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de même, les filets radiculaires qui poussent des lenticelles n'ont jamais, dans l'air, d'autre direction que la perpendiculaire, jusqu'à ce qu'ils aient atteint le sol. On ne saurait admettre que la radicule se porte en bas parce que l'humidité qu'elle absorbe la rend plus pesante, comme le prétendait Hedwig; car, d'un côté, loin qu'on puisse constater cet accroissement de pesanteur, les cotylédons sont presque toujours la partie la plus lourde, tant absolument que spécifiquement; d'un autre côté, lorsqu'on place une graine à l'envers, la radicule monte d'abord, puis se courbe en arc sur le côté, pour aller gagner la terre; enfin les radicules qui naissent des lenticelles, et qui en conséquence sont nourries par la tige, ne sauraient différer de celle-ci sous le point de vue de la pesanteur spécifique. Nous pourrions donc considérer ce phénomène comme l'effet d'une cause spéciale, et établir en loi que la radicule cherche la terre et l'eau, qu'elle fuit l'eau et la lumière en vertu d'une affinité particulière, et que la plumule se comporte autrement par suite de sa nature propre. Mais nous ne ferions ainsi qu'exprimer le phénomène sans en rendre raison; car on ne peut considérer que comme une expression figurée celle de Percival et de Keith, qui veulent voir là le résultat d'un instinct végétal. D'ailleurs, l'expérience nous montre qu'il y a en cela quelque chose de plus général. En effet, lorsque Duhamel plaçait une graine entre deux éponges humides, malgré la similitude des circonstances dans les deux directions, la radicule se portait en bas et la plumule en haut, dans l'obscurité comme à la lumière; et quand Dutrochet mettait une graine sur le fond troué d'un vase plein de terre humide et suspendu, la plumule descendait dans l'air sec et pénétré de lumière, tandis que la radicule montait dans la terre obscure et humide, expérience que Keith a répétée aussi (1) avec le même résultat. Nous devons donc exprimer le fait de la manière suivante : la radicule est attirée par le centre de la planète, et la plumule par sa périphérie. Or la radicule est la partie périphérique de la graine, puisqu'elle se dirige toujours en

(4) Trans. of the linnean Society, t. XI, p. 255.

dehors, et la plumule en est la partie centrale, puisqu'elle se trouve toujours en dedans. Cette disposition paraît se manifester aussi dans la germination, d'après les expériences de Knigth; lorsqu'il attachait une graine germante à une roue perpendiculaire faisant cent cinquante révolutions par minute, de manière que l'antagonisme de haut et de bas cessât à chaque instant et fût à peu près détruit, la radicule poussait vers la périphérie de la roue, et la plumule vers le centre. Sur une roue horizontale faisant deux cent cinquante tours par minute, l'embryon végétal prenait la même direction, avec une inclinaison de dix degrés de la radicule vers le bas et de la plumule vers le haut. Maintenant, comme on ne peut méconnaître un antagonisme de polarité entre le noyau de la planète et son atmosphère, de même qu'entre la plumule et la radicule de l'embryon végétal (§ 459, 1o, 2o), et comme aussi, d'après une loi générale, les polarités contraires s'attirent réciproquement, nous devons considérer comme le fait absolument pur, et dégagé de toutes circonstances accessoires, que la radicule est attirée par le centre de la planète en vertu de sa nature périphérique, et que la plumule l'est par la périphérie de cette même planète à raison de sa situation dans le centre de l'oeuf végétal. C'est là ce qu'il y a d'essentiel et de déterminant dans cette double direction. Qu'ensuite le noyau de la planète fournisse de la nourriture, que sa périphérie donne de l'air ou de la lumière, et qu'ainsi les deux pôles de la plante trouvent chacun le milieu qui correspond à leurs besoins, il y a là harmonie sans doute, mais ce n'est qu'une circonstance secondaire et non déterminante.

Les plantes parasites trouvent appui et nourriture, par conséquent sol central, dans une autre plante, et lorsqu'on fixe leur graine, celle du gui par exemple, à la face inférieure d'une branche d'arbre, la racine pousse vers le haut; met-on cette graine sur le côté, la racine croît latéralement. Ce n'est que quand la plante a acquis plus de développement que l'influence cosmique reprend son empire, que la tige se dirige davantage vers le haut et la radicule davantage vers le bas. Lors même que le corps solide ne fournit aucune

nourriture, et ne donne qu'un support, comme font une pierre, du fer, du verre, la racine n'en pousse pas moins vers lui; cependant l'eau et la lumière peuvent, dans ce cas, exercer leur action immédiate; du moins assure-t-on avoir observé que, quand on colle des graines de gui à la surface externe ou interne d'une vitre de fenêtre, les racines se dirigent toujours du côté opposé à la lumière, c'est-à-dire vers l'intérieur de la chambre (1).

2o Ce n'est pas, comme on le croyait jadis, vers les derniers temps seulement de la vie intra-utérine, et par une sorte de culbute, mais dès le second mois de cette même vie, que l'embryon humain amène sa tête vers la partie inférieure de la matrice, ou du côté de son orifice. Ce phénomène est le résultat mécanique de la station droite de la mère, puisque le cordon ombilical s'insère à l'extrémité inférieure du tronc, et que la moitié supérieure du corps, qui est la plus pesante, doit alors se trouver pendante. Mais, chez les Mammifères, l'embryon a la même situation, et sa tête se dirige vers l'orifice de la matrice, effet auquel la pesanteur ne peut contribuer, puisque l'animal marche à quatre pattes. En conséquence, et d'après l'analogie avec les végétaux, nous devons reconnaître que, comme l'a déjà dit Autenrieth (2), l'embryon affecte une situation inverse de celle de la mère parce que sa tête, en qualité de partie centrale, est attirée par la région inférieure du corps maternel, notamment de la matrice. Mais si cette conclusion est juste, nous devons présumer aussi que la direction de la face spinale de l'embryon vers la face viscérale de la mère et vice versa dépend également de l'attraction qu'exercent l'une sur l'autre des polarités inverses.

