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la science tendront nécessairement à diminuer de plus en plus.

De ces remarques se déduit une règle importante de nomenclature. Si des groupes similaires, presque identiques même, peuvent être établis en plus ou moins grand nombre parmi les monstres triples et les doubles, il est d'une utilité manifeste que ces groupes reçoivent de part et d'autre des noms pareillement similaires, presque identiques même. Or on obtient ce résultat, et l'on a, en même temps, l'avantage d'une notable économie dans le nombre des mots, en rendant les noms distinctifs des ordres et des familles, également applicables, par leur composition étymologique, aux groupes correspondans des deux sous-classes des monstres composés.

C'est ainsi qu'il me devient possible, sans entrer dans de longs développemens, et sans recourir à des dénominations nouvelles, de donner en peu de mots un aperçu général de l'ensemble des monstres triples, et de compléter ainsi cette revue sommaire et anticipée de la classe des monstres composés.

Dans l'ordre des MONSTRES TRIPLES AUTOSITAIRES, on ne connaît guère que trois familles, encore est-ce d'une manière très-imparfaite, et par des observations presque toujours dépourvues d'authenticité : ce sont les monstres triples monomphaliens, les monocéphaliens et les monosomiens; c'est-à-dire précisément les analogues de la dernière famille de chacune des trois tribus des monstres doubles autositaires.

Une semblable remarque est aussi applicable aux monstres triples parasitaires : car on ne connaît également parmi eux que des familles de rang inférieur, savoir, des polygnatiens et des endocymiens.

Ajoutons, en terminant, que des monstres quadruples

monosomiens, et même des êtres encore beaucoup plus complexes, ont été indiqués par divers auteurs, mais toujours par des auteurs dont le nom est dénué de toute autorité.

SECTION V.

DES RAPPORTS DE POSITION DES INDIVIDUS COMPOSANT UN MONSTRE DOUBLE OU MULTIPLE, ET DES AXES.

En posant les bases d'une nouvelle classification des monstres doubles, j'ai dû, en premier lieu, non seulement assigner à chacune des divisions que j'ai établies des caractères faciles à saisir, mais aussi exprimer ces caractères par des termes empruntés au langage ordinaire, afin de les rendre immédiatement intelligibles pour ceux même qui ne possèdent point de notions étendues sur l'organisation des monstres doubles. En effet, si un monstre double se présente à l'observation, le premier problème à résoudre, celui dont il importe avant tout de rendre la solution facile, c'est la détermination du monstre; en d'autres termes, sa réduction successive à l'ordre, à la tribu, à la famille, qui comprend les êtres les plus semblables à lui, et, par conséquent, ceux avec lesquels il est nécessaire de le comparer.

Les définitions que j'ai données de chaque groupe, étant conçues en termes généraux, intelligibles par eux-mêmes, et avant toute définition, me paraissent propres à remplir ce premier besoin : mais, par la nature même de leurs élémens, elles n'ont pas et ne sauraient avoir toute la précision et surtout toute la généralité que comporte l'histoire des monstres composés. Aussi ai-je cru devoir chercher une expression plus rigoureusement exacte des mêmes définitions, et tenter de remédier ici à ce dé

faut de précision qui se fait sentir dans presque toutes les parties de l'anatomie. Les essais que j'ai faits dans ce but remontent à plusieurs années (1), et, en indiquant ici leurs résultats, je puis les présenter comme déjà sanctionnés par l'approbation de plusieurs célèbres anatomistes.

Les remarques que je vais présenter, sont des applications de deux faits généraux, ou, pour mieux dire, de deux lois tératologiques, qui, établies par mon père, il y a quelques années (2), sont aujourd'hui les bases nécessaires et fondamentales de toute recherche vraiment scientifique sur les monstres composés. Ces deux lois, ramenées à leur expression la plus simple, sont les suivantes.

Lorsque deux ou plusieurs sujets sont unis pour composer un monstre double ou plus que double, l'union a lieu entre eux par les faces homologues de leur corps. Ainsi, chez un monstre double, si l'un des sujets est adhérent par la face ventrale du corps, c'est généralement à la face ventrale du corps de l'autre qu'il est uni, et non à sa face dorsale ou à l'une de ses faces latérales; et de même pour les monstres triples (3).

