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arbitraires, n'ayant aucune signification apparente, mais dont on pût se souvenir, et qui fussent bien distincts les uns des autres.

Ces signes furent d'abord extrêmement nombreux et au moment où il commença à croire à la réussite de son projet, il y avait environ 200 caractères dans son alphabet. A l'aide de sa fille, qui semblait comprendre parfaitement son idée, il parvint à les réduire à 86, nombre employé maintenant. Il travailla ensuite à rendre ces caractères plus agréables à l'œil, et réussit. Comme il ne savait pas encore qu'on pût se servir d'une plume, il grava ces caractères sur un morceau d'écorce avec un couteau.

Bientôt après, il chargea un agent indien ou un commerçant de sa nation de lui rapporter du papier et des plumes. Quant à l'encre, il en fit avec l'écorce de quelques arbres dont il connaissait la propriété colorante.

Restait la difficulté de faire connaître son invention. Il se décida enfin à convoquer les hommes les plus remarquables de sa nation, afin de la leur communiquer. Après leur avoir donné de son mieux l'explication de sa découverte et l'avoir dépouillée de toute apparence surnaturelle, il voulut leur démontrer clairement ce qu'il avait imaginé. Sa fille, qui était sa seule élève, s'éloigna jusqu'à ce qu'elle fût hors de la portée de sa voix. Su-Quah-Yah demanda à l'un de ses amis de lui dire un mot ou une pensée qu'il écrivit, et lorsque la jeune fille revint, elle lut les mots tracés en son absence. Le père se retira ensuite, et la fille écrivit. Les Indiens furent très-étonnés et parfaitement satisfaits.

Su-Quah-Yah proposa alors à la tribu de lui confier plusieurs jeunes gens parmi les plus intelligents, afin qu'il pût leur faire part de sa science. Cet offre fut acceptée. Plusieurs des jeunes gens mis sous la direction de

Su-Qual-Yah répondirent parfaitement aux enseignements de leur maître; séparés les uns des autres, ils purent se comprendre par écrit. Su-Quah--Yah trouva aussi les nombres. Il fut nommé chef de la tribu. Ce fut alors que le gouvernement des Etats-Unis fit graver les caractères pour cet alphabet, et publier le Phénix Iroquois.

LANGUES ANCIENNES.

DES LANGUES ANCIENNES CHEZ LES MODERNES.

Schic

kard est l'auteur d'une Méthode pour apprendre l'hébreu en vingt-quatre heures (1625). Cet opuscule fit la réputation de l'auteur, et fut imprimé plus de quarante fois. Si ce projet d'enseigner l'hébreu en vingt-quatre heures semble un paradoxe, il faut considérer qu'il s'agit de vingt-quatre leçons d'une heure, à un ou plusieurs jours de distance, pendant lesquels les étudiants, au nombre de six au moins, charges chacun de donner spécialement leur attention à une partie du discours différente, se contrôlent l'un l'autre, absolument comme dans l'enseigne ment mutuel.

Un des hébraïsants les plus distingués de l'Allemagne a essayé de nos jours une méthode à peu près semblable dans une courte grammaire hébraïque-allemande, intituJée: Kunst, etc. Art d'apprendre à lire et à comprendre l'hébreu en quatre semaines 1.

Par Ch. Ang. Leb. Kaestner, Leipsig, 1810.

On a de Van Helmont, le fils, un livre intitulé: Alphabeti verè naturalis hebraici brevissima delineatio 1, dans lequel il cherche à prouver que l'hébreu est une langue si naturelle aux hommes, que les caractères en sont comme nés avec eux, puisque l'alphabet hébreu n'est, selon lui, que la représentation de la position des organes vocaux nécessaire pour le prononcer. Il prétend pouvoir ainsi faire parler les sourds-muets.

L'étude du grec, dont la vulgarisation dans le reste de l'Europe avait commencé vers 1453, ne se développa en Suède que vers le milieu du xvire siècle. L'un des premiers monuments de l'enfance de cette étude est le discours d'Isocrate à Démonique, Stockholm 1686, publié par Erici.

