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qu'une telle entreprise n'était pas aussi impraticable qu'il le paraît, et je me suis convaincu que toute la difficulté consistait dans la forme sous laquelle il fallait présenter la science pour la rendre attrayante et d'une facile intelligence. Cette tâche présentait bien des diffi cultés qu'apprécieront mieux que personne, les savans qui professent la géologie. Car si d'un côté, la science devait conserver sa haute dignité, de l'autre il fallait la mettre à la portée d'un auditoire, dont la plus grande partie était demeurée jusque-là complétement étrangère aux sciences naturelles; il fallait développer la science et en même temps la rendre attrayante. Aussi tout en expliquant les résultats des travaux et des recherches géologiques, et les conservant autant que possible dans toute leur intégrité, je m'efforçais de leur donner dans la forme tout l'intérêt et tout le charme possibles, ayant soin de faire suivre tous les faits par des exemples nombreux et frappants, que présente la nature et se rapportant aux choses de la vie, ou aux arts et métiers. Quelque tort que puisse faire à l'ordre systématique et rigoureusement scientifique, cette manière de présenter la géologie, je me flatte néanmoins d'avoir respecté la science, et de n'avoir pas manqué le but que je me proposais. Car ces exemples sont indispensables pour donner de l'attrait aux développements théoriques, et en même temps ils détruisent un grand nombre de préjugés; ils expliquent

les croyances populaires, fondées surdes observations incomplètes, et ils répandent des idées vraies sur un grand nombre d'objets.

Depuis long-temps, je pensais à la possibilité d'une géologie à la portée des gens du monde, et je préparais des matériaux. Mais je ne pouvais me dissimuler l'étendue et la difficulté d'une pareille tâche, qui me semblait sous bien des rapports tout à fait inexécutable. Le cours, dont j'ai parlé plus haut, m'enhardit, et me fit concevoir l'espérance de la mener à bonne fin.

L'Allemagne, qui posséde depuis long-temps d'excellents traités des sciences naturelles et physiques, destinés à mettre la science à la portée de la majorité du public, et écrits par des hommes d'un mérite bien distingué, n'a pas encore de pareil traité de géologie. C'est pour tenter de combler une telle lacune, que je publie cet ouvrage. Comme je m'adresse à une classe d'individus, qui ne se sont jamais occupé d'une manière spéciale des sciences physiques et naturelles, je commence par exposer quelques notions indispensables à l'étude de la géologie et, au fur et à mesure que l'occasion s'en présente, je traite de ces sciences, et surtout de la minéralogie, dans leurs rapports immédiats avec la géologie. Je n'ai pas cru devoir citer les nombreuses sources, auxquelles j'ai puisé, pensant qu'un tel ouvrage, pour remplir son but, devait être dégagé de tout l'incommode bagage de

notes et citations, qui ne sont nécessaires, que dans des ouvrages purement scientifiques, et soumis à la discussion des savants. Du reste, après l'étude préparatoire de ce traité, ceux de mes lecteurs, qui voudront acquérir des connaissances plus profondes, pourront recourir à mes traités complets de minéralogie et de géologie, dans lesquels ils trouveront toutes les sources et tous les renseignements possibles.

J'ai essayé de remplacer par de nombreu ses gravures la facilité d'exposition que prête la démonstration dans un cours oral, et à laquelle j'attribue en grande partie le succès de mes leçons. Ces gravures ont été choisies dans les atlas et les collections, que je rassemble depuis longues années pour mes cours à l'univer sité, et j'ai fait tous mes efforts pour que l'exécution et l'exactitude du dessin correspondissent au choix des sujets.

Je ne crois pas devoir arrêter le lecteur plus long-temps pour lui expliquer la pensée qui m'a guidé dans l'ordre des matières; il m'était impérieusement ordonné par le but que je me proposais: instruire en intéressant.

Heidelberg, Décembre 1835.

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Comment est faite dans son intérieur cette terre dont nous habitons la surface? Pour répondre à cette question, nous sommes réduits à une sphère d'observations très bornée, car nous ne pouvons nous flatter d'acquérir des connaissances exactes, que là où l'écorce de la terre est mise à découvert par des profondes coupures, par des éboulements de rochers, causés par des catastrophes plus ou moins violentes, les tremblements de terre, les écroulements de montagne, les inondations etc., et principalement partout où l'homme est descendu à une grande profondeur dans l'intérieur de la terre en exploitant les mines. Il y a des contrées, où les bords des fleuves sont les seules localités, où le regard de l'observateur peut pénétrer à une certaine profondeur. Dans d'autres, les côtes de la mer, pareilles à un mur, offrent de grandes facilités pour examiner les couches et la nature des roches; et surtout lorsque les flots agités rongent les rochers et les excavent, on peut distinguer parfaitement les différentes couches. Les carrières qui ont une grande étendue sont aussi d'un puissant

secours, mais ce sont les exploitations des mines qui nous fournissent les faits les plus importants de la science géologique. Il y a entre la géologie et l'exploitation des mines des rapports si intimes, que l'art du mineur doit être regardé comme la plus importante des connaissances préliminaires de notre science. Cette profession, d'un caractère si particulier, exige une patience infatigable, une application opiniâtre, une vigflance continuelle, et beaucoup de courage et de résolution. Les obstacles à surmonter, les privations, les fatigues, tous les dangers et les souffrances, qui caractérisent la vie du mineur ne peuvent se comparer qu'à celles du marin. Je pense être agréable à un grand nombre d'entre vous en entrant dans quelques détails, et je vais tâcher de vous donner une idée aussi exacte que possible des mines et de leur exploitation. Cette connaissance vous est presque indispensable pour profiter dans vos courses géologiques de tous les secours, que présentent les lieux mis à découvert par les travaux des mineurs, qui nous fournissent la plus grande partie de nos connaissances les plus importantes. Mais tout en admirant les merveilles, que la nature a sémées avec tant de prodigalité dans le sein de la terre, vous ne pourrez vous empêcher d'admirer le courage et la sagacité des hommes qui nous extraient ces trésors.

Cependant il me sera peut-être difficile de présenter un tableau exact à ceux d'entre vous pour qui cette matière est entièrement neuve, et je crains que mes expressions ne soient pas toujours assez claires. Car l'imagination même se réprésente difficilement la vie des mines et ses circonstances qui nous frappent d'étonnement par leur grandeur tout en nous glaçant d'épouUn sentiment tout particulier, une secrète.

vante.

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