(1) Voyez mes Propositions sur la monstruosité et mon Mémoire Sur la nécessité et les moyens de créer pour les monstres une nomenclature rationnelle et méthodique, loc. cit.

(2) Dans son article Monstres du Dictionn. class. d'hist. naturelle, t. XI, p. 139 et suiv., janvier 1827, et dans ses divers mémoires sur les monstres doubles (tous cités dans la suite de cet ouvrage), mais plus spécialement parmi eux, dans celui qui a pour titre : Considérations zool. et physiol. relatives à un nouveau genre de monstr. nommé Hypognathe. Voyez les Mém. du muséum d'hist. nat., t. XIII, p. 93, et le Journal de médecine vétérinaire, no de févr. 1826, p. 71.

(3) La seule exception connue est relative à des canards monstrueux dont j'ai indiqué dans un autre travail, et dont je décrirai plus bas l'organisation paradoxale. Voyez, parmi les monstres doubles polyméliens, le genre céphalomèle.

De plus, les deux sujets composant un monstre double, et de même les divers sujets qui composent un monstre plus que double, si on les compare deux à deux, sont placés et ont leurs organes disposés plus ou moins symétriquement des deux côtés de la ligne ou du plan suivant lequel se fait l'union (1).

De ces deux faits généraux résulte l'existence, chez tous les monstres doubles, de trois lignes ou axes, savoir, l'axe individuel de chacun des sujets composans, et l'axe général du monstre. Par la considération de ces trois axes et des rapports qu'ils ont entre eux, on peut exprimer les diverses modifications de la monstruosité double avec une précision presque géométrique, et surtout les indiquer par des formules peut-être un peu abstraites, mais simples, abréviatives, et très-propres, soit à fournir des inductions sur les analogies et les différences des monstres doubles comparés entre eux et avec les autres monstres composés, soit mieux encore à montrer les relations nécessaires qui existent entre les deux individus composans.

J'ai désigné ces trois axes dans mes premières publications tératologiques, et je continuerai à les désigner dans le cours de cet ouvrage sous les noms caractéristiques d'axes vertébraux et d'axes d'union.

J'entends par axe vertébral le plan médian ou, pour simplifier, la ligne médiane de chacun des deux sujets réunis : ligne ou plan qui, étant, chez les monstres composés, bien plus souvent latéral que médian par rapport à l'ensemble de l'être, doit recevoir, dans l'histoire de ces êtres ano

(1) Outre les céphalomèles, deux autres genres font à ce dernier fait général des exceptions qui d'ailleurs ne sont pas entièrement inexplicables. L'un de ces genres, les céphalopages, fait partie de la famille des monstres eusomphaliens, et l'autre, appartenant aux hétéraliens, est l'analogue du précédent parmi les parasitaires.

maux, une dénomination générale tout-à-fait indépendante de la position qu'il occupe. Le nom d'axe vertébral m'a paru remplir cette condition, et exprimer les élémens les plus importans de la détermination de cet axe, toujours représenté par la colonne vertébrale.

L'axe d'union est le plan, ou, si l'on veut, la ligne suivant laquelle se fait l'union des deux sujets composant un monstre double. Il est donc toujours interposé entre les deux axes vertébraux, et c'est lui qui, chez tous les monstres doubles (mais non chez tous les monstres composés) représente la ligne médiane de l'être composé pris dans son ensemble.

Ces trois axes peuvent être entre eux dans des rapports très-différens, soit d'étendue, soit de direction. Ils peuvent être égaux ou inégaux. L'axe d'union peut être parallèle aux axes vertébraux; il peut leur être perpendiculaire; il peut aussi leur être oblique; et de là des différences dont l'importance est telle que les exprimer avec exactitude, c'est véritablement résumer én quelques mots toutes les modifications les plus remarquables de l'organisation des monstres doubles.

Sans entrer ici dans des développemens qui doivent trouver place dans les chapitres suivans, je montrerai seulement, en citant quelques exemples, par quelle voie simple et directe et avec quelle facilité la classification des monstres doubles à laquelle m'a finalement conduit l'ensemble de mes recherches, pouvaitêtre déduite à priori et presque tout entière de la seule considération de ces

axes.

Les deux axes vertébraux, ai-je dit, peuvent être égaux ou inégaux de ce premier genre de différences résulte une première division en deux groupes, dont le pre

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