Voss voulant représenter l'æ par 7, et écrivant hæ, bæ, hæræ, au lieu de Haba, Hapa, Lichtenberg publia sa satire: De la prononciation des moutons de l'ancienne Grèce, comparée à celle de leurs nouveaux frères des bords de l'Elbe, avec cette épigraphe parodiée :

To bæh or not to bæh, that is the question.

Malgré la vulgarisation dont nous parlions tout à l'heure, le grec eut à subir de vives attaques dans les pays même où il fut le mieux accueilli. Conrad d'Heresbasch, le même qui publia l'Apologie des lettres grecques, rapporte qu'il entendit un moine s'écrier en chaire : « On a trouvé une nouvelle langue que l'on appelle grecque; il faut s'en garantir avec soin; car cette langue enfante toutes les hérésies; quant à la langue hébraïque, tous ceux qui l'apprennent deviennent Juifs aussitôt. »

Un savant allemand du XVIe siècle, Franck, a publié

1 Salzbach, 1667, in-12

un ouvrage1, dans lequel il essaye de prouver que l'Allemagne est le pays de l'Europe le plus anciennement peuplé, et que, par conséquent, c'est dans la langue de ses habitants qu'on doit trouver l'origine de la langue latine 2. Il cherche ensuite à justifier ce système par une nomenclature assez étendue de mots latins et allemands qui ont la même signification dans les deux langues; mais il lui resterait à démontrer que les Latins ont reçu ces mots des Allemands, au lieu de les leur donner.

Les Osservazioni critiche intorno la moderna lingua latina del signor Paolo Zambaldi, Venise, 1740, in-8o, n'ont laissé à aucun de leurs lecteurs l'audace d'écrire deux phrases en latin. D'Alembert et tous les gens sensés n'ont cessé de crier à l'impertinence, lorsqu'il s'est agi de prose et surtout de vers faits de nos jours en soi-disant latin. Il est clair que la langue des Romains serait pire que de l'arabe pour un Romain ressuscité qui entendrait un de nos latinistes. Les acceptions usuelles, les allusions locales, les conventions traditionnelles n'existent plus pour nous, et cependant, c'est toujours d'excellent latin que nos pédants croient composer.

PRONONCIATION DU LATIN. La manière dont les anciens prononçaient le latin est un grand sujet de controverse parmi les nations modernes. Chacune le prononce comme sa propre langue, et rit beaucoup de la prononciation des autres. Le genre humain est ainsi fait, toujours satisfait de lui-même et toujours intolérant. Un phi

1 De origine linguæ lat. tractatus, 1720, in-4.

La proposition contraire serait presque admissible, puisqu'il paraît prouvé que le latin a une grande affinité avec le sanscrit, et que de ce dernier dérive l'allemand.

lologue infatigable, frappé de toutes ces prétentions ridicules, s'est occupé de recueillir les diverses opinions des savants à ce sujet, et le résumé de ces opinions est, dit-il, celui-ci 1:

C, chez les Romains, avait toujours le son dur de K; il avait dans dicis, la même valeur que dans dico. T avait toujours le même son, celui qu'il a dans artes, et jamais celui de S, que nous lui donnons dans artium. U se prononçait comme ou, et W; selon d'autres, plutôt comme O bref que comme ou. Um, am, à la fin des mots, étaient des syllabes sourdes, muettes, dans lesquelles M, se faisait à peine sentir ce qui porterait à le croire, c'est qu'elles s'élidaient dans les vers. Enfin, pouvait fort bien ne pas avoir la valeur d'une consonne que nous lui attribuons.

Les deux phrases qui suivent sont un spécimen de cette prononciation présumée :

In Latio decus pronunciationis et eloquentiæ est Cicero. In lathio dekous pronwnkiationis et éloquenthiæ est ikero.

Utinam Ciceronem audivissemus, Romani, ut pronunciaremus voces vestras ut decet.

Outinam kikeronem audiwissemous, Romani, out pronwnkiaremous wokes westras out deket.

Ce mode de prononciation se rapproche beaucoup plus de celui des Italiens, des Allemands et surtout des Hongrois que de tout autre.

Cette question restée si douteuse, l'intolérance, mainte et mainte fois, ne s'est pas fait scrupule de la trancher. Ramus raconte qu'un bénéficier fut privé de ses revenus

Peignot, Essai sur l'origine de la langue française, Dijon, 1835, in-8.

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