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que l'air vient à remplir les poumons, mais parce que l'enfant exécute un mouvement vivant qui la dilate et rend les poumons aptes à recevoir l'air, c'est qu'on ne parvient point, chez un embryon mort, à dilater la poitrine en soufflant de l'air dans les poumons. Les acéphales et les hémicéphales meurent parce que l'absence de la vie animale les met hors d'état de respirer.

L'embryon est donc sollicité par un besoin de respirer, c'est-à-dire par la nécessité, devenue appréciable pour lui, d'admettre l'air dans ses poumons, et cet instinct n'est pas moins clair que celui qui pousse l'enfant nouveau-né à chercher la nourriture et à téter. Indépendamment du besoin d'air, on remarque, chez l'embryon, un mouvement rhythmique d'ouverture et d'occlusion de la bouche, avec simultanéité d'abaissement et d'élévation du diaphragme (§ 471, 10°), qu'Osiander (1) a vu chez des embryons venus au monde dans l'œuf intact, et qu'il a senti aussi en opérant la version. Majs ce rhythme, qui tient à une alternative correspondante d'activité dans la moelle allongée et la portion cervicale de la moelle épinière, est en harmonie avec la partie purement végétale de la respiration, c'est-à-dire qu'il est tel que, quand il y a de l'air, celui-ci se trouve attiré, pour entrer en conflit avec le sang et être expulsé après avoir exercé sa réaction. Ce sont des mouvemens qui ont un but déterminé, que détermine le centre de la vie animale (le cerveau et la moelle épinière), et qu'accomplissent des muscles soumis à la volonté, quand la vie animale s'est développée. Mais, quoique ces mouvemens puissent être provoqués par la volonté, ils ne partent cependant point de l'idée claire et nette d'un but à atteindre, et dépendent uniquement de l'activité organique de l'organe de l'âme, laquelle activité est telle néanmoins qu'elle sollicite à des mouvemens dont l'effet conduit à un but déterminé.

Si, comme Muller le croit vraisemblable (2), c'était le sang artériel formé du moment de la première pénétration dans les organes de la respiration, et qui gagne la moelle allongée en

(1) Handbuch der Entbindungskunst, t. I, p. 657.
(2) Handbuch der Physiologie, t. I, p. 337 ; t. II, p. 76.

moins d'une minute, dont la stimulation détermine la décharge du principe nerveux dans les nerfs respiratoires, c'est-à-dire l'éveil des organes destinés à l'accomplissement de la respiration, il suivrait de là que la cause de la première respiration aurait lieu seulement après qu'il se serait déjà opéré une inspiration et une expiration, puisque, sans cette condition, il ne pourrait point être conduit de sang artériel

au cerveau.

§ 505. Voilà ce qu'il y a d'essentiel dans la respiration, et ce qui suffit aussi chez les animaux ovipares. L'embryon d'Oiseau, par exemple, respire tandis qu'il est encore dans l'œuf, et qu'aucun changement n'a encore eu lieu dans ses relations extérieures, aussitôt que son exochorion se flétrit et que son poumon se développe. Chez les Mammifères, il se joint à cela d'autres circonstances, qui favorisent l'établissement de la première respiration.

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1o. Le placenta éprouve, de la part de la matrice, pendant les douleurs, une compression qui contribue déjà à le troubler dans ses fonctions (§ 496, 6o). Joerg (3) fait remarquer que ce phénomène est intermittent, à raison du type des douleurs, de sorte que l'action du placenta devient en quelque sorte rhythmique, comme la respiration pulmonaire; en effet, le besoin d'air est moins grand et la respiration plus faible chez les enfans qui sont venus au monde d'une manière rapide. Le placenta commence aussi à se détacher, et quand le cordon ombilical vient à être comprimé par le segment inférieur de la matrice, après la sortie de la tête, la circulation doit nécessairement éprouver une suspension: car, le besoin de respirer se trouvant accru d'un côté, il faut, d'un autre côté, puisque la quantité de sang qui coule de l'aorte dans les artères ombilicales est diminuée, que le courant sanguin du ventricule droit se détourne déjà davantage du canal artériel, et prenne sa direction vers les poumons.

Mais quand la respiration placentaire a été suspendue trop long-temps, comme il arrive, par exemple, lorsque le cordon ombilical, faisant saillie au dehors, subit une compression, la vie tombe par-là dans un état d'asphyxie, pendant lequel aucune respiration n'a lieu.

2o. Comme l'embryon passe de la vaste matrice dans des voies où il est fortement serré, et d'un milieu chaud et liquide dans une atmosphère sèche et froide, ce contact douloureux détermine des mouvemens violens, qui doivent surtout se manifester à la tête devenue libre. Il est possible aussi que l'air extérieur provoque uné contraction spasmodique du diaphragme, et donne lieu ainsi à une inspiration profonde.

