuler sur certains points une opinion bien nettement arrêtée; trop heureux s'il peut rester de ces recherches quelques conséquences pratiques, utiles au point de vue de la thérapeutique et surtout de la médecine préventive.

TRAITÉ

DE LA

FOLIE DES FEMMES ENCEINTES

DES NOUVELLES ACCOUCHÉES ET DES NOURRICES

INTRODUCTION.

Les femmes enceintes, les nouvelles accouchées et les nourrices sont exposées à des troubles intellectuels qui, tout en se confondant intimement avec les formes ordinaires de folie, n'en diffèrent pas moins d'une manière notable par les conditions organiques au milieu desquelles ils se développent.

La désignation collective de folie puerpérale, attribuée par quelques médecins aux cas de cette nature, indique très-bien que l'état puerpéral concomitant forme le point saillant et le caractère spécial de la maladie; mais cette dénomination, si elle était employée sans explication préalable, participerait nécessairement du vague et de l'incertitude qui règnent encore parmi les auteurs sur les limites de l'état puerpéral.

Et, en effet, quelques-uns lui assignent une durée fort courte et le regardent comme borné aux trente premiers jours qui suivent l'accouchement; bien plus, dans ce court espace de temps ils distinguent deux périodes; une première (état puerpéral proprement dit), constituée par les quinze premiers jours qui suivent l'accouchement; une deuxième (état postpuerpéral de M. Chomel), comprenant les vingt-cinq jours qui suivent la première quinzaine et limitée par la fin de l'écoulement lochial ou l'apparition du retour de couches (1).

D'autres médecins, attribuant à ce nom une acception plus étendue, désignent ainsi l'ensemble des fonctions qui se rapportent à la conception; pour eux l'état puerpéral, signalé principalement par une modification profonde du sang, commence presque au moment de la conception, et se termine trente ou quarante jours après l'accouchement.

Enfin, certains auteurs, et récemment encore M. Tarnier dans sa monographie (2), n'hésitent pas à donner à l'état puerpéral une extension plus grande encore. Tous les faits qui tendent à la reproduction de l'espèce, menstruation, grossesse, parturition, doivent être rangés, disent-ils, sous cette commune dénomination.

Toutes ces opinions, bien que fort différentes les

(1) Becquerel, Gazette des hôpitaux, septembre 1857. (2) Tarnier, De la fièvre puerpérale, Paris, 1858.

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