Imagens das páginas
PDF
ePub

d'une manière générale, ne diffèrent que par l'époque de leur production, de celles qu'on voit se former accidentellement aux diverses époques de la vie de l'homme.

Un fait très-remarquable, c'est que le même genre de déplacement peut être le produit de ces deux ordres de causes. Telle est par exemple l'exomphale ou hernie ombilicale congéniale, qui tantôt est primitive, et tantôt consécutive. Dans le premier cas, les viscères sont hors de la cavité abdominale, parce qu'ils n'y sont jamais entrés s; dans le second, la même anomalie est produite, parce qu'après être entrés dans la cavité, ils en sont sortis de nouveau, et ont repris leur position première. Si l'ont ajoute que la hernie ombilicale peut se produire aussi, comme tout le monde le sait, après la naissance, et même chez des sujets adultes, on voit que le même déplacement pest dans certains cas primitif et par conséquent congénial; dans d'autres, encore congénial, mais consécutif; dans d'autres enfin, non congénial.

Ce rapprochement nous conduit à une autre remarque. Les déplacemens herniaires consécutifs, et je puis encore citer ici l'exomphale comme exemple, peuvent dépendre de causes parfaitement analogues à celles qui produisent des hernies après la naissance; en d'autres termes, ils peuvent être accidentels comme celles-ci. Par cette remarque, que je pourrai étendre à un grand nombre d'autres anomalies, tombc cette distinction établie avec tant de soin dans une foule d'ouvrages, entre les vices de confor mation congéniaux ou primitifs et les vices acquis ou accidentels distinction puisée dans les théories des anciennes écoles sur les causes des anomalies, et que l'on aurait dû bannir depuis long-temps du langage médical.

On vient de voir que les déplacemens primitifs et les déplacemens consécutifs du cœur, quoique dépendant de

causes toujours très-différentes, et quelquefois même directement inverses, peuvent offrir entre eux une grande analogie et même une ressemblance absolue. Il y a plus encore: l'intervalle déjà si étroit qui les sépare, se trouve en quelque sorte comblé par quelques cas très-importans qui participent des conditions des uns et des autres sous le rapport de leurs causes elles-mêmes, et que je désignerai sous le nom de déplacemens mixtes. Quelques observations, rapportées plus haut, nous offrent des exemples remarquables de ce genre d'anomalies. Tels sont certains cas d'éventration dans lesquels les viscères digestifs se trouvaient reportés et fixés au-devant de la poitrine ou même dans la région céphalique : disposition qu'un arrêt de développement n'explique qu'en partie. Tels sont aussi plusieurs cas de déplacement, soit cervical, soit thoracique du cœur, dont il est seulement possible de se rendre compte, en admettant que cet organe, primitivement placé près de la tête chez l'embryon, n'a point parcouru toutes ses périodes d'évolution, en même temps que des causes quelconques l'ont fait dévier de la ligne qu'il suit ordinairement dans cette même évolution.

Ces causes, admissibles dans presque tous les cas de ce genre, et dont l'arrêt de développement peut être considéré comme un premier effet, sont ordinairement des adhérences pathologiques, et elles impriment véritablement aux anomalies qu'elles produisent, un double caractère, celui de déplacemens à quelques égards primitifs, à cause de l'évolution imparfaite qu'a subi l'organe déplacé, et à quelques égards, accidentels, à cause de l'action mécanique exercée sur lui, et de son transport dans une région où il n'existe normalement à aucune époque de la vie.

Les remarques que je viens de présenter, me conduisent

à relever une grave erreur anatomique que l'on trouve re-› produite dans la plupart des ouvrages modernes. On ne manque presque jamais, lorsqu'on décrit un déplacement herniaire avec fissure, d'établir que le viscère ou les viscères déplacés ont fait hernie à cause de la faiblesse ou de la formation incomplète des parois de leur cavité; en d'autres termes, de regarder le déplacement comme l'effet de la fissure. Cette explication est vraie, à l'égard de quelques cas de déplacement herniaire congénial; mais elle est complètement fausse à l'égard du plus grand nombre d'entre eux, et en particulier à l'égard de ceux qui offrent les conditions les plus remarquables. On a vu que le plus souvent les organes sont hors de leur cavité, non parce qu'ils en sont sortis, mais parce qu'ils n'y sont jamais entrés. L'ouverture anomale des parois ne saurait donc être la cause du déplacement; et tout au contraire, si l'on voit ces deux anomalies coïncider si constamment l'une avec l'autre, c'est parce que les organes, en conservant leur situation primitive hors de la cavité, ont empêché la formation complète et la réunion des parois (1).

