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que nous sollicitons, avec M. Johanneau, l'indulgence du lecteur.

« Un usage singulier et extraordinaire que j'ai appris, dit-il, dans les voyages que j'ai faits, il y a environ un an, pour la recherche des antiquités celtiques et druidiques, dans l'intérieur de la France, vient confirmer l'étymologie et l'origine que je donne des noms de daougan et de cocu. Dix à douze personnes de Cléry, près d'Orléans, réunies pour me donner des renseignements, m'ont assuré que d'après un usage ancien, dans la commune rurale de la même ville, le soir ou le lendemain des noces, je ne me rappelle pas lequel des deux, les père et mère des époux, après les avoir conduits dans la chambre nuptiale et fermé la porte sur eux, fa'saient asseoir le nouveau marié le derrière dans un bassin plein d'eau, lui faisaient chanter trois fois le chant du coq, cocorikė, faisaient mettre la mariée à genoux devant lui et lui faisaient répondre trois fois, cocodè, qui est le chant de la poule après qu'elle a Fondu. Cet usage, presque incroyable, est cependant dans l'esprit de l'ancienne religion druidique; car il me paraît une suite du culte du coq et de la poule des Gaulois, considérés comme le symbole, l'un de la puissance virile, l'autre de la fécondité de la femme, et tous les deux comme une image de ce qui se passe dans l'union conjugale. Il est en outre en rapport avec le nom latin galli des Gaulois, et confirme ce que j'ai avancé ailleurs, que ce nom ne signifie que les coqs dont nous révérons encore le symbole dans la cocarde en forme de crête de coq, et dans les coqs au-dessus de nos clochers pyramidaux 1. »

LE SAHARA. Le Sahara est une vaste contrée plate, dont la majeure partie est sablonneuse, improductive et

1 Cahier VIII.

inhabitée. Quant à son étymologie, voici ce qu'en disent les lettrés (t'olba) :

« On appelle Sehaur ce moment presque insaisissable qui précède le point du jour (fedger), et pendant lequel nous pouvons encore, en temps de jeûne, manger, boire, fumer. L'abstinence la plus rigoureuse doit commencer, dès qu'on peut distinguer un fil blanc d'un fil noir.

Le sehaur est donc une nuance entre la nuit et le point du jour qu'il nous est important de saisir, de préciser, et sur laquelle a dû se porter l'attention de nos marabouts. Un d'entre eux, Ben el Djirami, en partant de ce principe que le sehaur est plus facilement et plutôt appréciable pour les habitants des plaines, dont rien ne borne l'horizon, que pour les habitants des montagnes, enveloppés qu'ils sont dans les plis du terrain, en a conclu que du nom dù phénomène on avait formé celui du pays où il était le plus particulièrement apparent, et qu'on l'avait nommé Sahara, le pays du sehaur. »

L'auteur du Sahara algérien, à qui nous empruntons cette étymologie, fait remarquer avec raison que, quoique l'orthographe ne soit point la même, puisque l'un des deux mots commence par un Ç (s'ád) et l'autre par un S (sin), et que par conséquent cette explication ne soit pas d'une grande sévérité grammaticale, elle ne laisse pas d'être fort ingénieuse. Elle semble d'ailleurs confirmée par l'étymologie du Tell. L'opinion la plus accréditée est que le mot tell vient de tellus, terre cultivable; mais Ben el Djirami n'est pas de cet avis. A l'entendre, tell vient de tali, dernier, et signifie la contrée qui est en arrière du Sahara, et où le sehaur ne paraît qu'en dernier. Enta tellia ou sah'araoui ? Es-tu des gens du Tell ou des gens du Sahara (de la terre cultivable ou du désert), signifie selon lui Es-tu des premiers ou des derniers à voir le sehaur ?

:

Cette même interprétation est donnée dans un ouvrage de Fekheur el R'àsi, qui ajoute que tali el tell, le dernier après le dernier, veut dire la mer, à cause de sa position en arrière du Tell 1.

BAL. Ce monosyllabe est celtique; c'est un mot primitif qui désignait le soleil, et par conséquent : 1o Tout ce qui est beau et brillant, comme le soleil; 20 Tout ce qui est élevé, comme lui; 30 Tout ce qui est rond. Sous chacun de ces points de vue, ce mot est devenu la source d'une multitude de familles dans la langue française, en se prononçant, suivant les peuples, bal, bel, bol, et avec l'élision de la voyelle: bla, ble, blo. De là, il résulta dix branches dérivées de cette seule racine, d'où résultent une vingtaine de divisions: 1o les noms de quelques plantes et animaux; 20 bel, désignant la beauté; 50 bal, devenu bla, nom de diverses couleurs, des mots blanc, bleu, blond, etc.; 4o bail, nom relatif à la puissance, à la conservation et à la perfection; 5o bal, relatif à l'élévation, d'où balcon, balustrade; 60 bal, relatif à l'action physique de s'élever en s'élançant, d'où bal, ballet, ballade, baladoire, baliste; 7° bal, désignant la grosseur, d'où baleine, bloc; 8°, etc. 2.