III. Sous le rapport de la largeur,

1o Nous remarquons que l'embryon se forme dans l'équateur, c'est-à-dire sur une ligne coupant à angle droit le diamètre longitudinal de l'œuf, et cela non seulement dans l'œuf des Oiseaux (§ 398, 6°), mais encore dans celui des Mammifères (3). Une différence se manifeste aussi aux deux extré

(4) Dutrochet, Mémoires, etc., t. II, p. 60 et suiv.

(2) Reil, Archiv, t. VII, p. 37.

(3) Baer, Epist. de ovi Mammalium genesi, fig. 6. 7,

mités du diamètre longitudinal de ce dernier pendant le premier développement de l'embryon, l'une étant plus pointue et l'autre plus large ( § 409). Elle est plus prononcée encore dans l'œuf de Poule, au gros bout duquel la chambre à air se forme et la chalaze disparaît de meilleure heure, tandis qu'au petit bout le blanc se condense et la chalaze dure plus longtemps. Lorsqu'on applique alternativement ses lèvres sur les deux bouts d'un oeuf de Poule, on sent que le gros bout est chaud et le petit bout frais; quelques économistes prétendent que ce phénomène n'a lieu que dans les œufs frais et aptes à se déveloper, et Murray (1) dit avoir constaté, à l'aide du thermomètre, une différence de température, même dans l'intérieur des deux bouts de l'œuf; mais, d'après la remarquè de Baer, il ne faut accuser ici que la différence de capacité pour la chaleur entre le sac à air et l'albumine plus dense dú petit bout. Quoi qu'il en soit, on ne saurait méconnaître une différence de polarité, en sorte que l'équateur paraît comme le centre, comme le point d'indifférence, qui devient le siége d'une force plastique supérieure. La vue de l'axe longitudinal de l'embryon coupant l'axe longitudinal de l'œuf nous rappelle ce qui a lieu dans l'électro-magnétisme : cependant nous ne nous hasarderons point à poursuivre cette analogie, quelque attrayante qu'elle puisse être.

2o Quand on peut distinguer la situation de l'embryon humain, elle est, comme nous l'avons dit, opposée à celle du corps de la mère eu égard à la dimension en profondeur et à celle en longueur, mais concordante avec elle sous le point de vue de la direction en largeur, de manière que le côté droit de l'embryon répond à celui de la mère et son côté gauche au sien. Ainsi, comme il règne, au dedans de l'embryon lui-même, différence dans le sens de la longueur et de la profondeur, et concordance dans celui de la largeur ( § 459 ), la même loi s'étend aussi au rapport entre lui et le corps de sa mère.

3o Nous ne pouvons jusqu'à présent établir que des hypothèses au sujet de la situation primordiale de l'embryon hu

(1) Gerson, Magazin, t. XIII, p. 295.

main. En premier lieu, on peut présumer que la partie germinative est située vers l'orifice de la matrice; car nous trouvons plus tard l'embryon à la surface de l'œuf qui est directement opposée au placenta, et comme celui-ci établit son siége au fond de la matrice, il faut que l'embryon soit situé du côté de l'orifice. En second lieu, chez tous les ovipares, la membrane proligère occupe constamment l'endroit sur lequel l'air agit le plus, et, dans les Mammifères, ce lieu serait l'endroit situé en face de l'orifice de la matrice, dont le bouchon gélatineux pourrait absorber de l'air. Cela posé, il est vraisemblable, en outre, que l'embryon est d'abord situé dans le diamètre antéro-postérieur de la matrice, ayant la tête dirigée vers la colonne vertébrale de la mère, le dos en bas et le ventre en haut, car cette situation est la seule de laquelle il puisse, à l'époque où la polarité s'établit entre lui et la mère, passer immédiatement à la subséquente, qu'il doit conserver.

4° L'embryon des Oiseaux, comme celui des Mammifères, a d'abord une situation telle, que son côté gauche est tourné vers le gros bout, et son côté droit vers le petit bout de l'œuf. Chez les Mammifères, la tête se tourne davantage vers le côté droit de la mère, et l'embryon humain en particulier acquiert peu à peu une situation telle, qu'il a sa tête et sa poitrine plus à droite, son tronc et son dos un peu à gauche, et qu'en pénétrant dans le bassin, il tourne sa face vers la symphyse sacroiliaque droite et son occiput vers la cavité cotyloïde gauche.

B. La direction considérée en elle-même.

1. PÉRIPHÉRIE ET CENTRE.

§ 456. Dans les rapports matériels de l'embryon lui-même et de ses organes, ce qui nous frappe d'abord, c'est la relation de centre et de périphérie.

1° Nous trouvons l'extérieur avant l'intérieur, et la formation marche de dehors en dedans. Les cotylédons naissent avant la płumule; dans le bourgeon, chaque feuille extérieure est plus ancienne que celle qui vient après elle en dedans; la formation du sang et des vaisseaux s'effectue de meilleure heure au dehors qu'au dedans de l'embryon; la vésicule om

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