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graphiques dont les noms se composent du radical Bar ou Par sont situées sur des frontières. Il faudrait donc en conclure que Parisii et Barisii signifient habitants de frontières, et que la peuplade admise chez les Senones ne dut son nom de Parisii qu'à son établissement sur la frontière de cette nation 1. >>

PÉTAUD.

Chacun y contredit, chacun y parle haut,
Et c'est tout justement la cour du roi Pétaud.

Les PÉTAUDS 2 étaient autrefois une certaine espèce de soldats, de fantassins dont le nom venait probablement du mot latin pes, pied Il en est question dans Froissard. Or, comme il y avait en France, à cette époque, force routiers et grandes compagnies, c'est-à-dire force troupes de brigands, composées sans doute en grande partic de ces fantassins qui, à la paix, n'avaient plus rien à faire ni rien à manger, pétaud et brigand ne tardèrent pas à devenir synonymes; et comme leur chef ou roi ne devait pas être toujours en état de maintenir l'ordre parmi ses subor. donnés, de la vint le proverbe : c'est la cour du roi Pétaud 3, proverbe dont la signification est trop connue pour avoir besoin d'être expliquée.

Cette phrase, cependant, a donné lieu à une interprétation différente, mais qui nous paraît moins juste et qui est démentie par l'orthographe. Dans cette seconde hypothèse, pétaud viendrait encore du latin, de peto, je de

1 V. Deale, Recherches sur le culte d'Isis chez les Parisiens. 2 On disait plutôt encore péon, pion, d'où le nom des soldats aux échecs et le mot pionnier.

5 Pétaudière en est le dérivé et le synonyme.

mande, et ce seraient des mendiants réunis en communauté qui auraient donné ce surnom à leur roi.

ARLEQUIN.

Il y avait un grand jaiant (géant. )

Qui aloit trop forment brayant (très-fort criant),
Vestu ert (erat, était) de bon broissequin 1

Je crois que c'estoit Hellequin,

Et tuit (tous) li autres sa mesnie ( bande)
Qui le suivent toute en ragie (rage)
Monté ert sus un roncin (cheval) haut,
Si très-gras que, par saint Quinaut !

L'en li peust (on lui peut ) les côtes conter (compter).

Ces vers sont extraits du poème de Fauvel, imitation du fameux Roman de la Rose; et M. Paulin Paris, dans ses commentaires sur ce poëme, après avoir fait descendre Arlequin de ce géant qui mesne la bande à la fois grotesque et terrible du chalivali 2 ( charivari ), croit trouver l'étymologie de Hellequin dans le nom du cimetière d'Eliscamps ou Aleschans aux environs d'Arles. Mais nous préférons la version qui dit que Hellequin et par suite arlequin, viennent de l'anglais Hell's king ou en almand Helle kanig, roi de l'enfer. Et en effet les anglais ont encore la lettre h que nous avons supprimée dans arlequin.

OGRE. La nation hongroise appartient à la branche

1 Étoffe inconnue.

2 V. à ce sujet la curieuse dissertation de M. François Genin, à la suite de son livre, Variations de la langue française.

Ouigour de la grande famille des Finnois. Ils ont toujours été très-belliqueux ; auxixe et xe siècle ils étaient féroces. Cinquante années de suite, ils portèrent la mort, le pillage et la dévastation dans toute l'Europe. En quarante-cinq ans, la France, pour sa part, fut envahie onze fois. Ce n'est donc pas merveille, si autant elle a de sympathies pour eux aujourd'hui, autant ils lui inspiraient alors de haine et d'effroi. Ce fut au point qu'ils passèrent dans les récits populaires à l'état de type fabuleux, et si l'on veut se reporter à l'ancien nom des Hongrois ouigour ou ogour, on aura l'étymologie de ces ogres qui nous ont fait si grand'peur à tous dans notre enfance.

