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délivrance, mais ils étaient moins violents. Néanmoins l'état com ateux persistant toujours, on prescrivit un bain tiède, des applications froides sur la tête et des révulsifs sur les extrémités inférieures. Au bout de quelques heures une forte réaction s'étant opérée, on pratiqua une saignée de six onces.

Le lendemain 30, l'état de la malade était assez satisfaisant; l'intelligence était revenue à son état normal, les lochies coulaient bien; on continua néanmoins les révulsifs, et on y ajouta quinze grammes de nitrate de potasse à l'intérieur.

Le 1er juillet, M. Sélade apprit que, depuis deux ou trois heures du matin, la malade était extrêmement agitée. Il put constater, en effet, une grande mobilité dans les traits de la face; les idées se succédaient avec une étonnante rapidité, et étaient surtout fort incohérentes; la malade était d'une loquacité effrayante; en un mot, on reconnaissait chez elle tous les symptômes caractéristiques de la manie puerpérale. Cependant, comme l'état général était assez satisfaisant, aucun moyen thérapeutique ne fut dans le principe dirigé contre cette affection.

Le 2, l'état général était assez bon, les lochies coulaient bien, mais l'excitation maniaque avait augmenté. La nuit, la malade n'avait cessé un instant de parler, de jeter ses couvertures, ou bien de sortir de son lit. M. Sélade prescrivit alors l'extrait de valériane associé à l'assa-fœtida et au lactucarium;

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chaque pilule contenait trois grains et la malade devait en prendre six par jour. On continua en même temps l'eau froide sur la tête.

Dans la nuit du 2 au 3, madame K..., d'abord fort bruyante, s'était calmée vers le matin; la sécrétion laiteuse s'était établie.

Les jours suivants cette amélioration continua, et vers la fin du mois, la mère et l'enfant étaient en fort bonne santé (1).

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Le jeudi 6 mai, M. Billod fut appelé chez une sage-femme, pour une femme atteinte d'éclampsie pendant le travail de l'accouchement.

Madame Marc, âgée de 23 ans, est bien constituée, n'a jamais eu d'attaques de nerfs, mais est impressionnable, jalouse et sujette à de violentes colères; intelligence ordinaire. Mariée depuis seize mois, elle est enceinte de neuf mois, et a eu une bonne grossesse.

La mère de madame M... a eu neuf enfants qui, tous, ont pu être élevés. Madame M... ressemble beaucoup à une de ses sœurs, morte d'accidents nerveux au moment de l'accouchement.

(1) Archives de la médecine belge, numéro d'avril, année 1848, et Annales méd.-psychol., octob. 1849.

L'œdème de la fin de la grossesse est survenu quinze jours avant le travail, il occupait, à l'époque de l'accouchement, les jambes, les genoux, les poignets et les parties génitales externes.

Le soir du 5 mai, les douleurs se manifestèrent; le travail marcha lentement la nuit ; le lendemain à ; huit heures, la dilatation du col était peu considérable, lorsque tout à coup la malade fut prise d'un évanouissement complet sans convulsions; elle revient à elle, puis survient une attaque d'éclampsie suivie d'une autre, et ainsi de suite. Lorsque j'arrivai, la malade était sur le dos, secouée par des convulsions cloniques. La dilatation du col était de 5 centimètres de diamètre, les eaux étaient rompues, la présentation était occipito-iliaque gauche antérieure. L'auteur constate qu'il n'a pas recherché l'albumine dans les urines.

Lavement d'assa-foetida, potion ammoniacale, puis accouchement spontané, délivrance un quart d'heure après.

Une demi-heure après, l'éclampsie recommence, et de trois minutes en trois minutes une attaque de une minute et demie se fait sentir. Dans l'intervalle des attaques, état comateux, résolution des membres, respiration stertoreuse, sensibilité abolie. Les accès redoublent d'intensité, le pouls petit, fréquent et irrégulier pendant la période convulsive, reprend de la plénitude pendant le coma.

Lavement purgatif, vingt sangsues, potion antispasmodique, sinapismes.

A une heure du matin, les convulsions cessent, mais le coma persiste, la respiration est stertoreuse, la pupille dilatée, la sensibilité abolie; résolution des membres.

Vésicatoires au mollet.

Le soir, la sensibilité a reparu, la malade répond par gestes, encore de la carphologie; les lochies ont coulé, d'abord séreuses, puis purulentes.

Le 8 au matin, quarante-huit heures après l'accouchement, la malade a repris connaissance et se souvient de son accouchement. Ses idées sont nettes, bien exprimées; elle embrasse avec bonheur son mari et son enfant. Un peu d'excitation, mais pas de délire, pupille dilatée, langue couverte d'un enduit jaunâtre, peau chaude, seins peu douloureux, fièvre de lait. Ventre souple et indolent, lochies normales, trois ou quatre selles par jour. Tisane antispasmodique.

Le soir, les convulsions n'avaient pas reparu, mais un état maniaque avec hallucinations et illusions de plusieurs sens avait fait explosion. La pupille est très-dilatée, à chaque instant la malade voit un diable tout noir qui lui fait des grimaces, et alors elle pousse des cris aigus. Elle se croit morte, s'imagine avoir les jambes coupées, une de ses mains lui paraît plus petite que l'autre, etc. Elle offre, en un mot, l'appareil

symptomatique d'une manie aiguë. Pouls à 80, plein. et régulier, pupilles dilatées, pas de céphalalgie, la température du front et de la tête ne dépasse pas celle du corps. Cette agitation dure toute la nuit et les nuits suivantes, sans affaiblissement des facultés intellectuelles.

La malade est conduite à la Salpêtrière, d'où elle est sortie plus tard parfaitement guérie, mais l'observateur n'indique pas la durée de son séjour (1).

42e et 43e OBSERVATIONS.

Deux cas de manie puerpérale traités et guéris par les bains prolongés, l'un au bout de treize jours, l'autre au bout de trois semaines, par M. Brierre de Boismont. (Mémoires de l'Académie de médecine, t. XIII.)

Art. II. De la mélancolie des nouvelles accouchées.

§ 1. La mélancolie des nouvelles accouchées a moins d'importance et de gravité que la manie; déjà nous avons vu que sa fréquence était relativement peu considérable, puisque nous n'avons rencontré que 10 cas de mélancolie contre 29 cas de manie; ajoutons ici que l'histoire de cette maladie est bien près d'être complète lorsqu'on a rapproché de la

(1) Annales médico-psychologiques, 3o série, 1856, t. II, p. 310.

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