Imagens das páginas
PDF
ePub
[ocr errors]

tombé dans la profusion des peintures; mais ce morceau parfaitement traduit par M. de Laharpe, est plein de poésie. Du reste, cette fête se termine d'une manière véritablement solennelle, par les hymnes du poëte lopas, chantant sur şa lyre les lois éternelles de la nature.

Ce premier livre marche rapidement; les discours y sont fréquens, mais nécessaires à l'exposition: la description de la tempête excitée par Éole, apaisée par Neptune, et les tableaux où Énée reconnoît la peinture des malheurs de Troie, l'Amour empruntant les traits d'Ascagne, et préparant, assis sur les genoux de Didon, la passion malheureuse dont bientôt elle sera la proie, sont, sans contredit, ce que le premier chant de l'Eneide offre de plus remarquable, soit pour l'invention, soit pour l'exécution.

1

DU LIVRE DEUXIÈME.

ÉNÉE fait à Didon le récit de la dernière journée de

Troie. Affoiblis par une longue guerre, et désespérant de pouvoir prendre la ville par la force, les Grecs ont recours à un stratagème: ils feignent de lever le siége, et de s'en retourner; mais ils se retirent seulement derrière l'ile de Ténédos. Ils avoient laissé dans leur camp un cheval de bois d'une grandeur monstrueuse, où ils avoient enferme les plus déterminés de leurs soldats. Le discours artificieux d'un Grec resté dans le camp séduit le peuple. Cet imposteur expose le prétendu motif pour lequel les Grecs ont construit le colosse : c'est, dit-il, une offrande qu'ils font à Pallas, pour apaiser cette déesse. Le sort de Laocoon, qui avoit lancé une javeline contre les flancs du cheval, et que deux serpens dévorent avec ses deux enfans, en présence de tout le peuple troyen, achève de persuader que ce cheval est un monument religieux. Pour le faire entrer dans leur ville, les Troyens abattent un pan de leurs murailles, de leurs murailles, et le placent

dans leur citadelle. Pendant la nuit, tandis qu'ils étoient ensevelis dans le sommeil, les Grecs partent de Ténédos, débarquent leurs troupes, et pénètrent dans la ville par la brèche que l'entrée du cheval avoit occasionnée. Sinon va ouvrir les flancs du cheval, et en fait sortir les guerriers qu'il receloit. Pendant que les Grecs mettent tout à feu et à sang duns la ville, Hector apparoít en songe à Énée ; il lui ap

prend que l'ennemi a pris la ville, et il l'exhorte à en sortir. Enée veut mourir les armes à la main; et, à la tête de quelques Troyens, il va attaquer les Grecs. Il remporte d'abord plusieurs avantages sur l'ennemi; mais ses compagnons, ayant pris les armes des Grecs qu'ils avoient tués, furent attaqués sous ce déguisement par les Troyens, et en méme temps par les Grecs, qui reconnurent leur feinte. Énée vole au secours de Priam assiégé dans son palais par Pyrrhus, qui massacre tout ce qui s'offre à son bras. Voyant ensuite qu'il n'y a plus aucune espérance, il se retire dans sa maison, pour sauver son père, sa femme et son fils. Ayant remis les statues de ses dieux entre les mains d'Anchise, il le charge sur ses épaules, et traverse la ville, se retirant sur le mont Ida. Les Grecs l'ayant poursuivi, il perd sa femme: s'apercevant de son absence, il retourne la chercher ; son ombre lui apparott, et lui dit que Cybèle la retient dans la Phrygie. Alors il va retrouver les compagnons de sa fuite, dont le nombre s'est augmenté.

LIBER SECUNDUS.

CONTICUERE omnes, intentique ora tenebant.
Inde toro pater Æneas sic orsus ab alto:

Infandum, regina, jubes renovare dolorem ; (1 Trojanas ut opes et lamentabile regnum Eruerint Danai; quæque ipse miserrima vidi, Et quorum pars magna fui. Quis, talia fando, Myrmidonum, Dolopumve, aut duri miles Ulyxei, Temperet a lacrymis? Et jam nox humida coelo Præcipitat, suadentque cadentia sidera somnos: Sed, si tantus amor casus cognoscere nostros, Et breviter Troja supremum audire laborem, Quamquam animus meminisse horret, luctuque refugit,

Incipiam. Fracti bello, fatisque repulsi,

Ductores Danaum, tot jam labentibus annis,

LIVRE DEUXIÈME.

On se tait, on attend dans un profond silence.

Alors, environné d'une assemblée immense,
De la couche élevée où siège le héros,

Il s'adresse à Didon, et commence en ces mots :

« Reine! de ce grand jour faut-il troubler les charmes, Et rouvrir à vos yeux la source de nos larmes; Vous raconter la nuit, l'épouvantable nuit Qui vit Pergame en cendre, et son règne détruit; Ces derniers coups du sort, ce triomphe du crime, Dont je fus le témoin, hélas! et la victime?.... O catastrophe horrible! ô souvenir affreux! Hélas! en écoutant ces récits douloureux, D'Ulysse, de Pyrrhus, auteurs de nos alarmes, Quel barbare soldat ne répandroit des larmes ?.... La nuit tombe; et déjà les célestes flambeaux, Penchant vers leur déclin, invitent au repos. Mais, si de nos malheurs vous exigez l'histoire, S'il faut en rappeler l'affligeante mémoire, Quoiqu'au seul souvenir de ces scènes d'horreur Mon cœur épouvanté recule de terreur,

R

J'obéis. Rebutés par dix ans de batailles,

Las de languir sans fruit au pied de nos murailles,

« AnteriorContinuar »