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diverses questions pouvait seule fournir les bases d'une histoire vraiment scientifique des monstres composés; et je me suis dès-lors livré à une série de recherches dont les résultats, publiés en partie il y a quelques années (1), ont déjà été, comme on le verra, admis et même confirmés par quelques savans distingués. Les chapitres qui vont suivre offriront le développement de ces résultats et leur application au détail des faits mais leur résumé doit nécessairement servir d'introduction à ce second livre; et je vais le présenter dans six paragraphes consacrés à l'examen plus ou moins rapide des questions que je viens de poser.

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SECTION PREMIÈRE.

DES LIMITES DE LA CLASSE DES MONSTRES COMPOSÉS.

Les monstres composés sont séparés des monstres unitaires par des caractères trop nets et trop tranchés, pour que la délimitation de ces deux classes, comparées entre elles, puisse donner lieu à des difficultés réelles. En effet, du moment où le quatrième embranchement tératologique se trouve circonscrit dans des limites précises; du moment où la comparaison se trouve renfermée dans le cercle des êtres véritablement monstreux, elle devient très-simple, et fournit immédiatement un résultat net et certain: car il est généralement facile de reconnaître si un monstre offre en lui les élémens, soit complets, soit incomplets, d'un, de

(1) Voyez ma thèse inaugurale intitulée Propositions sur la monstruosité considérée chez l'homme et les animaux, Paris, août 1829 ( Thèse no 185), p. 51 et suiv.; et mon mémoire Sur la nécessité et les moyens de créer pour les monstres une nomenclature rationnelle et méthodique, dans les Annales des Sciences naturelles, t. XX, p. 326, juillet 1830.

suivant la définition donnée plus haut (1), des monstres dans lesquels on trouve réunis les élémens, soit complets, soit incomplets, de deux ou de plusieurs sujets.

Cette classe de monstruosités, caractérisée par des modifications aussi tranchées qu'elles sont remarquables, devait être, et est en effet, l'un des groupes tératologiques les plus généralement admis et les mieux déterminés par les auteurs. Il n'est même aucun système un peu complet de tératologie dans lequel les monstres composés ne forment une classe ou au moins un ordre distinct, et n'aient une dénomination spéciale; et c'est ainsi que nous les voyons appelés tour à tour monstres par excès, monstres doubles ct triples, diplogénèses (2), monstres bijumeaux et trijumeaux (3), etc.

La classe des monstres composés n'était donc point à établir, comme celle des monstres unitaires; mais il restait à déterminer rigoureusement ses limites, à revoir les dénominations et les principales définitions proposées pour elle jusqu'à ce jour, à en apprécier la justesse ou l'inexactitude, à fixer le rang qui appartient à ce groupe dans la classification générale, à établir des subdivisions ordinales, sub-ordinales et génériques, conformes aux principes de la méthode naturelle; enfin, et c'était à la fois la question la plus neuve et la plus difficile, à créer pour toutes ces subdivisions une nomenclature rationnelle. Dès le début de mes études tératologiques, il m'a semblé que la solution de ces

(1) Voyez tome II, p. 179 et suiv.

(a) Voyez, dans la première partie de cet ouvrage, l'analyse des diverses classifications tératologiques proposées par les auteurs, t. I, p. 80 et suiv.

(3) Monstra trigemina et bigemina ( Drillings-und-Zwillings-Missgeburten). Voyez GURLT, Lehrb. der path. Anat, der Haus-Saugeth., part. II, P. 198. Berlin, in-8, 1832.

diverses questions pouvait seule fournir les bases d'une histoire vraiment scientifique des monstres composés ; et je me suis dès-lors livré à une série de recherches dont les résultats, publiés en partie il y a quelques années (1), ont déjà été, comme on le verra, admis et même confirmés par quelques savans distingués. Les chapitres qui vont suivre offriront le développement de ces résultats et leur application au détail des faits mais leur résumé doit nécessairement servir d'introduction à ce second livre; et je vais le présenter dans six paragraphes consacrés à l'examen plus ou moins rapide des questions que je viens de poser.

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SECTION PREMIÈRE.

