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ce qui assurément ne serait pas arrivé si on avait eu à craindre des inondations pour cette petite île. Supposons maintenant que le soulèvement du sol de la Suède fut de 40 pouces tous les siècles ce qui ferait 26 pieds 8 pouces pour huit siècles, il s'ensuivrait que l'île Munkholm, à l'époque de la construction du couvent, se serait trouvée à trois pieds huit pouces au dessous des hautes eaux.

Enfin, parmi les exemples remarquables de soulè» vemens continus, on doit compter les évènemens qui se passent dans le golfe de Sautorin. Cette contrée de l'archipel grec a été importante, comme vous le verrez, dans les temps anciens et modernes à cause de la formation d'îles poussées du fond de la mer par des éruptions volcaniques. Mais un fait d'une espèce un peu différente est venu nécessairement augmenter l'importance géologique de ce pays. Une grande étendue du fond de la mer se soulève non pas avec violence, mais déjà depuis de longues années avec tranquillité et peu à peu. Lorsque Olivier, qui avait accompagné l'ambas sade française en Perse, visita Santorin à la fin du siècle passé, des pêcheurs lui assurèrent que des parties du fond de la mer, en face du port de Thera, n'avaient plus leur ancienne forme, qu'elles étaient beaucoup plus élevées. La sonde ne donna que 15 à 20 brasses de profondeur à des endroits, qui avaient été auparavant d'une profondeur immense. En 1829, MM. Virlet et Bory St. Vincent ont trouvé à cet endroit 4 brasses et demi d'eau, et l'amiral Lalande en 1835 seulement 2 brasses. On a pu apercevoir un banc qui avait une étendue de 2,400 pieds d'un côté et 1,500 de l'autre, mais qui tout autour descendait à une très grande profondeur. Des recherches attentives ont fait présumer que cette roche solide

était du trachyte. On croit qu'en 1840 environ, une île nouvelle s'élèvera au dessus du niveau de la mer.

Il ne vous será pas sans doute indifférent de connaître des faits qui indiquent un affaissement successif du sol. On s'est convaincu qu'une partie de la côte occidentale du Groënland s'est affaissée pendant le dernier siècle. J'emprunte ce qu'il y a de plus important à ce sujet, à la relation d'un médecin danois, Mr. Pingel. Les observations les plus anciennes remontent jusqu'en 1777.

On remarqua dans la baie d'Igalik, qu'une petite île de rochers, à une portée de canon environ de la côte, était presque entièrement submergée par la marée haute; cependant les murs d'une bâtisse étaient encore visibles à une hauteur de 6 pieds. Un demi-siècle plus tard, lorsque Mr. Pingel visita l'île, il la trouva tellement submergée, que les ruines seules dépassaient encore le niveau de l'eau. Les Groënlandais s'étaient établis autrefois autour de la colonie de Fredrikshaab; mais maintenant on ne trouve que des amas de pierres à cette place qui a été recouverte par les flots. Un cap, au nord-est de Godhaab, le plus ancien établissement, avait servi de lieu d'habitation à plusieurs familles, depuis 1721 jusqu'en 1736; à présent ce cap est tellement bas, que la marée montante pénètre dans les cabanes depuis long-temps désertes.

Dans la mer Caspienne aussi, plusieurs phénomènes indiquent des affaissement partiels du sol. Au sud de Baku on voit, profondément sous l'eau, les ruines de quelques tours et d'un caravanserail; le peuple prétend que c'est une ville submergée.

Nous avons enfin à connaître des faits qui prouvent que le sol de certaines contrées s'est alternativement affaissé et relevé de nouveau. Le plus remarquable

de tous ces faits est celui qui donne en même temps un exemple frappant de ce qui vient d'être dit. Ce sont les ruines du temple de Pouzzoles. Pendant longtemps, l'histoire parut nous laisser dans une obscurité complète sur les phénomènes singuliers et énigmatiques que l'on aperçoit à cet endroit; aussi ne commença-telle véritablement, que lorsqu'on déterra le temple pendant la moitié du siècle dernier.

C'est à Pouzzoles, ville célèbre du temps des Romains, située au nord-ouest de Naples, que l'on trouve les restes du beau monument appellé le temple de Sérapis, * chef-d'œuvre admiré par les architectes et les antiquaires, et l'objet particulier de l'attention des naturalistes. Ce temple paraît avoir beaucoup de ressemblance avec celui d'Isis, découvert à Pompeïes; mais il devait être plus grand et plus beau que ce dernier. C'est pour cela qu'on se figure difficilement pourquoi les anciens ont élevé un édifice d'une si belle architecture, à quelques pas seulement de la mer, exposé à tous les effets destructifs des flots; car le sol autour du temple est presque aussi bas et peut-être plus bas que le niveau de la mer, et quelques marches seulement conduisent sur le seuil de l'édifice. Il est évident que cette construction a dû être faite au milieu de dispositions différentes de celles qui existent maintenant; la contrée doit avoir subi des changemens dans ses rapports avec le niveau de la mer, et ce qui le prouve très

* Sérapis était le dieu de la médecine; on pense que c'est le même qu'Esculape; des milliers de malades avaient recours à lui. Les temples élevés à ce dieu étaient donc ordinairement bâtis près des sources médicinales. Dans les environs de Pouzzoles et à côté des ruines jaillit encore aujourd'hui une source thermale.

UNIV. OF

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