Imagens das páginas
PDF
ePub

monie avec l'espèce. Un homme dont la femme venait de mourir, essaya d'allaiter son enfant, et ses mamelons se développèrent bientôt comme ceux des femmes (1). Des cas analogues se sont présentés en Russie (2). Humboldt (3) a vu, en Amérique, un homme qui, sa femme étant tombée malade, allaita lui-même son enfant; pendant cinq mois, il lui donna deux ou trois fois par jour à téter, et l'enfant ne prit pas d'autre nourriture; le lait était épais et fortement sucré. On a quelquefois aussi trouvé du lait dans les mamelles d'animaux mâles par exemple, de Boucs (4). Si, chez les hermaphrodites masculins, le sein se rapproche davantage de la forme propre aux femmes, si le développement incomplet des organes génitaux rend les · ouvrières, parmi les Insectes, aptes à élever les petits, si enfin le Chapon peut être parfois déterminé à couver des œufs, de même il y a des cas où la direction de la vie vers la procréation, ne pouvant se porter dans les testicules, aboutit aux glandes mammaires. Un Boeuf acquit, après la castration, une mamelle pourvue de deux mamelons, qui don naient du lait et qu'on pouvait traire (5). Home cite des cas de Moutons allaitant des Agneaux, et de Taureaux à testícules avortés, qui avaient une sécrétion lactée complète (6).

III. A l'égard de l'action du lait sur le nourrisson, nous devons faire remarquer d'abord que, comparé à l'eau de l'amnios, ce liquide procure une nourriture plus abondante, dont l'organisme a besoin après la naissance, attendu que la consommation et l'éjection sont alors incomparablement plus considérables. Le lait, en outre, est très facile à assimiler, en raison de sa composition spéciale, de sa forme liquide et de sa chaleur. Enfin l'analogie de l'estomac du nouveau-né avec celui des Carnivores, eu égard à la forme, annonce qu'il est destiné à digérer une nourriture animale. Le lait a en même

(1) Philos. Trans., no 461, p. 813.

(2) Comment. Academic Petropolitanæ, t. III, p. 278.

(3) Reise in die Aequinoctialgegenden, t. II, p. 40.

(4) Bechstein, Naturgeschichte Deutschlands, t. I, p. 420. — Reil,

Archiv, t. III, p. 439.

(5) Stark, Archiv fuer die Geburtshuelfe, t: IV, p. 755. (6) Home, loc. cit., t. III, p. 326.

temps cela de particulier, qu'il modifie l'activité plastique de la vie d'après l'état de la vie chez la mère. Les médicamens qu'on fait prendre à celle-ci, réagissent, par l'intermédiaire de son lait, sur l'enfant qu'elle nourrit. Hacquet rapporte que six enfans de parens blancs, qui avaient été allaités par une femme Czingare, présentaient un teint jaune brunâtre. Il n'y a pas long-temps que j'ai vu un dérangement habituel des fonctions digestives chez une nourrice se transmettre à ses deux nourrissons. Le lait de certaines femmes ne profite point aux enfans, sans qu'on puisse en assigner la cause, car la différence de consistance ne se rattache qu'à une qualité purement extérieure, et souvent même on n'en observe aucune trace.(On remarque aussi quelquefois que le lait d'une nourrice ne convient qu'à un enfant, quoiqu'un autre enfant, auquel on le fait prendre immédiatement, profite aussi bien que le faisait auparavant le propre enfant de cette femme) (1).

