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d'alun. Ordinairement les schistes alunifères contiennent beaucoup de pyrites non seulement disséminés mais même en petits lits d'un pouce d'épaisseur. En chauffant la roche on décompose le fer sulfuré, et le soufre, qui se transforme en acide se combine avec l'alumine du schiste et forme l'alun. Nous ne pouvions trouver une meilleure occasion de parler de ce sel que maintenant. Il est vrai que nous citerons plus tard l'alun à propos de beaucoup d'autres roches; mais la préparation la plus ordinaire de cette substance est celle que nous avons citée plus haut, au moyen des efflorescences du schiste alunifère, et d'ailleurs, à l'exception de quelques lignites, qui contiennent un peu d'alun, je ne connais pas d'autres roches où l'on trouve cette substance en filons et en masses réniformes. Mr. de Humboldt rapporte un fait intéressant; il dit que sur le marché de Cumana, dans l'Amérique méridionale, les Indiens vendent des morceaux d'alun de la grosseur du pouce et au dessus.

La nature offre rarement des cristaux parfaits d'alun, des octaèdres comme ceux que l'on peut obtenir artificiellement. On trouve ordinairement ce minéral en masses grenues, ou fibreuses, appellées alun capillaire, ou efflorescences terreuses. Ce sel d'un blanc grisâtre se fait reconnaitre facilement par sa saveur âpre et douceâtre. La propriété astringente et purgative de l'alun est la cause de ses diverses applications. Il servait déjà dans des temps très reculés comme médecine intérieure et extérieure, et il sert de plusieurs manières dans les arts et métiers.

Quant au schiste à aiguiser, je dirai seulement que c'est un schiste argileux mêlé plus ou moins intimément de parties de quartz; il est mat, d'un gris clair

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ou d'un vert sale. On l'emploie pour polir et aiguiser les instrumens en acier. Le Levant fournit d'excellent schiste à aiguiser. Dans les Ardennes, près de Chateau Salm sur le bord de la Glain se trouvaient autrefois beaucoup de carrières de schiste à aiguiser, mais maintenant il n'y en a plus qu'une. Dans cet endroit plusieurs veines de schiste à aiguiser traversent la roche schisteuse, mais leur épaisseur est petite et ne s'élève souvent qu'à un demi pouce.

Le schiste siliceux, masse de quartz compacte, contenant de l'argile, du carbone ou de l'oxide de fer, est à tous égards plus important que le précédent. Tous les peuples septentrionaux fabriquaient autrefois leurs haches d'arme avec le schiste siliceux. De nos jours, cette roche fournit de très bons matériaux pour construire les routes dans certaines contrées, et de plus elle sert comme pierre de touche, c'est-à-dire pour éprouver l'or et l'argent en lingots, battus ou travaillés; pour voir enfin quel est l'alliage que contiennent ces masses métalliques. L'or et l'argent laissent sur le schiste siliceux noir des traces, de la couleur de ces métaux, qui donnent à peu près la quantité de substances étrangères, qu'ils renferment, en les comparant à des morceaux d'or et d'argent dont on connait exactement l'alliage.

On distingue ordinairement le schiste siliceux commun et la lydienne. Celle-ci tire son nom de la province où on l'exploitait anciennement; elle est noire tandis que le schiste siliceux commun est gris ou rouge foncé. Un caractère commun aux deux variétés, c'est une grande abondance de veines de quartz bleu qui les traversent dans tous les sens. Le schiste siliceux résiste beaucoup par lui-même à la déterioration, mais les montagnes escarpées, aigues et crevassées et

les rochers bizarres qu'il compose tombent peu à peu en débris. C'est ce qui explique les galets ou cailloux roulés de schiste siliceux qu'on trouve dans plusieurs pays au milieu des ruisseaux et des fleuves. Le schiste siliceux se présente aussi avec les grauwackes de la même manière que le schiste argileux, c'est-à-dire qu'il forme des lits plus ou moins épais et d'une étendue assez considérable entre les couches et les bancs de grauwacke.