CAILLETTE. On donne ce nom, qui est celui du fou de Louis XII et de François Ier, comme l'étymologie de caillette, femme bavarde; mais ce mot est plutôt celtique. Dans cette langue, Caillach signifie femme *.

1 Voyez le Sahara algérien, études géographiques, statistiques et historiques sur la région au sud des établissements français en Algérie, ouvrage rédigé sur les documents recueillis par les soins de M. le lieutenant-colonel Daumas, directeur central des affaires arabes à Alger, et publié avec l'autorisation du ministre de la guerre. Paris, 1848, in-8.

2 Court de Gebelin, Monde primitif.

3 Voyez une note de La jolie fille de Perth, de Walter Scott.

HOMME DE PAILLE. Cette expression ne viendrait-elle pas du mannequin que l'on brûlait quand le condamné était en fuite ?

MINISTRE, Synonyme de pasteur. On I't dans Lamonnoye que Rabinot, l'un des premiers disciples de Calvin, donnait ses leçons dans une salle nommée la ministrerie, et que de là on l'appelait monsieur le ministre. Cet auteur ajoute que ce fut ce qui donna à Calvin l'idée de nommer ministres les pasteurs de son église.

PÉQUIN. Ce nom était donné par les allemands aux Albigeois; n'est-ce pas parce qu'ils les considéraient comme païens, de paganus? Il vient bien plutôt des mauvais soldats-picquiers qu'on appelait picquini ou pekeni et dont parle Du Cange.

RODOMONT. Le comte de Bojardo cherchait, pour un personnage de son poëme l'Orlando innamorato, un nom conforme au caractère qu'il voulait lui donner. Celui de Rodomont se présenta à lui pendant une chasse, et lui sembla si heureux qu'il en conçut une joie excessive. De retour chez lui, il fit sonner, en signe de réjouissance, toutes les cloches du village1.

TESTAMENT. - L'étymologie de testamentum, testatio mentis, donnée par Justinien, est spirituellement reprise par Vinnius qui s'écrie: « Imbécile! et excrementum vient-il de excretio mentis ?

TINTAMARRE. - On trouve dans les vieilles chartes du Berry, que Jean, fondateur de la chapelle de Bourges, rencontra un jour un grand nombre de vignerons dans un état si misérable qu'il en eut pitié et les interrogea amicalement. Il apprit d'eux qu'on les faisait travailler jusqu'à 15 et 16 heures par jour. Il ordonna qu'ils n'eus

4 V. La Monnoye, Glossaire à la suite des Noëls Bourguignons.

sent à se rendre au travail qu'à six heures du matin, et qu'ils pussent s'en revenir à six heures du soir. Pour que cette promesse ne fût pas illusoire, le duc enjoignit à ceux qui étaient le plus près de la ville, et qui, par conséquent, entendaient les premiers sonner l'heure, d'en prévenir leurs voisins qui devaient l'annoncer aux plus éloignés. « Tellement, dit l'auteur de ce récit, qu'en toute la contrée s'entendait une grande huée et clameur, par laquelle chacun était finalement averti qu'il fallait faire retraite en sa maison. » Tous donnaient cet avertissement en tintant avec une pierre dessus leur mare (nom d'un instrument de labour), d'où il serait possible que depuis on eût appelé tintamarre, en général, tout ce qui rappelait un bruit de ce genre 1.

DES NOMS PROPRES. le nom de leurs maris.

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Les Espagnoles ne prennent pas

Les Indiens américains portent pour la plupart le nom de quelque animal, comme le serpent bleu, le petit dindon, le gros ours, etc.; et leurs signatures dans les actes relatifs à des cessions de terres, etc., consistent dans la représentation, figurée à la plume, des animaux dont ils portent les noms.

En Angleterre, ce serait commettre une inconvenance que d'appeler une demoiselle miss, sans y joindre son nom de famille ou son prénom. Jusqu'au XVIIIe siècle chez nous, les bourgeoises mariées étaient appelées mademoiselle.

-La plupart des villes, dans l'antiquité, avaient deux noms, dont l'un était tenu secret et n'était confié qu'à très-peu de personnes, et l'on n'osait pas le proférer en public; car c'était alors une superstition universellement

1 Pasquier, Recherches de la France.

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