Les émotions de la mère agissent sur la vie animale du nourrisson; elles déterminent surtout fréquemment, chez celui-ci, des convulsions ou des diarrhées bilieuses, lorsque la mère lui donne à téter immédiatement après un accès de colère (2). Levret rapporte qu'un jeune Chien par lequel une femme se fit sucer le sein à la suite d'une colère violente, fut atteint de mouvemens épileptiques. Dans un autre cas, rapporté par Berlyn (3), un enfant de trois mois, à qui sa mère avait donné à téter aussitôt après avoir essuyé une contrariété des plus vives, devint pâle comme la mort, ses traits se décomposèrent, et au bout de quelques heures toute la moitié gauche de son corps fut frappée de paralysie, tandis que la droite tomba dans des mouvemens convulsifs. (Une accouchée, qui donnait à téter à son enfant au moment où un officier de police entra chez elle et lui communiqua une nouvelle fort effrayante, retira mort de son sein, en présence de ce nouveau venu, l'enfant qui quelques minutes auparavant

(1) Addition de Hayn.

(2) Voy. dans Esquirol (Des Maladies mentales, Paris, 1838, t. I, p. 230), le chapitre De l'Aliénation mentale. Des nouvelles accou

chées et des nourrices.

(3) Harles, Neue Jahrbuecher, t. II, p. 66.

jouissait de la meilleure santé ; appelé en toute hâte, je n'aperçus plus aucun signe de vie, et tout ce que je pus tenter demeura inutile) (1).

Mais l'organisme de l'enfant ne se comporte pas d'une manière passive à l'égard des impressions qui agissent sur lui; il se développe dans le sens de sa direction primordiale, et ne suce par conséquent point un caractère étranger avec le lait qui lui sert de nourriture. La chose est évidente d'elle-même, et bien démontrée d'ailleurs par les milliers d'enfans qu'on nourrit avec du lait de Vache ou de Chèvre. Si l'opinion populaire fait croire à une assimilation morale, s'il est permis de dire au figuré, d'un homme cruel, qu'il a été allaité par une Tigresse, tout ce qu'il y a de vrai au fond, c'est que le mode de la vie animale des êtres qui allaitent détermine la qualité du lait, et que celle-ci influe à son tour sur le mode de la vie animale du nourrisson.

ARTICLE I.

Du développement de l'enfant.

I. Force vitale du nouveau-né.

§ 523. Si maintenant nous portons nos regards sur les progrès du développement de l'enfant nouveau-né, nous sommes frappés d'abord de la grande mortalité qui règne à cette époque de la vie.

A part même tout ce qu'il a dû souffrir pendant le part, l'organisme s'est trouvé jeté subitement dans un monde nouveau pour lui, et l'établissement surtout de la respiration pulmonaire lui a fait subir une métamorphose profonde. Les nouvelles fonctions sont encore faibles, et elles ont besoin d'être exercées; la vie ne peut s'accoutumer que peu à peu à des conditions qui lui avaient été jusqu'alors étrangères.

1o Généralement parlant, il meurt un quart ou un cinquième des enfans pendant la première année de la vie. La proportion de la mortalité durant cette période, a été, dans la monarchie prussienne, depuis 1820 jusqu'en 1827, : : 1 : 3,68, en (1) Addition de Hayn.

Suède 1: 4,08 (1), en France 1: 4,30, dans les PaysBas: 1: 4,44; dans le Pays de Vaud 1: 5,29. Elle a été, en outre, à Vienne, de 1: 2,70 (2); à Londres, d'après Hudgson, de 1: 3,44, et d'après Simpson et Price, de 1: 3,12; à Berlin, depuis 1752 jnsqu'en 1755, de 1: 3,77 (3), et en 1746, de 1: 4,12 (4); à Montpellier, de 1 : 3,97 (5); à Breslau, depuis 1775 jusqu'en 1805, de 1 : 4,10, et depuis 1813 jusqu'en 1822, de 1: 3,38; à Philadelphie, de 1: 4,67 (6), et dans les quatre plus grandes villes du Nord de l'Amérique de 1: 4,94; à Hambourg, de 1: 5,47 (7). En prenant la mortalité dans la ville de Paris : : 1: 4,63, : : 1 : 5,39 (8) depuis 1817 jusqu'en 1823, et :: 4:6,02 (9) pour 1827, on n'a point égard à ce que plus de la moitié des enfans qui y naissent sont envoyés à la campagne; parmi ceux qui restent dans la ville, la mortalité serait de 1: 2,29 d'après Lachaise (10).

