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ETHNOLOGIE.

ETHNOLOGIE.

La science de l'ethnologie ne date que du commencement du dix-neuvième siècle. Son nom, qui est composé de deux mots grecs, Evo, nation, et oyog, discours, signifie donc, à propreinent parler, traité sur les peuples, et son objet est de constater les similitudes et les dissemblances qui existent entre les diverses races.

La première idée qui s'est offerte à l'esprit des classificateurs a été de diviser l'humanité en deux races, la blanche et la noire. D'autres sont venus, qui y ont ajouté la jaune; d'autres encore qui en ont voulu quatre, pour correspondre aux quatre grands continents. Mais comme aujourd'hui le monde a été définitivement coupé en cinq parties, Blumenbach 1 n'a probablement cru pouvoir faire autrement que de partager aussi l'espèce humaine en cinq races, à savoir :

La race caucasienne ou blanche;

A De l'unité du genre humain et de ses variétés.

La race mongole ou jaune;

La race nègre;

La race américaine, qui tient de la caucasienne et de la mongole;

Et la race malaise, qui tient des races nègre et caucasienne.

Mais ce dernier système a soulevé de vives objections, car il s'accommode mal avec la tradition biblique qui veut que ce soient les fils de Noé qui aient repeuplé la terre. Or, comme chacun sait, ils étaient trois et non pas cinq.

Ce qui fera triompher la division en trois races,» dit l'auteur d'un article qui a paru sur cette matière dans le Magasin pittoresque1, « c'est que, étant trinaire, elle correspond au triple aspect sous lequel peut être envisagée la nature des peuples, aussi bien que celle des individus. » A ce point de vue, la question s'élève et sort des langes du naturaliste. Ce ne sont plus seulement des Caucasiens, des Nègres et des Mongols, c'est-à-dire, en dernière analyse, des blancs, des noirs et des jaunes, qu'il faut voir dans la famille des hommes; ce sont trois grandes fractions de peuples, qui paraissent avoir chacune des facultés prédominantes et jouer un rôle particulier dans le drame général de la vie humaine.

>> Ces trois classes de nations, ces trois races, reçoivent maintenant (de Sem, Cham et Japhet) les noms de Sémites, de Hamites et de Japhétiques; dènomination qui sera peut-être remplacée elle-même par une autre, mais qui, dans tous les cas, est infiniment supérieure à celle de Caucasiens, de Nègrès et de Mongols, toute physique et incomplète. Cependant il s'en faut qu'à cette heure l'ethnologie soit en

1 Tom. VIII, 146-148.

mesure de dire de toutes les nations: celle-ci est de race sémite, celle-là de race hamite, cette autre de race japhétique. On est d'accord sur quelques points généraux; mais il reste encore beaucoup de ténèbres à dissiper, surtout pour les temps anciens.

» Ce qu'on peut dire, c'est que, dans l'état actuel de la science, les Sémites représentent cette race d'hommes au teint basané, aux mœurs mercantiles, mais poétiques et religieuses, qui se sont fixés dans l'Arabie, la Syrie, la Judée, la Phénicie, l'Assyrie et la Chaldée. Les Hamites sont des peuples de couleur noire, mais sur le degré de civilisation et sur les émigrations desquels il règne une grande obscurité. Quant à la race japhétique, on la compose de toutes les nations dont la langue dérive du sanscrit; en sorte que ce groupe, à la fois le plus nombreux et le mieux connu, comprend, parmi les peuples de l'antiquité, les Hindous, les Perses, les Grecs, les Romains, les Gaulois, et, en général, toutes les familles celtes, germaines et slaves. Pour l'époque moderne, les peuples dont l'idiome a ses racines, soit dans le grec, soit dans le latin, comme les Français, les Italiens, les Espagnols (sauf l'élément ibérique), doivent être considérés, avec les Anglais, les Allemands, les Russes, les Polonais et tous les Slaves, comme faisant partie de la race japhétique que les érudits allemands appellent indo-germanique, et que plusieurs ethnologues français proposent de nommer indoeuropéenne, pour mieux faire sentir ce qu'elle a de général. Quelle que soit la qualification qu'on préfère, le groupe des peuples japhétiques se distingue par une intelligence très-développée, qui le rend apte aux décou vertes scientifiques, et par un caractère entreprenant que rien ne fait reculer, audax lapeti genus, la race audacieuse de Japhet. Ses rangs se grossissent chaque jour de

