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REFLEXIONS

SUR LES

LETTRES

DE NOUVELLES,

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REFLEXIONS

SUR LES

LETTRES

DE NOUVELLES.

I l'on a envie de plaire, il ne faut écrire que d'agréables nouvelles. Et on les raconte d'un air vif, clair & égaïé, fans qu'il y ait rien de fuperflu, de languiffant, ni d'obfcur. Dans le recit qui s'en fait, l'obfcurité, le trop de choJes, & la langueur passent pour les défauts effentiels des Nouvelles. Ces defauts dégoutent, ils font bâiller, & font caufe qu'on n'a nulle eftime pour l'Auteur, ni pour fon Ouvrage.

A MONSIEUR

D'ABLANCOURT.

Patru lui mande de fes nouvelles.

Depuis un mois, ou environ j'ai

pris la perruque, ou pour parler plus exactement, une calotte de cheveux; de forte que j'ai des cheveux plus que toi, & tu as des lunettes plus que moi: A deux de jeu. Ce n'eft pas que je n'euffe la tête encore paffablement garnie; mais la garniture paroiffoit un peu trop antique, & je craignois qu'elle ne bleffaft enfin les yeux d'Amarante. C'eft ainfi que je nomme la Belle qui tient mon coeur. Te voilà bien étonné; & tu diras à ce coup: Amice, nunquam defines ineptire? Ah! mon cher, fi tu l'avois vûë, tu parlerois bien un autre langage: le bruit de mon éloquence, vrai, ou faux, a formé cette galanterie : & ce beau fruit de mes veilles me charme un peu plus que toute la réputation que je puis attendre de mes études. J'aime la gloire: mais je l'aime d'amitié, & non point d'amour. Et je préfére le cœur d'Amarante à toutes les langues de la Renom

mée.

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