[ocr errors]

2o La mortalité est plus considérable chez les nouveau-nés du sexe masculin que chez ceux de l'autre sexe. Elle s'est élevée, pendant la première année de la vie, à Paris, d'après Deparcieux, à 1:4,20 pour les garçons, 1: 5,30 pour les filles (11), et en 1827 à 1 : 5,64 pour les premiers, 1:6,44 pour les autres (12). A Broeck, elle a été de 1: 2,40 chez les garçons, et 1: 2,99 chez les filles (13); à Berlin, 1 : 3,87 chez les garçons et 1:4,43 chez les filles (14); à Breslau, 1: 3,18 (1) Abhandl. der Akademie zu Stockholm, t. XVII, p. 87,

(2) Sussmilch, Gætliche Ordnung in den Veraenderungen des Menschlichen Geschlechts, t. II, pl. XI.

[blocks in formation]

(9) Annuaire du bureau des longitudes pour 1829, p. 91.

(10) Topographie médicale de Paris, Paris, 1822, p. 247.

[ocr errors]

(11) Comparez A. Deparcieux, Essai sur les probabilités de la durée de la vie humaine, Paris, 1746, in-4. J. Bienaymé, De la durée de la vie en France, depuis le commencement du xixe siècle ( Annales d'hygiène publique et de médecine légale, Paris, 1837, t. XVIII, p. 177 et suiv.). (12) Annuaire du bureau des longitudes pour 1829, p 91.

(13) Sussmilch, loc. cit., t. II, p. 318.

(14) Ibid., p. 317.

pour les garçons, et 1: 3,62 pour les filles. Suivant Clarke, dans la maison d'accouchemens de Dublin, la mortalité pendant les seize premiers jours a été de 1: 5 pour les garçons et de 1: 6 pour les filles (1).

3o La vie est souvent plus faible chez les jumeaux, par rapport auxquels Clarke fixe la mortalité, durant la même période, à 1: 2,81, tandis que celle des cas de part simple n'était que de 1: 6,37.

4° On conçoit que la diversité des soins exerce une trèsgrande influence. Suivant Chateauneuf, la mortalité durant la première année est de 1: 5,55 pour les enfans que leur mère allaite, et de 1: 3,44 pour ceux qui sont livrés à des nourrices (2). Partout la mortalité est plus considérable parmi les enfans naturels que parmi les enfans légitimes; la proportion, à Breslau, a été, pendant la première année de la vie, de 1: 2,23 pour les premiers, et de 1: 3,75 pour les autres.

5o La mortalité est beaucoup plus considérable pendant la première moitié de la vie que durant la seconde. Nous allons mettre en regard la proportion qu'elle a offerte pour chacune de ces deux époques, à Bruxelles, d'après Quetelet (3), à Broeck, selon Struyk (4), à Berlin, selon Sussmilch (5), à Hambourg, d'après Buek (6), et à Paris (7), avec le terme moyen, c'est-à-dire la proportion qui aurait lieu si la mortalité restait la même :

Bruxelles. Broeck. Berlin. Hambourg. Paris.

1:5
1:2

1:8

1: 10

1:12

1:5

1

: 8

1:

7

4:28

1 16 1:14 1:14

:

Terme moyen 1:8 Premier semestre 1 : 6 Second semestre 1:12 6o Les détails nous apprennent que la plus grande mortalité est celle du premier trimestre de la première année, qu'elle diminue beaucoup pendant le second, qu'elle subit une diminution moindre pendant le troisième, qu'enfin durant (1) Philos. Trans, 1786, p. 356.

(2) Mém. de l'Acad. de Bruxelles, t. IV, 143.

(3) Ibid., t. IV, p. 142.

(4) Sussmilch, loc. cit., t. II, p. 318.

(5) Ibid., p. 317.

(6) Gerson, Magazin, t. XVII, p. 346.

(7) Annuaire pour 1829, p. 194.

« AnteriorContinuar »