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la syphilis; il y a six mois elle a été atteinte d'un ictère, pour lequel elle est entrée à Necker, et qui n'a eu sur la marche de la grossesse aucune fâcheuse influence (elle était primipare).

Le travail de l'accouchement a duré 13 heures; l'expulsion du placenta a été naturelle. Entrée, le 15 janvier 1854, à la Maternité, elle était délivrée le 16 à 3 heures du matin. Les nuits du 17, du 18 et du 19 ont été bonnes, cependant la fièvre de lait avait été forte; seins peu volumineux, lochies normales.

C'est le 20 que la maladie a débuté; le 23, la malade entrait à l'hôpital, après plusieurs nuits d'insomnie; la veille, elle avait pleuré toute la journée, et dans la nuit avait tenté d'avaler une cuiller d'étain, pour échapper, disait-elle, à la honte qui la menaçait.

La malade interrogée raconte qu'elle a des idées noires; elle se croit en danger de mort; elle répète qu'elle aimerait mieux mourir chez elle qu'à l'hospice. Pendant la nuit, elle a des visions extraordinaires et voit des figures effrayantes qui disparaissent quand elle est éveillée. Elle entend siffler, chuchoter à ses oreilles; si elle crie, c'est par peur, dit-elle; elle pleure et répète qu'elle veut s'en aller. 24 janvier. Ce matin le pouls est à 84; les suites de couches vont bien, le ventre est souple, non douloureux, la langue est rouge à la pointe,

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les pupilles dilatées, pas de constipation ni de céphalalgie; la nuit dernière a été tranquille.

Orge miellé, un vésicatoire à la cuisse; potages. 25 janvier. La figure est animée, le pouls est normal à 60, peu de sommeil; elle veut qu'on écrive à son père, car, dit-elle, elle va mourir.

26 janvier.-Pouls à 80; la malade a dormi; les suites de couches vont très-peu.

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29 janvier. - Un peu de pâleur et de teinte anémique, peu de sommeil; les vésicatoires donnent beaucoup de pus. 31 janvier. Le pouls est à 60, et la peau assez fraîche, la langue est bonne, encore un peu d'écoulement lochial; la malade ne parle que pour répondre aux questions qu'on lui fait; aucune initiative.`

2 février. La physionomie est meilleure; elle dit que ses idées noires l'ont abandonnée; bon appétit, selles normales, sommeil.

3 février. L'amélioration augmente de jour en jour, les idées prennent de la suite et de la netteté. La malade est gaie et commence à travailler.

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6 février. Plus d'idées tristes, mais la malade est obligée de se mettre au lit, à cause d'une grande tendance aux syncopes lorsqu'elle est levée; on donne des toniques et des ferrugineux.

10 février. La malade est bien, elle se lève et

travaille, mais est toujours un peu pâle; encore quelques traces des lochies.

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16 février. Elle cause, travaille et n'a plus de mauvaises idées; le vésicatoire de la cuisse est sec depuis quelques jours.

Sortie le 24 février, complétement guérie. (Communiquée par M. Baillarger.)

47e OBSERVATION.

Disposition mélancolique pendant les trois dernières semaines de la grossesse; délire mélancolique tranquille après l'accouchement; exacerbation de tous les symptômes au bout de six semaines; quatre mois de durée. Guérison.

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Houdiarme, femme Loquet, âgée de 24 ans, entre à la Salpêtrière dans le service de M. Baillarger (6 janvier 1856).

Cette femme a dans sa famille une cousine germaine qui a été aliénée, mais est restée guéric depuis cinq ans. Elle-même, depuis longtemps, est sujette à des maux d'estomac, à la diarrhée; elle s'est toujours soignée incomplétement, cependant elle a pris pendant quelque temps des préparations ferrugineuses.

Sa grossesse avait été assez heureuse, lorsqu'elle fut vivement impressionnée, trois semaines avant l'accouchement, par la mort d'une de ses voisines qui succomba à la suite de couches; depuis ce moment, elle pleurait sans motif presque chaque soir, et était en proie à la crainte de mourir, ou tout au moins de porter une bête dans son ventre.

Elle est accouchée heureusement le 25 novembre 1855.

Depuis lors elle dormait à peine, incessamment tourmentée par des idées tristes et par la peur de la mort. Elle n'était jamais à la conversation, tressaillait au moindre bruit, pouvait néanmoins sortir, mais disait qu'elle avait le sang arrêté, les nerfs retirés, qu'on la sciait en deux, et parlait sans cesse de ses sensations hypocondriaques.

Tel a été son état pendant six semaines; les lochies avaient coulé pendant un mois et la malade n'avait pas même essayé de nourrir; le traitement avait consisté en quelques purgatifs donnés pour arrêter la sécrétion du lait, une saignée et une application de sangsues faite huit jours après les couches.

Tous ces symptômes se sont exaspérés spontanément vers le 4 janvier; le 6, la malade est amenée à l'hôpital facies mélancolique; elle croit qu'on. l'amène à la Salpêtrière pour l'enterrer, pour la

tuer; elle refuse de manger, disant que les aliments sont empoisonnés. Pouls à 84; constipation.

Les règles sont arrivées la veille du jour de l'entrée, mais elles n'ont fait que marquer leur apparition a donc coïncidé avec l'exacerbation de tous les symptômes.

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7 janvier. On place un vésicatoire à la cuisse. 14 janvier. Un peu d'amélioration; la malade

a mangé hier avec son mari, qui est venu la voir, mais elle refuse du chocolat, disant qu'il est empoisonné. On veut, dit-elle, l'enterrer vivante. Pouls à 92.

17 janvier. Nuit très-calme, idées d'empoisonnement, mais elle mange néanmoins.

20 janvier.-Elle veut s'enfuir en répétant qu'on veut la tuer, l'enterrer vivante.

Le 30, le 31, même état. Le 2 février, elle demande du lait, du chocolat, mais on voit par ses réponses qu'il y a des hallucinations du goût.

Du calme vers la fin du mois ; l'amélioration continue.

15 mars. Changement notable dans son état; elle mange régulièrement, travaille et répond bien aux questions qu'on lui adresse.

19 mars. Santé physique très-bonne, mais la malade reste insouciante, et ne pense ni à son mari, ni à ses enfants; il faut la pousser pour qu'elle agisse.

25, 26 mars. Elle souffre dans les reins, dans la région hypogastrique, comme si elle allait avoir ses règles, et cependant, les jours suivants, les règles n'apparaissent pas. L'état mental s'améliore de jour ́en jour; il y a chez elle plus d'entrain, plus d'activité; elle s'intéresse davantage à ce qui se passe autour d'elle.

19 avril. Il ne reste plus de trace du délire, seu

lement il y a encore un peu de timidité exagérée.

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