Une circonstance qui donne encore de l'interêt au schiste siliceux, c'est qu'il contient des turquoises; c'est ainsi qu'on a trouvé ce minéral en Saxe et en Silésie et les notions, du reste assez peu étendues, que nous possédons sur la Perse nous indiquent cependant que les turquoises s'y présentent de la même manière. Cette pierre précieuse était employée par les Anciens comme spécifique contre plusieurs maladies et comme amulette pour conserver la jeunesse aux femmes et pour préserver des malheurs, de telle sorte que les turquoises avaient une très grande valeur à cette époque. De nos jours encore, les Arabes ont des opinions particulières sur la turquoise; en Perse le nom de firozah, victorieux, lui est resté, et on vend beaucoup de gros morceaux pour amulette. Le Chah Nadir en portait une en forme de coeur de deux pouces de grosseur avec un verset du Coran gravé en lettres d'or; cette turquoise avait été vendue 5000 roubles par un marchand de Moscou.

J'ai déjà eu occasion de mentionner les idées particulières que l'on avait jadis sur la nature de la turquoise. * Vous savez qu'on la regardait comme un produit organique fossile dont la couleur bleu de ciel serait provenue des oxides métalliques. Ce n'est que plus

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tard que l'on s'est aperçu que des substances tout-a-fait différentes étaient désignées sous le même nom. L'une, la turquoise odolonthide a été déjà éxaminée; l'autre, la turquoise dont je parle, est un véritable minéral qui se présente en plaques épaisses d'une cassure couchoïde, en revêtement réniforme sur les parois des crevasses et en veines ou filons très étroits dans le schiste argileux.

Les turquoises que fournissent la Saxe et la Silésie sont le plus souvent employées dans les arts. La Perse est la véritable patrie de ces turquoises que l'on travaille en Europe pour en garnir des bagues, des épingles, des bracelets, des colliers etc., etc. Il faut que je vous dise quelques mots sur les célèbres mines de turquoise de Nichabour dans la province du Khorassan, ainsi que sur le commerce de ces pierres précieuses.

Une route à travers un pays plat conduit de Nichabour à une série de collines au pied desquelles est situé le village de Madan, dont le nom est l'équivalent du mot mine. Ce sont ces collines qui renferment les turquoises. Tous les voyageurs anciens et modernes, qui ont traversé la Perse, s'accordent à dire que ces mines sont exploitées de la manière la plus misérable. Rien ne peut y être comparé à des puits ou des galeries ni à un travail régulier et conduit d'après les règles de l'art. Tout manque aux ouvriers, même les outils les plus nécessaires; on ne cherche en aucune "inanière à diminuer la besogne afin d'épargner du temps et de l'argent. On n'observe nullement la direction des veines de turquoise, et on n'invente aucun moyen pour enlever les pierres de leur gangue sans les endommager. Dans la plupart des mines, surtout dans les plus anciennes, on voit de grands amas de déblais qui sont souvent remaniés afin de trouver les turquoises échappées

à l'attention des ouvriers. Du reste c'est le gouvernement qui est la cause de la mauvaise direction de cette exploitation, car les turquoises appartiennent à la cou ronne qui en afferme l'exploitation. Mais le peu de surêté des propriétés en Perse empêche toute entreprise de se former; aussi aucun particulier n'ose risquer sa fortune, et les mines restent entre les mains de paysans ignorants. Il n'est pas rare que l'on se permette de s'emparer des pierres les plus belles et les plus précieuses pour en faire cadeau au roi ou au gouverneur, sans avoir égard à celui qui les a découvertes ou au propriétaire et sans leur offrir le moindre dédommagement.

On vend les turquoises sous diverses formes. Tantôt elles sont tout-à-fait débarassées de la gangue et assez frottées pour que la grosseur et la couleur soient apparentes mais non pas polies ni façonnées; ou bien elles viennent dans le commerce encore engagées plus ou moins dans la roche, de sorte que leur valeur intérieure n'est pas si facile à déterminer exactement. Le plus souvent les paysans demandent aux voyageurs des prix exhorbitans et se permettent aussi les duperies les plus grossières. Le débit principal se fait par les marchands qui viennent à Nichabour ou à Mechhed ville visitée tous les ans par un grand nombre de pélerins; ceux-ci, viennent y voir le tombeau de l'Imam Ali, fils de Moussa, regardé comme le patron de la Perse. Le voisinage des mines de turquoise fait travailler dans cet endroit un grand nombre de joailliers. On voit partout des bagues avec des turquoises exposées pour être vendues. Plusieurs caravanserails ne sont habités que par des marchands qui s'occupent de ce commerce. Beaucoup de ces turquoises montées sur de petites bagues sont achetées par des pélerins pieux qui regardent en quelque

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