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point que non-seule

Elle devenait hydrophobe pendant les quatre premiers mois de chacune de ses grossesses, dont le nombre fut de onze; aussitôt après la conception, elle ne buvait que très-peu petit à petit l'horreur des liquides augmentait, au ment l'infortunée s'abstenait de boisson ou de tout autre aliment liquide, mais qu'elle ne pouvait même supporter que d'autres bussent en sa présence..... Lorsque des motifs impérieux l'obligeaient à traverser une rivière, elle se bouchait les oreilles, couvrait ses yeux d'un bandeau et chargeait deux hommes de la conduire de force. M. Cazeaux (1) cite aussi deux cas de lésions isolées des sentiments affectifs : « J'ai vu, dit-il, une jeune dame primi<< pare, chez laquelle l'amour qu'elle avait aupara<< vant pour son mari avait fait place à une antipathie qu'elle avait beaucoup de peine à surmonter.-Une «< autre jeune femme, arrivée au cinquième mois, prit « tout à coup une telle aversion pour son apparte<< ment, qu'après avoir fait bien des tentatives infruc<< tueuses, et malgré tous les efforts de sa raison, on « fut obligé de la laisser à la campagne pendant le « cours de sa grossesse. »

Nous nous abstenons à dessein de parler ici des envies et des penchants irrésistibles des femmes enceintes, ainsi que de la responsabilité morale qui leur incombe dans les cas où un délit ou un crime

(1) Cazeaux, Traité des accouchements, loc. cit.

auraient été commis sous l'influence de ces penchants; nous traiterons plus tard ce sujet.

Tous les troubles que nous venons de décrire, lorsqu'ils se rencontrent chez des femmes qui n'ont aucun antécédent héréditaire fâcheux ou n'offrent par elles-mêmes aucune disposition à la folie, disparaissent, en général, à mesure que la grossesse avance. Van Swieten en a cité un exemple remarquable (1), et d'ailleurs c'est un point sur lequel Montgomery et Burns ont insisté et qui est vérifié par l'expérience de chaque jour. Je tiens de M. Danyau, qui a pu observer tant de faits de cette nature, que jamais il n'avait vu ces fâcheuses dispositions morales persister après l'accouchement; et nous-même, sur 79 malades atteintes de folie après l'accouchement ou pendant la lactation, nous n'en avons trouvé que 6 dont la grossesse ait été signalée par des troubles intellectuels nettement accusés. Deux d'entre elles présentaient une notable

(1) In alia muliere, satis robusta, mox a conceptu dolebat ventriculus et dorsum immaniter; fiebat meticulosissima, et cogebatur perpetuo decumbere; ructus et flatus fere perpetui; lassitudo corporis summa; sensus omnes erant torpidi, facies pallida, mortuæ fere similis. In miserrimo hoc statu manebat usque in quintum gravidatis mensem; tunc incepit vomere, vires redierunt, surgebat de lecto et reliquum gravidatis tempus satis commode absolvebatur. Sæpius peperit misera hæc mulier, sed semper easdem molestias ferre debuit, licet plures et periti medici omnem adhiberent operam, ut illi succurrerent. Tentata fuit venæ sectio, et alia plurima, sed incassum. (Van Swieten, Morbi gravidarum, § 1296.)

excitation après l'accouchement elles devinrent tout à fait maniaques; quatre autres, faibles, abattues et déprimées pendant toute la durée de la grossesse, furent atteintes de mélancolie peu après la délivrance.

Ces faits malheureux sont peu nombreux sans doute, et cependant il y aurait imprudence à traiter tout ceci avec trop de légèreté; chez les femmes prédisposées, cette période peut n'être que le prélude d'un accès de folie plus caractérisé, et en tout cas le médecin qui connaît la nature et la cause de cette perturbation morale, devra souvent intervenir pour rassurer une famille sur des sentiments inexplicables dont la cause pourrait être cherchée là où elle n'est pas; il évitera ainsi des inquiétudes, des tourments d'autant plus à craindre pour les malades que les vives émotions morales peuvent agir d'une manière fâcheuse sur un organisme devenu plus impressionnable, et entraîner avec elles des accidents bien plus sérieux.

Quelques troubles fonctionnels concomitants du côté du système circulatoire ou du tube digestif pourront fournir des indications au traitement médical. Burns n'hésite pas à conseiller la saignée contre ce malaise moral qu'il attribue à une congestion de la base du cerveau; on ne devra y recourir que si d'autres symptômes indiquent l'existence de cette pléthore séreuse qui se rencontre

chez les femmes enceintes, en tout cas on n'en usera qu'avec une grande réserve; plus souvent, d'après Montgomery, l'état nerveux est lié à des symptômes d'embarras gastrique et un purgatif fait justice de tous les accidents. Si ces moyens échouaient, il faudrait s'en tenir à quelques bains tièdes, à l'exercice, à une hygiène morale bien entendue, à l'expectation, en n'oubliant pas qu'il s'agit ici bien souvent d'un état purement sympathique, qui disparaît de lui-même au moment de l'accouchement, et ne comporte pas par lui-même l'emploi de remèdes énergiques.

Art. II. De la folie des femmes enceintes.

§ 1. Les troubles intellectuels peuvent s'élever chez la femme enceinte jusqu'à l'aliénation mentale confirmée; il n'est pas toujours facile de fixer les limites qui séparent de la folie les dispositions morales que nous venons d'étudier et qui toutes influent assez sur les déterminations des malades pour leur enlever une partie de leur liberté morale. Entre cette excitation involontaire qui donne aux facultés intellectuelles une activité anormale sans altérer en rien le raisonnement; entre cette tendance aux idées tristes, cette dépression qui porte autant sur l'intelligence et la sensibilité que sur la motilité, et la manie et la mélancolie dans leur expression la

plus complète et la plus élevée, il existe une foule de nuances intermédiaires, et c'est à la sagacité du médecin de distinguer les cas qui rentrent plus volontiers dans l'une ou l'autre catégorie ; seulement il est un point qui nous a frappé et qui peut, nous le croyons, guider le praticien dans son diagnostic : c'est que la tendance à la tristesse, et toutes les modifications du caractère et de l'intelligence qui se rencontrent au début de la grossesse, deviennent en général de moins en moins prononcées à mesure que le terme approche et surtout que l'on s'éloigne du troisième mois; or on observe exactement le contraire pour les faits d'aliénation mentale; à part les cas où la conception donne immédiatement le signal des troubles intellectuels, la folie ne débute guère qu'à partir du troisième mois, mais surtout vers le sixième ou le septième, et en général elle ne disparaît en aucune façon pendant la durée de la gestation.

§ 2. Parmi les causes de la folie des femmes enceintes nous devons noter l'hérédité, les accès antérieurs de folie, l'anémie, les émotions morales pénibles et prolongées, influences que nous étudierons plus loin et avec grand détail, et que nous ne faisons qu'indiquer ici en passant.

Dans tous les cas que j'ai observés par moi-même, le mode de développement offrait de grandes analogies la plupart des malades se trouvaient déjà,

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