DES LIMITES DE LA CLASSE DES MONSTRES COMPOSÉS.

par

Les monstres composés sont séparés des monstres unitaires des caractères trop nets et trop tranchés, pour que la délimitation de ces deux classes, comparées entre elles, puisse donner lieu à des difficultés réelles. En effet, du moment où le quatrième embranchement tératologique se trouve circonscrit dans des limites précises; du moment où la comparaison se trouve renfermée dans le cercle des êtres véritablement monstreux, elle devient très-simple, et fournit immédiatement un résultat net et certain: car il est généralement facile de reconnaître si un monstre offre en lui les élémens, soit complets, soit incomplets, d'un, de

(1) Voyez ma thèse inaugurale intitulée Propositions sur la monstruosité considérée chez l'homme et les animaux, Paris, août 1829 (Thèse n° 185), p. 51 et suiv.; et mon mémoire Sur la nécessité et les moyens de créer pour les monstres une nomenclature rationnelle et méthodique, dans les Annales des Sciences naturelles, t. XX, p. 326, juillet 1830.

deux, de trois, de plusieurs sujets; en d'autres termes, s'il est unitaire, double, triple, composé (1).

Si les auteurs ont laissé pour la plupart sans une définition rigoureuse la classe des monstres composés ou, suivant la nomenclature ordinaire, des monstres par excès; si surtout ils ont presque tous renoncé, comme on l'a vu (2), à tracer avec précision les limites qui la séparent des autres groupes tératologiques, ils se sont arrêtés devant des obstacles tout autres que la difficulté de distinguer les monstres composés, par rapport aux autres monstres. Ces obstacles sont, d'une part, le sens vague, indéterminé, étendu au-delà de toute mesure, que l'on a donné jusqu'à présent au mot monstruosité, devenu à tort synonyme du mot anomalie; de l'autre, et par suite, la déplorable confusion qui s'est établie entre ces deux expressions, monstruosité par excès, et anomalie par excès. De là ces nombreuses et si vicieuses classifications dans lesquelles l'hermaphrodisme avec excès, l'augmentation du nombre des doigts, des côtes, des vertèbres, des dents même, la duplicité de la matrice, la multiplicité des mamelles, et toutes les anomalies simples par augmentation de nombre, ont été liées intimement et presque assimilées à l'union vraiment monstrueuse de deux individus : de là ces rapprochemens éminemment contraires à l'ordre naturel, mais presque consacrés par l'usage, ces affinités complétement fausses, mais généralement admises entre des anomalies si différentes, non seulement par leur degré de gravité,

(1) Les seuls monstres composés dont la détermination puisse donner lieu à des difficultés réelles, sont les monstres par inclusion: groupe dont les conditions toutes spéciales seront examinées et discutées avec soin dans l'un des chapitres suivans.

(2) Voyez dans le tome I, le chap. V de la première partie, p. 80, et les remarquès générales qui précèdent l'histoire des anomalies de nombre, p. 620 et suiv,

mais aussi, dans la presque totalité des cas, par leur nature même et par tous leurs caractères essentiels.

C'est cette réunion des véritables monstruosités composées avec les hermaphrodismes par excès et les hémitéries numériques, toujours confondus tous ensemble sous le nom de monstruosités par excès; c'est cette association d'anomalies si diverses qui a surtout contribué à priver la science d'une classification exacte et naturelle des monstres composés : c'est elle par conséquent qu'il importe le plus d'attaquer et de détruire. Or cette réforme nécessaire, je l'ai tentée à l'avance et depuis long-temps, en consacrant, dans sa presque totalité, la première partie de cet ouvrage à la discussion des caractères essentiels et distinctifs des véritables monstruosités comparées aux hémitéries, aux hétérotaxies et aux hermaphrodismes; à l'établissement, pour ces divers groupes, de définitions précises; enfin à la circonscription de chacun des quatre embranchemens tératologiques dans des limites rigoureusement tracées. C'est en m'appuyant sur ces bases d'abord établies, en déduisant toutes les conséquences que pouvaient fournir les principes posés au commencement de cet ouvrage, que j'ai pu ensuite aborder d'un pas mieux assuré l'histoire des divers groupes tératologiques, suivre, par exemple, la série des hémitéries par augmentation numérique, puis celle des hermaphrodismes par excès, déterminer exactement les caractères de l'une et de l'autre, dégager ainsi successivement le groupe des monstruosités composées de toutes les anoma-lies si souvent confondues avec elles, et, par conséquent, préparer par la solution préliminaire de toutes les difficultés, la détermination exacte de la classe des monstres composés.

La définition que j'ai adoptée est l'expression la plus concise des résultats auxquels je suis ainsi parvenu, et je crois

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