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empêcha que les pholades ne pénétrassent dans les parties basses enfouies; les parties supérieures qui sortaient de l'eau furent aussi inaccessibles pour ces animaux; ils ne purent se mettre en contact qu'avec le milieu, où leurs travaux considérables prouvent que le temple affaissé resta long-temps dans cet état et que les pholades eurent le temps de s'y établir. On ne doit pas s'étonner de voir que des colonnes élevées comme celles de ce temple aient pu rester intactes dans les événemens plus ou moins violents de l'affaissement et du relèvement; d'abord elles étaient entourées de décombres qui les soutenaient; ensuite, on sait que dans l'affaissement d'un pays tout ce que le sol porte ne tombe pas en ruines. On connaît beaucoup d'exemples, dans l'histoire des tremblemens de terre, d'édifices qui se sont affaissés perpendiculairement sans s'écrouler. Même dans le voisinage de Pouzzoles, au Monte nuovo, dont la formation nous occupera bientôt, se trouve un fait qui mérite d'être cité; on voit dix colonnes de granit debouts dans la mer, qui en couvre le plus grande partie.

Lorsque le relèvement du temple arriva, plusieurs de ces colonnes durent être brisées. On déduit cela de ce que les débris de ces dernières, qui sont épars sur le sol, sont très bien conservés depuis leur base jusqu'à la même hauteur que les trois autres qui sont debouts, et qu'à cette place ils ont aussi une ceinture de cavités et de trous. