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(absence totale ou partielle) peut, quoique assez difficilement, être rapprochée de l'atrésie (imperforation); elle a surtout des rapports incontestables avec la diastematie (division médiane); mais, s'il en est ainsi, comment peut-elle être réunie à la symphysie (réunion ou fusion), qui, sous tous les rapports, doit être considérée comme étant précisément l'inverse de la diastématie?".

La nomenclature tératologique de M. Breschet, beaucoup plus exacte que celle de Malacarne, lui ressemble d'ailleurs par ses principes et ses formes. Plusieurs mots se retrouvent même à la fois dans l'une et dans l'autre nomenclature, ou du moins n'ont subi que de très-légères modifications: tels sont ceux de microsomie ou microsomatie, macrosomie, etc. Les mots atrésie, ectopie, agénésie, diastématie, etc., avaient aussi été employés par divers auteurs avant M. Breschet, qui, avec juste raison, a conservé la plupart des noms déjà existant dans la science, au lieu de proposer des termes nouveaux, qui n'eussent pu que créer de nouvelles difficultés de terminologie. Quant aux principes eux-mêmes de sa nomenclature, ils sont, je dois le dire, inadmissibles à mes yeux, du moins dans leur ensemble. Donner à chaque sorte d'anomalie un nom qui exprime tous ses caractères essentiels, renfermer toujours une définition dans un mot, telest le but que M. Breschet paraît avoir cherché à atteindre, et qu'il a réellement atteint à l'égard d'un grand nombre de variétés ou de vices de conformation très-simples. Mais il est absolument impossible d'obtenir le même succès pour la plupart des monstruosités, et même pour un grand nombre de vices de conformation; car, dans ce cas, ou le nom serait insuffisant pour caractériser l'anomalie, ou bien il deviendrait d'une longueur telle qu'il serait presque impossible de le retenir. La nomenclature de M. Breschet nous fournit des exemples de ces deux cas. Comment en effet

retenir des mots tels que diastematostaphylie, diastématélytrie, hypodiastématocaulie? Et, d'un autre côté, quelle est la monstruosité dont les caractères essentiels se trouvent exprimés par les mots symphysopsie, diplo'horacie, etc., mots qui, évidemment, sont applicables en commun à plusieurs cas, très-différens ?

M. Charvet, dans une thèse remarquable soutenue à la Faculté des sciences (1), a aussi publié dans ces derniers temps une classification qui mérite d'être exposée avec quelque détail. Il divise les anomalies ou monstruosités (car, comme la plupart des auteurs, il n'établit aucune distinction entre ces mots) en deux classes, celles qui peuvent exister sur un fœtus simple et celles qui résultent de la réunion de plusieurs fœtus. J'examinerai successivement l'une et l'autre.

La première classe est divisée en deux sous-classes: les anomalies de structure, comme les taches cutanées, l'albinisme, l'état lobuleux des reins; et les anomalies de disposition. Celles-ci, extrêmement nombreuses, se partagent à leur tour en trois ordres, savoir: 1° les monstruosités par irrégularité : elles comprennent les anomalies de symétrie, de position, les réunions contre nature, les imperforations ; 2° les monstruosités par défaut; et 3° les monstruosités par

excès.

La seconde classe est divisée, comme la première, en deux sous-classes: les monstruosités par inclusion, et les monstruosités par greffe, distinguées en deux ordres, greffe par implantation, et greffe en soudure.

Cette classification diffère beaucoup au premier aspect de celle de M. Breschet: cependant elle lui ressemble

par

(1) Recherches pour servir à l'histoire générale de la monstruosité, p. 6, Paris, 1827.

un point fondamental, la distinction entre les monstruosités doubles et les monstruosités qui peuvent exister sur un seul sujet. Elle a aussi de nombreux points de contact avec les classifications de Buffon, de Blumenbach et de Meckel, et est incontestablement, dans son ensemble, plus conforme qu'aucune autre à l'ordre naturel. Cependant on peut reprocher à plusieurs des groupes admis par M. Charvet, et en particulier à ses sous-classes et à quelques-uns de ses ordres, ou de n'être pas circonscrits dans des limites exactes, ou de réunir des anomalies entres lesquelles il n'existe que des rapports très-éloignés, En outre, quoique le tableau des déviations organiques, qu'a donné M. Charvet, soit plus complet qu'aucun autre, plusieurs cas trèsremarquables s'y trouvent omis, et tel est entre autres le situs inversus.

On peut rapprocher de la classification de M. Charvet, celle qui se trouve indiquée par Otto dans le savant ouvrage qu'il a publié récemment sur l'anatomie pathologique (1). Toutes les maladies et toutes les anomalies, réunies entre elles sous le nom de déviations ou vices (Abweichungen oder Fehler), se trouvent embrassées à la fois dans cette dernière, et réparties en dix groupes que j'indiquerai successivement.

1. Déviations relatives au nombre. Elles peuvent résulter soit d'une diminution soit d'une augmentation; et quelquefois même il y a augmentation numérique sur un point, diminution sur un autre. La fusion de deux organes en un seul constitue une espèce particulière de diminution numérique.

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II. Déviations relatives à la grandeur. Les nains et les géants se rapportent à cette section.

III. Déviations relatives à la forme.

(1) Lehrbuch der pathologischen Anatomie, t. I. Berlin, 1830,

IV. Déviations relatives à la position. Le situs inversus est le cas le plus remarquable de ce groupe.

V. Déviations relatives à la connexion. Elles consistent tantôt dans la diminution ou l'entière suppression, tantôt dans l'augmentation de la connexion naturelle d'une partie avec celles qui l'avoisinent.

VI. Déviations relatives à la couleur.

VII. Déviations relatives à la consistance.
VIII. Déviations relatives à la continuité.

Les cas qu'Otto rapporte à ces deux derniers groupes, appartiennent tous à la pathologie proprement dite, et non à la tératologie; il en est de même de presque tous ceux qui rentrent dans le groupe suivant.

IX. Déviations relatives à la texture.

X. Déviations relatives au contenu (Inhalt). Ce groupe ne comprend que quelques cas purement pathologiques, tels que l'existence de vers intestinaux, de calculs, etc.

Otto, en indiquant ces divisions à la tête de son Anatomie pathologique, s'est évidemment proposé pour but, moins d'établir une classification que d'indiquer d'une manière générale les différens genres de déviations que peuvent présenter les organes. Il est donc inutile de soumettre ici à un examen critique le travail d'Otto, et de montrer les défauts d'une classification qu'il a à peine esquissée, et que lui même n'a pas adoptée dans le corps de son ouvrage : mais je dois dire que, si les groupes indiqués par ce savant anatomiste ne sont pas toujours entièrement satisfaisans, ils sont du moins pour la plupart très-conformes à l'ordre naturel, et seront sans aucun doute conservés en partie par tous les tératologues (1).

(1.) Au moment où je vais envoyer ce chapitre à l'impression, j'apprends par la Gazette médicale, no du 17 juin 1831, que MM. Bouvier et Gerdy viennent de traiter la question de la classification des

CHAPITRE VI.

DE L'APPLICATION de la méthode NATURELLE A LA TÉRATO

LOGIE.

Il me reste, pour terminer ce qui est relatif aux travaux faits sur la classification des anomalies, à parler de ceux de mon père. Je chercherai, à leur occasion, à traiter d'une manière complète de l'application de la méthode des naturalistes à la tératologie; sujet dont la nouveauté égale l'importance, et qui se recommande ainsi, à double titre, à l'intérêt des tératologues.

SI. But et utilité des travaux entrepris pour l'application de la méthode naturelle à la tératologie.

Les principes que mon père a adoptés dans ses travaux sur la classification des anomalies, et le but qu'il s'est pro

monstruosités, dans les leçons très-remarquables qu'ils ont faites comme concurrens pour la chaire de physiologie vacante à la Faculté de médecine Je me bornerai à indiquer ici en peu de mots les divisions proposées par ces savants physiologistes. M. Gerdy a partagé les monstruosités en quatre grandes classes, savoir: 1o les monstruosités par defaut ou arrêt de développement; 2° par excès; 3° par perversion; 4° par maladies: en d'autres termes, il a repris la classification de Buffon en ajoutant une quatrième classe, peu admissible par elle-même, et qui, fût-elle complètement naturelle, ne pourrait encore être adoptée dans son ensemble, à cause de la difficulté de déterminer quels cas devraient lui être rapportés.

La classification de M. Bouvier est fondée sur les mêmes considérations que celle de M. Charvet; mais celle-ci lui est incontestable. ment préférable. En effet parmi les groupes très-nombreux auxquels M. Bouvier rapporte toutes les anomalies, plusieurs sont très-natų

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