II. Manière dont s'accomplit la première respiration.

§ 506. La respiration

1° Commence ordinairement lorsque la tête est sortie, et que la poitrine se trouve encore dans le vagin. Suivant Ritgen (1), son début a lieu quand le périnée a passé sur la face, de manière à ouvrir la bouche, en retenant le menton; elle s'accomplit, lorsque, après une pause d'une ou deux minutes, une nouvelle douleur survient, avec contraction du vagin alors la poitrine se soulève fortement, à ce qu'il semble, pour réagir contre la pression que le vagin exerce sur elle, les mâchoires s'ouvrent, et quelquefois on entend le bruit causé par l'air qui se précipite pour la première fois dans les poumons; l'expiration a lien quand la douleur est arrivée à son plus haut période. Si la poitrine reste encore dans le vagin, la douleur est suivie d'une nouvelle inspiration, qui s'exécute visiblement avec effort. Enfin si la parturition continue encore de subir une pause, presque toujours l'expiration se fait entendre aussi, et même l'enfant crie. Lorsqu'après la sortie de la poitrine, il ne reste plus que l'abdomen dans le vagin, l'inspiration s'opère avec plus de facilité qu'auparavant.

2o L'enfant vient-il au monde d'une manière rapide, il ne respire qu'après la complète parturition, et la première inspiration est immédiatement suivie d'expiration et de cris.

3o Il est plus rare que la respiration commence déjà dans la matrice après l'écoulement des eaux. Les vagissemens utérins de l'enfant ont surtout été observés, dans les temps

(1) Beitraege zur geburtshuelflichen Topographie, t. I, p. 542.

modernes, par Osiander (1), Ficker, Thilenius, Schmitt et autres. S'il arrive ordinairement que la poitrine se dilate assez pour permettre l'inspiration dans le vagin, où elle éprouve une si forte compression de tous les côtés, ce phénomène doit être bien plus possible encore dans la matrice, qui présente plus de capacité, d'autant mieux que, dans l'état normal, cet organe ne comprime point la bouche, non plus que la région antérieure du cou et la plus grande partie de la poitrine; or les voies génitales doivent nécessairement, même sans se dilater beaucoup, admettre de l'air, en remplacement de l'eau qui s'est écoulée. En pareil cas la respiration aura lieu surtout lorsque l'embryon occupera sa position normale et dirigera sa tête vers l'orifice de la matrice. Osiander prétend avoir entendu l'enfant crier après la sortie des pieds et de la partie inférieure du tronc, tandis que la tête se trouvait encore tout entière dans les voies génitales; le fait nous paraît peu vraisemblable, sans cependant que nous puissions le déclarer absolument impossible. Il n'y a impossibilité complète de respirer que quand l'orifice de la matrice comprime la tête, et détermine ainsi une légère stupeur.

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4o De même que l'époque à laquelle les circonstances extérieures permettent à la respiration de commencer, varie beaucoup, de même aussi l'embryon possède la faculté d'attendre jusqu'à un certain point cette époque, c'est-à-dire qu'il peut se passer de respirer pendant quelque temps. On a vu des embryons humains, venus au monde dans l'oeuf intact, demeurer pendant des quarts d'heure entiers dans cet état, sans en éprouver aucun préjudice. Les enfans nés de la manière ordinaire peuvent rester quelque temps sans respirer, lorsqu'ils en sont empêchés par des mucosités amassées dans les voies aériennes, par un état de stupeur dans lequel les a plongés l'accouchement, ou par un trouble de la respiration (2). Haller a vu (3) de jeunes chiens, qu'il avait tirés de la matrice par une incision, ramper souvent pendant plusieurs

(1) Handbuch der Entbindungskunst, t. I, p. 660–667.
(2) Bernt, Handbuch der gerichtlichen Arzneikunde, p. 236.
(3) Elem. physiolog., t. III, p. 225.

heures sans respirer; il en tint un plongé pendant une demiheure sous l'eau, et cependant cet animal survécut. J. Muller (1) a fait des observations analogues. Il se peut même qu'après avoir commencé, la respiration subisse pendant quelque temps une interruption, sans que l'existence soit compromise. Buffon (2) ayant tenu des chiens nouveau-nés pendant une demi-heure dans du lait tiède, les laissa respirer ensuite une demi-heure, et répéta cette expérience jusqu'à trois fois de suite, sans qu'aucun d'eux pérêt. Sur quatre chats nouveau-nés que Roose (3) tint plongés dans l'eau pendant quelques heures, il y en eut deux qui survécurent.

ARTICLE II.

Des conséquences de la première respiration.

I. Effets sur les organes respiratoires.

§ 507. Si nous examinons quels sont les phénomènes de la première respiration et les effets immédiats qu'elle exerce sur les organes respiratoires, nous remarquons

I. Qu'elle a lieu par la bouche, et au moyen du mouvement des mâchoires et des lèvres; l'air et la nourriture pénètrent, par la même ouverture, dans une cavité commune. D'après les observations de Friedheim (4), il s'opère d'abord dans les coins de la bouche, quelquefois dans toute l'étendue de la lèvre supérieure et dans les ailes du nez, des mouvemens convulsifs, qui deviennent peu à peu plus forts et plus rapides, jusqu'à ce que la bouche s'ouvre, par l'abaissement de la mâchoire inférieure. L'auteur à surtout remarqué d'unè manière bien distincte ces symptômes précurseurs de la respiration au moment du réveil d'enfans venus au monde asphyxiěs. C'est donc le nerf facial, c'est-à-dire celui d'où dépend toujours l'inspiration, qui ouvre la scène des manifestations de

(1) De respiratione fœtus, p. 22.

(2) Histoire naturelle, t. II, p. 447.
(3) Physiologische Untersuchungen, p. 66.
(4) Diss. de prima respiratione, p. 9.

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