Imagens das páginas
PDF
ePub

1

GÉNÉRALE ET PARTICULIÈRE

DES ANOMALIES

DE L'ORGANISATION.

PREMIÈRE PARTIE.

PROLEGOMÈNES.

NOMENCLATURE, DÉFINITIONS ET DIVISIONS PRINCIPALES

DES ANOMALIES.

CHAPITRE PREMIER.

DÉFINITION DE L'ANOMALIE EN GÉNÉRAL; DIVISIONS PRIMAIRES, LET NOMENCLATURE.

TOUTES les espèces, principalement l'homme et les animaux domestiques, répandus comme lui dans des climats très-divers et exposés à l'action d'un grand nombre de causes modificatrices, sont sujettes à une multitude de variations dans la forme et le volume proportionnel des organes. Le même individu, observé dans deux âges ou même

1

dans deux saisons différentes, présente souvent de nombreuses et remarquables différences. Cependant, au milieu de toutes ces diversités, il existe un ensemble de traits communs à la grande majorité des individus qui composent une espèce, et c'est cet ensemble de traits communs qu'on nomme le type spécifique.

Toute déviation du type spécifique, ou, en d'autres termes, toute particularité organique que présente un individu comparé à la grande majorité des individus de son espèce, de son âge, de son sexe, constitue ce qu'on peut appeler une Anomalie (1).

Le mot Monstruosité a souvent été employé comme synonime d'Anomalie, principalement par les auteurs modernes. Suivant cette manière de voir, toute altération du type spécifique est une monstruosité, depuis la plus légère jusqu'à la plus grave, depuis l'insertion insolite d'un rameau vasculaire ou nerveux jusqu'à l'anomalie qui entraîne la non-viabilité, ou change la forme, la disposition, la structure, le nombre même et les connexions des organes les plus importans.

Au contraire, d'autres auteurs n'ont compris sous le nom de Monstruosité que les anomalies les plus graves ou les plus apparentes, et ils ont ainsi donné à ce mot un sens beaucoup moins étendu. Je suivrai dans cet ouvrage l'exemple de ces derniers anatomistes, et je distinguerai comme eux” les monstruosités des autres déviations du type spécifique; non-seulement parce que je partage la répugnance qu'ils

[ocr errors]

(1) Plusieurs auteurs, Meckel entre autres, ont déjà employé soit ce mot lui-même, soit le mot Abnormitas qui lui correspond en latin. L'expression complexee Déviation organique, proposée par M. Breschet, et adoptée, à son exemple, par quelques anatomistes français, est parfaitement équivalente au mot Anomalie, et sera conservée avec avantage dans la nomenclature tératologique,

éprouvaient à appeler monstres des êtres à peine différens de l'état normal, mais aussi et surtout parce que la répartition des anomalies en plusieurs grandes sections me paraît commandée par la nature même des relations anatomiques qui existent entre les moins graves, et celles qui le sont le plus, ou les monstruosités.

La division que j'ai adoptéé est basée principalement sur trois considérations: la nature des anomalies, leur degré de complication et de gravité sous le rapport anatomiqué, et l'influence qu'elles exercent sur les fonctions. Examinées sous ce triple point de vue, elles se partagent naturellement en quatre groupes généraux ou embranchemens, dont un seul, dans un système rigoureux de nomenclature, doit porter le nom de Monstruosité.

§ Ier. Division des Anomalies en groupes principaux ou embranchemens.

Sous le rapport de leur nature, on peut concevoir la possibilité de quatre sortes d'anomalies, dont l'observation nous offre des exemples plus ou moins fréquens.

1o. Un individu peut présenter des conditions organiques qui, normalement, ne se rencontrent dans aucune espèce. 2o. Il peut présenter des conditions organiques qui, normalement, se rencontrent dans une ou plusieurs espèces, mais non dans l'espèce à laquelle il appartient.

3°. Il peut présenter des conditions organiques qui, normalement, appartiennent à son espèce, mais non à l'âge dans lequel il se trouve.

4°. Enfin il peut présenter des conditions organiques qui, normalement, se rencontrent dans son espèce, qui même, peuvent appartenir à son âge, mais non à son sexe (1).

(1) Il est à peine besoin de remarquer que cette dernière sorte d'anomalies ne peut se présenter que dans les espèces où il existe des

C'est ainsi que des individus mâles peuvent, par la conformation d'une ou de plusieurs parties de leur corps, ressembler aux femelles de leur espèce; que celles-ci à leur tour peuvent emprunter quelques traits de la conformation des mâles, et que même, chez quelques sujets, les conditions organiques de l'un et de l'autre sexe peuvent se trouver réunies d'une manière plus ou moins complète (1).

Tous ces cas d'anomalie portent en commun le nom d'HERMAPHRODISMES, Hermaphrodismi (2), et forment un groupe distinct et très-naturel, déjà admis, comme l'une des grandes divisions des déviations ou des monstruosités, par Blumenbach et Meckel, et dont plusieurs caractères importans, qui plus tard seront indiqués avec soin, commandent la conservation.

Cette première distinction est la seule à laquelle puissent nous conduire les considérations tirées de la nature des déviations organiques. Les trois groupes qui correspondraient aux trois premières sortes d'anomalie, quelque naturels

sexes distincts et séparés. Les anomalies des trois premières sortes sont au contraire possibles chez tous les êtres organisés.

(1) Il y a donc dans ces cas eux-mêmes déviation du type spécifique; déviation qui, à la vérité, est d'un genre particulier puisqu'elle résulte, non de l'apparition de caractères nouveaux pour l'espèce, mais de la combinaison, de l'association de caractères qui, normale. ment, n'existent dans l'espèce que séparément.

(2) Le mot Hermaphrodisme n'a pas de pluriel et ne peut en avoir lorsqu'il signifie, comme dans le langage usuel et en histoire naturelle, la réunion complète des deux sexes chez le même individu. Mais rien n'empêche qu'on ne lui en donne un en anatomie et en tératologie, où l'on comprend sous le nom d'Hermaphrodisme plusieurs états très-différens de l'organisation, et où par conséquent la signification de ce terme n'a rien de plus absolu que celle des mots Monstruosité, Variété, etc. Aussi Meckel a-t-il déjà donné un pluriel (Hermaphroditismi) au nom par lequel il désigne en latin l'hermaphrodisme. Foyez son Commentarius de duplicitare monstrosá, pag. 2.

« AnteriorContinuar »