l'on retrouve des affinités

nouvelles recrues, à mesure que entre le sanscrit et des langues que l'on ne soupçonnait pas jusqu'à ce jour avoir de parenté avec l'Inde. Bientôt elle formera un ensemble si considérable, qu'il faudra la soumettre elle-même à une nouvelle division. >>

Si nous avons fait cette citation, ce n'est pas que nous partagions toutes les idées de l'auteur anonyme de cet article. Nous ne nous sentons pas, quant à nous, la vive répugnance que lui inspire la division fondée sur la différence des couleurs.

Bernardin de Saint-Pierre a dit, dans ses Etudes de la nature, que les couleurs des animaux indiquaient, peutêtre plus qu'on ne pensait, leurs caractères, et que la couleur pourrait bien devenir le germe de toute une science 1. Les fameuses Analogies de Fourier partent du même principe. Enfin M. Da Gama Machado, le piquant auteur de la Théorie des ressemblances, a posé cet axiome: « La couleur est le vrai pilote de la nature, pour donner la connaissance de la valeur de ses productions, dans les trois règnes, animal, végétal et minéral.

Sans vouloir nous rendre solidaire de ces trois opinions, nous avons bien de la peine à penser que si la division en trois races triomphe, ce sera parce qu'étant trinaire, elle correspond au triple aspect sous lequel peut être envisagée la nature des peuples aussi bien que celle des individus. Dussions-nous être atteint et convaincu de natura

1 On a déjà remarqué que tout animal revêt la couleur dominante répandue aux lieux qu'il habite : le renard, le lièvre, les écureuils, les vautours deviennent blancs, par exemple, dans les contrées neigeuses, les oiseaux granivores ont une couleur terreuse; la nuance de la caille, de la perdrix grise, de l'alouette cochevis, des farlouses se confond avec celle de la poussière; au désert la robe du reptile varie suivant la nature du sol.

lisme, ce n'est pas par ce motif qu'elle triomphera dans notre esprit. Nous aimerions presque autant croire avec les dévots partisans que l'esclavage a conservés en Amérique, que si les nègres sont esclaves, c'est à cause de la malédiction qui pèse sur leur ancêtre Cham, et admettre avec eux que ce serait par conséquent aller contre les vues du Seigneur, et commettre un sacrilége abominable que de vouloir supprimer l'esclavage.

ANTHROPOLOGIE. - Le but de cette science est la détermination des caractères anatomiques qui distinguent les races les unes des autres. Elle recherche les causes de leurs modifications, soit dans leurs croisements, soit dans leurs filiations, soit enfin dans l'influence que les agents extérieurs exercent sur l'organisation humaine, à mesure de la dissémination de l'homme sur la surface du globe. Mais l'intérêt dominant de l'anthropologie est de décider, par des procédés scientifiques, si l'humanité tout entière constitue une seule et même espèce; si, comme le dit la Genèse, tous les hommes sont sortis des flancs d'une première femme.

<< Les races humaines, dit Jean de Muller dans sa Physiologie de l'homme, sont les formes diverses d'une espèce unique qui s'accouplent en restant fécondes, et se perpétuent par la génération. Ce ne sont point les espèces d'un genre, car si elles l'étaient, en se croisant elles resteraient stériles. Mais de savoir si les races d'hommes existantes descendent d'un ou de plusieurs hommes primitifs, c'est ce qu'on ne saurait découvrir par l'expérience. >

Guillaume de Humboldt n'admet pas plus que Jean de Muller l'existence primitive d'un couple unique. «Nous ne connaissons, dit-il, ni historiquement, ni par aucune tradition certaine, un moment où l'espèce humaine n'ait pas été séparée en groupes de peuples... Des légendes iso

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