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Gens inimica mihi Tyrrhenum navigat æquor,
Ilium in Italiam portans, victosque Penates:
Incute vim ventis, submersasque obrue puppes,
Aut age diversas, et disjice corpora ponto.
Sunt mihi bis septem præstanti corpore nymphæ,
Quarum, quæ formâ pulcherrima, Deïopeam
Connubio jungam stabili, propriamque dicabo;
Omnes ut tecum meritis pro talibus annos
Exigat, et pulchrâ faciat te prole parentem.

Eolus hæc contrà : Tuus, o regina, quid optes Explorare labor; mihi jussa capessere fas est. Tu mihi quodcumque hoc regni, tu sceptra Jovemque Concilias; tu das epulis accumbere divûm, Nimborumque facis tempestatumque potentem.

Hæc ubi dicta, cavum conversâ cuspide montem
Impulit in latus: ac venti, velut agmine facto,
Quà data porta, ruunt, et terras turbine perflant.
Incubuere mari, totumque a sedibus imis

Unà Eurusque Notusque ruunt, creberque procellis
Africus; et vastos volvunt ad littora fluctus,
Insequitur clamorque virûm, stridorque rudentum.
Eripiunt subitò nubes coelumque diemque

Teucrorum ex oculis : ponto nox incubat atra.

Intonuere poli, et crebris micat ignibus æther:

>> Un peuple que je hais, et qui, malgré Junon,
>> Ose aux champs des Latins transporter Ilion,
>> Avec ses dieux vaincus fend les mers d'Étrurie:

>> Commandez à vos vents de servir ma furie;
Dispersez sur les mers ou noyez leurs vaisseaux,
» Et de leurs corps épars couvrez au loin les eaux.
>> Douze jeunes beautés ornent ma cour brillante;
» Déiope, la plus jeune et la plus séduisante,
»Unie à vos destins par les nœuds les plus doux,
Acquittera les soins que j'exige de vous;

»

» Et d'Éole à jamais la compagne fidèle

» Un jour lui donnera des enfans dignes d'elle. » « Reine, répond Éole, ordonnez, j'obéis:

» A la table des dieux par vous je suis assis;

» Par vous j'ai la faveur du souverain du monde,

» Et je commande en maître aux puissances de l'onde. » Il dit; et, du revers de son sceptre divin,

Du mont frappe les flancs : ils s'ouvrent, et soudain
En tourbillons bruyans l'essaim fougueux s'élance,
Trouble l'air, sur les eaux fond avec violence;
Le rapide Zéphyre, et les fiers Aquilons,
Et les vents de l'Afrique en naufrages féconds,
Tous bouleversent l'onde, et des mers turbulentes
Roulent les vastes flots sur leurs rives tremblantes.
On entend des nochers les tristes hurlemens,
Et des câbles froissés les affreux sifflemens;
Sur la face des eaux s'étend la nuit profonde;
Le jour fuit, l'éclair brille, et le tonnerre gronde;

Præsentemque viris intentant omnia mortem.
Extemplò Æneæ solvuntur frigore membra :
Ingemit, et, duplices tendens ad sidera palmas,
Talia voce refert: O terque quaterque beati
Queis ante ora patrum, Trojæ sub moenibus altis,
Contigit oppetere! O Danaûm fortissime gentis
Tydide, mene Iliacis occumbere campis

Non potuisse, tuâque animam hanc effundere dextrâ,
Sævus ubi Æacidæ telo jacet Hector, ubi ingens
Sarpedon, ubi tot Simoïs correpta sub undis
Scuta virûm galeasque et fortia corpora volvit !
Talia jactanti stridens aquilone procella
Velum adversa ferit, fluctusque ad sidera tollit.
Franguntur remi: tum prora avertit, et undis
Dat latus; insequitur cumulo præruptus aquæ mons.
Hi summo in fluctu pendent; his unda dehiscens
Terram inter fluctus aperit: furit æstus arenis.
Tres Notus abreptas in saxa latentia torquet :
Saxa vocant Itali mediis in fluctibus aras,

quæ

Dorsum immane mari summo. Tres Eurus ab alto

In brevia et syrtes urget, miserabile visu!

Illiditque vadis, atque aggere cingit arena.

Et la terre et le ciel, et la foudre et les flots,
Tout présente la mort aux pâles matelots.

Énée, à cet aspect, frissonne d'épouvante.
Levant au ciel ses yeux et sa voix suppliante:

<< Heureux, trois fois heureux, ô vous qui, sous nos tours, » Aux yeux de vos parens terminâtes vos jours! » O des Grecs le plus brave et le plus formidable, » Fils de Tydée, hélas! sous ton bras redoutable, » Dans les champs d'Ilion, les armes à la main,

Que n'ai-je pu finir mon matheureux destin;

» Dans ces champs où d'Achille Hector devint la proie,
» Où le grand Sarpédon périt aux yeux de Troie,
» Où le Xanthe effrayé roule encor dans ses flots

>> Les casques et les dards, et les corps des héros! »
Il dit. L'orage affreux qu'anime encor Borée
Siffle et frappe la voile à grand bruit déchirée;
Les rames en éclats échappent au rameur;
Le vaisseau tourne au gré des vagues en fureur,
Et présente le flanc au flot qui le tourmente.
Soudain, amoncelée en montagne écumante,
L'onde bondit : les uns sur la cime des flots
Demeurent suspendus; d'autres au fond des eaux
Roulent, épouvantés de découvrir la terre:
Aux sables bouillonnans l'onde livre la guerre.
Par le fougueux Autan rapidement poussés,
Contre de vastes rocs trois vaisseaux sont lancés ;
Trois autres, par l'Eurus, ô spectacle effroyable!
Sont jetés, enfoncés, enchaînés dans le sable.

Unam, quæ Lycios fidumque vehebat Orontem,
Ipsius ante oculos ingens a vertice pontus
In puppim ferit; excutitur, pronusque magister
Volvitur in caput; ast illam ter fluctus ibidem
Torquet agens circùm, et rapidus vorat æquore vortex.
Apparent rari nantes in gurgite vasto :

Arma virûm, tabulæque, et Troïa gaza per undas.
Jam validam Ilionei navem, jam fortis Achatæ,
Et quâ vectus Abas, et quâ grandævus Aletes,
Vicit hiems: laxis laterum compagibus omnes
Accipiunt inimicum imbrem, rimisque fatiscunt,

Interea magno misceri murmure pontum, (14
Emissamque hiemem sensit Neptunus, et imis
Stagna refusa vadis, graviter commotus; et alto
Prospiciens, summâ placidum caput extulit undâ.
Disjectam Æneæ toto videt æquore classem,
Fluctibus oppressos Troas coelique ruinâ.

Nec latuere doli fratrem Junonis et iræ.

Eurum ad se Zephyrumque vocat, dehinc talia fatur: Tantane vos generis tenuit fiducia vestri?

Jam coelum terramque meo sine numine, venti,
Miscere, et tantas audetis tollere moles?

Quos ego..... Sed motos præstat componere fluctus.

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