PORPHYROGÉNÈTE. – Porphyrogénète veut dire né dans la pourpre; mais d'après l'explication que donne Anne Comnène dans son Alexiade, pourpre ici n'a pas le sens qu'on donne communément à ce mot. Pourpre est le nom d'un bâtiment carré qui était situé dans l'enceinte du palais impérial, et surmonté d'un toit en pyramide. Le plancher et les murs étaient revêtus d'un marbre très précieux, qu'à cause de sa grande beauté, les empereurs avaient fait venir à grands frais de Rome à Constantinople, lorsqu'ils transportèrent dans cette dernière ville le siége de leur empire. Il était de couleur pourpre, sauf de petits points blancs menus comme des grains de sable. Lemarbre donna le nom de sa couleur à ce bâtiment, et le bâtiment à son tour donna son nom aux princes de la famille impé. riale qui y recevaient le jour.

PALETOT

Le paletot est un vêtement d'un usage trop général aujourd'hui pour ne pas mériter que nous nous occupions de son origine. Il a subi diverses fortunes.

Au moyen âge, c'était une casaque à capuchon, dont la

pointe ressemblant à la tête d'une huppe, nous avait valu l'expression: C'est un homme huppé, pour: C'est un homme riche, bien vêtu, etc. Dans la seconde moitié du xve siècle, les gentilshommes de la dernière classe portaient des paletots comme vêtements de guerre. Et au dessoubs de soixante livres, auront brigantines si faire le peuvent, ou paletot, arc et trousse ou jusarme, et cheval selon leur puissance. >

Après la noblesse, le paletot devint l'uniforme des simples soldats. De là vint le mot paletoquet pour désigner des gens sans aveu, par suite du peu de considération dont jouissaient les hommes de guerre, que la paix forçait à vivre de rapine.

Plus tard, le paletot passa sur le dos des laquais et leur fit donner le nom de paletoquet, qui se trouve dans Marivaux et qui ne se perdit jamais chez nous.

Enfin il devint le costume des pêcheurs et marins de la Normandie, et l'ordonnance qui l'assigna conime uniforme à la marine royale, en supprima la jupe et le transforma en une sorte de veste ronde.

Après avoir rendu compte de ses diverses formes et destinations successives, il nous reste à parler des différentes manières dont ce mot s'est écrit et des différentes origines qu'on lui attribue.

Paletot s'est écrit palletot, palétocq, paletoc et palletoc. Huet opine pour cette dernière orthographe. Sa raison est que paletot vient du mot latin palla, manteau de femme (Cicéron) et manteau fort court des Gaulois (Martial), et du mot breton toc, chapeau, d'où viennent aussi probablement toque et toquet.

Ménage, lui, prétend que paletot vient de palliotum, mot qu'il dit être de basse latinité et signifier petit man

teau.

Une autre version donne à ce mot une origine espagnole.

BIERE. Bière vient, dit-on, du mot hébreu bre, qui veut dire grain. Si cette étymologie est vraie, c'est que les Saxons lui auront emprunté aussi leur mot bere, qui veut dire orge, car c'est assurément de bere que les Allemands ont fait bier, les Anglais beer et les Français bière. (V. Curiosités des sciences.)

CERES, CERVOISE.-Les langues indo-germaniques ont, la plupart, pour exprimer grain de blé, un mot dont la déesse des moissons, Cérès, a reçu son nom, ainsi que cette espèce de bière appelée cervoise, 'cerevisia, que l'on buvait jadis en France.

FERTÉS. Les annales de Metz constatent qu'il existait autrefois des forteresses appelées Firmitates, en français Fermetés, et, par syncope, Fertés. De là viennent les noms de la Ferté-Imbault, la Ferté-Milon, la FertéBernard, etc.

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RIFLARD. Riflard n'est réellement français qu'avec cette orthographe, et pour désigner un gros rabot à dégrossir le bois, et un ciseau dentelé à travailler la pierre. De notre temps, rifflart a été employé en langage vulgaire pour signifier un parapluie. Ce nouveau mot est dû à un acteur du théâtre de l'Odéon qui, ayant à jouer le rôle de Riflart dans la Petite ville de Picard, parut en scène avec un énorme parapluie. On baptisa ce parapluie du nom de son propriétaire et depuis lors tous ceux du même genre furent appelés des rifflarts.

Mais au xve siècle, rifflart, fidèle au verbe riffler, raffler

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