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il se donne comme l'organe de plusieurs autres grammairiens, que la beauté appartenant par excellence au genre féminin, et rien n'étant aussi beau dans la nature que le soleil, il avait bien fallu le faire féminin? L'historien Egenoff émet, quant à lui, une opinion moins galante mais aussi remarquable. « Le soleil, dit-il, ne doit pas être classé au nombre des mâles, parce qu'il ne produit rien par lui-même; il faut qu'on lui confie des germes qu'il couve seulement et fait éclore par sa chaleur, comme fait la poule de ses œufs. Encore une fois, nous acceptons tous ces systèmes; mais ce que nous comprenons plus difficilement, c'est que certains peuples qui regardaient le soleil comme un dieu et la lune comme une déesse, aient attribué le genre féminin au soleil et le genre masculin à la lune. Ainsi, l'ancien idiome islandico-norwégien, dans lequel est traduit l'Edda, fait le soleil féminin et la lune masculine, et néanmoins le soleil, dans ce célèbre monument de la mythologie du Nord, est constamment nommé Kirleitt gvd, Dieu à la belle face, et Scinanda gvd, Dieu éclatant ; mais il n'y est jamais nommé Gydia, déesse. Constamment aussi la lune est appelée mans, man ou men, étymologie du mot allemand mond, et man, en islandiconorwégien, voulait dire femme et fille.

Le cas était assez embarrassant pour tenter les érudits; voici l'explication qui fut proposée à la société des antiquaires 2:

Il faut d'abord observer que, dans tous les monuments celtes ou germains, on ne voit jamais le soleil personnifié sous la figure d'une femme, mais bien sous celle d'un jeune homme... Ces peuples du Nord ont souvent adoré

Voyez le Grimins-mal, partie de l'Edda sæmundina.

2 Recherches sur la dénomination allemande du soleil et de la lune, par P. R. Auguis.

leur grand législateur Odin sous les traits du soleil, et les ont souvent confondus; mais quant à la lune, on la voit quelquefois sous l'emblème d'une jeune fille, et le plus souvent sous celui d'un homme qui soutient de ses deux mains un disque sur lequel est dessiné de profil un visage humain exprimant la lune croissante.

>> Il est donc raisonnable de croire que les premiers habitants de la Germanie, dans les temps les plus reculés, ont regardé le soleil comme un dieu et la lune comme une déesse... Mais d'où viennent ces emblèmes mâles de la lune? Il est évident que c'est à quoi nous devons nous arrêter : cet homme, qui représente la lune, a quelquefois des cornes sur la tête, comme Corunus; quelquefois un croissant qui est derrière lui, et dont les pointes dépassent sur ses épaules, et il est assez constamment vêtu d'une tunique courte et d'un bonnet particulier. Plusieurs des monuments où il se trouve portent la double inscription de men et de lunus. Ceci est un trait de lumière.

» J'ai déjà dit que men appartenait aux languès du Nord. Sans doute c'est la racine celtique; mais lunus appartient sans contredit à une langue orientale, qui est la langue phrygienne. On trouve ce dieu lunus, tel que je viens de le dépeindre, sur quantité d'anciennes monnaies phrygiennes... Ouvrons Spartien (Vie de Caracalla), et nous ne douterons plus que la lune n'ait été révérée comme un dieu mâle par les Phrygiens. Il en donne même une raison assez plaisante. « C'était chez ces peuples, dit-il, une ancienne croyance, qu'en adorant la lune comme déesse, on deviendrait tout à fait soumis à sa femme, ce qu'on appelle aujourd'hui en Allemagne être sous la pantoufle; et qu'au contraire, en l'implorant comme dieu, on conserverait sans doute l'empire marital...

>> Tout cela une fois admis, il est facile de voir comment

les noms de men et de lunus ont dû être attribués à la même divinité. Les Asiatiques, apportant avec eux l'idée d'un dieu, et non d'une déesse, pour présider à la lune, ont bien pu prendre le nom de men, qu'ils ont trouvé dans le pays, mais ont conservé l'idée première du sexe masculin de lunus, qu'ils ont attribué à men, et qui a passé dans la suite à mond, qui en dérive. Cela me paraît assez plausible la lune était un dieu dans la Phrygie; des Phrygiens peuplent l'Allemagne et y font un dieu de la lune.