[ocr errors]

Les auteurs avaient pris, comme on le voit, la cause pour l'effet, et l'effet pour la cause erreur qui a`sa source, comme plusieurs des assertions fausses que j'ai déjà relevées, dans cette opinion fort propre à simplifier la science, mais fort inexacte, qu'il suffit, pour faire l'histoire" des hernies congéniales, de leur appliquer, sans les étudier en elles-mêmes, la théorie des hernies accidentelles produites après la naissance.

(1) Voyez, comme complément de ces remarques, l'histoire des anomalies par division de parties ordinairement réunies, dans le chapitre V de ce livre.

d

[ocr errors]
[ocr errors]

CHAPITRE II.

DES ANOMALIES PAR CHANGEMENT DE CONNEXION.

Remarques générales; divisions et distinctions.

· Anomalies d'articulation. Anomalies d'insertion. — Implantations anomales des dents et des poils. Attaches anomales des muscles et des ligamens. Embranchemens anomaux des vaisseaux lymphatiques.— Fréquence relative des anomalies d'insertion des systèmes veineux et artériel. Embranchemens anomaux des veines, des artères, et spécialement des sous-clavières, des carotides et des vertébrales. Embranchemens anomaux des nerfs, des conduits excréteurs des glandes, etc. - Embouchures anomales de divers vaisseaux dans le cœur.-Embouchures anomales du vagin, de l'intestin, des uretères, de l'urètre, etc. — Existence anomale d'un cloaque.

[ocr errors]

TOUTES les fois que deux ou plusieurs organes se trouvent en relation directe de position, c'est-à-dire en contact, il existe entre eux ce que l'on nomme assez improprement rapport anatomique. Si, en outre, ils se trouvent liés, unis entre eux, soit médiatement, soit immédiatement, il y a entre eux, non plus simple rapport, mais connexion. Ainsi les relations de position qui existent entre deux replis contigus du canal intestinal, entre un muscle et les vaisseaux ou les nerfs qui passent au dessus ou au dessous de lui, entre une artère et ses veines satellites, sont seulement des rapports. Au contraire, les relations que présente un os avec les autres os qui l'entourent, avec les muscles et les ligamens auxquels il donne attache, celles qui existent entre une branche nerveuse ou vasculaire et les rameaux qu'elle fournit ou bien le tronc sur lequel elle s'insère, sont de véritables connexions.

Les anatomistes qui trop souvent négligent de déterminer la valeur des termes qu'ils emploient, ont fréquemment

confondu la connexion avec l'insertion qui n'est qu'un mode particulier de connexion, et ils ont ainsi restreint dans d'étroites limites le sens de ce dernier mot. D'autres, au contraire, n'établissant aucune différence entre la connexion et le rapport, ont donné une immense extension à un terme dont la valeur peut être cependant déterminée exactement par ses seules données étymologiques. Persuadé que la précision dans les mots est loin d'être étrangère à la précision dans les choses, je chercherai à éviter également ces deux abus de langage, et à rester fidèle aux définitions trèssimples, et par cela même très-naturelles, que je viens de poser.

En distinguant le simple rapport de la connexion, j'ai distingué aussi les anomalies qui consistent dans de simples changemens de rapports, des véritables anomalies de connexion. Les premières rentrent toutes dans l'ordre précédent. En effet, tout changement de rapports n'est que l'effet, le résultat d'un changement de position, et ne peut être diştingué de celui-ci; ou plutôt, dire que deux organes ne se trouvent plus entre eux dans les rapports ordinaires, c'est véritablement exprimer, en d'autres termes, que l'un d'eux au moins a subi un déplacement.

Les anomalies de connexion sont toujours aussi accompagnées d'un changement, au moins partiel, dans la position d'un ou de plusieurs organes; car, pour qu'il s'établisse des connexions anomales entre deux parties quelconques, il faut de toute nécessité, ou bien qu'elles soient venues à la rencontre l'une de l'autre, ou bien que l'une, conservant sa position ordinaire, l'autre se soit portée vers elle, et ait ainsi subi un déplacement au moins partiel. Il suit de là qu'il existe une analogie très-marquée, mais non complète, entre les anomalies de position et les anomalies de connexion; et c'est pourquoi, plaçant celles-ci immédiatement après le

« AnteriorContinuar »