:

» Mais d'où vient que le soleil se trouve féminin? Par la même raison que j'ai rapportée dès le commencement. Partout où nous voyons un couple, nous supposons volontiers l'homme et la femme; et si l'on commence par supposer la lune mâle, il s'ensuivra naturellement que le soleil deviendra femelle. >>

successeurs.

-Sémiramis, après avoir fait la conquête du pays, fonda la ville de Van, qu'elle appela de son nom Sémiramidocerte, et elle y écrivit sur la pierre son histoire et celle de ses Ces témoignages de sa puissance, tracés en caractères cunéïformes sur l'immense rocher qui s'étend derrière la ville et d'où s'élevait la citadelle, sont les seuls qui nous soient parvenus.

:

<< Tout le rocher, dit M. P. de G. dans une lettre datée de Mossoul, 24 décembre 1844, et dont un fragment fut inséré dans la Revue britannique 1, tout le rocher est couvert de ces inscriptions cunéïformes il y en a une qui pourrait faire plusieurs volumes à elle seule, car cette page de pierre n'a pas moins d'une demi-lieue de long, s'élevant à pic tout le long de la ville qu'elle protège contre les vents. Une de ces inscriptions est suspendue à plus

1 Mars 1845. V. aussi Curiosités des arts et de l'archéologie.

de trois cents pieds de terre, et il y en a au moins deux cents à pic au-dessus : il est impossible d'y arriver; on ne peut les copier qu'à la longue vue. On arrive aux autres par des escaliers taillés dans le roc, mais sans aucun appui du côté vide; marches usées, inégales, où la pierre a éclaté, et qu'il faut descendre avec précaution pour ne pas faire un saut de deux cents pieds. Le rocher contient une espèce de palais souterrain, des pièces immenses creusées avec une patience et un art admirables, car la pierre est des plus dures. Ces magnifiques salles ont dû contenir des tombeaux des rois assyriens; on y a découvert des restes d'urnes et d'ossements. Les sépultures furent pillées par les soldats de Gengis-Khan. La plus grande salle peut avoir trente pieds de haut et soixante de long, tout cela taillé dans le roc; il y a un nombre infini de petites salles et quatre autres grandes salles. >>

« Le seul historien arménien qui existe, Moïse de Khoresme, a écrit que ce rocher était un ouvrage de Sémiramis, et composé d'énormes pierres rapportées. Le docteur français Schultz est le premier qui ait copié les inscriptions de Van; mais son travail est plein d'inexactitudes. >

4 Comme s'il était possible d'improviser un rocher d'une demilieue ou d'en bâtir un sans qu'on vit les jointures: Moïse de Khoresme avait écrit sans voir.

GEOGRAPHIE. CARTES. La véritable géographie ne diffère de l'histoire que parce que l'une se règle sur le temps et l'autre sur l'espace. La Géographie n'est au fond qu'une histoire qui s'arrête pour considérer le présent. (Malte-Brun.)

1

Ortelius, né à Anvers en 1527, est l'auteur du premier atlas géographique du monde connu. Cet ouvrage, qui a servi de base à tous les travaux géographiques entrepris depuis, valut à son auteur le surnom de Ptolémée moderne. Il parut à Anvers en 1570, dans le format infolio et sous le titre de Theatrum orbis terrarum, et a été souvent réimprimé et traduit. On lui doit aussi le premier dictionnaire de géographie ancienne, qui mérite ce nom, à savoir, le Thesaurus geographicus. Son Parergon est en quelque sorte l'atlas du Thesaurus geographicus.

Giraud le Gallois, mieux connu sous son nom latin de Giraldus Cambrensis, s'exprime avec franchise sur les moines dans son Itinerarium Cambriæ. Aussi dans les diverses copies qu'ils en ont fait faire, ont-ils eu soin de supprimer tout ce qui n'était pas honorable pour l'ordre auquel ils appartenaient. Mais comme ils se sont bien gardés de rien retrancher de ce qu'il pouvait contenir d'offensant pour les autres ordres, la postérité n'a rien perdu, et on a pu, en comparant leurs manuscrits, rétablir le texte dans son entier.

C'est dans cet ouvrage qu'on voit qu'au douzième 4 Livre second, chapitre 3.

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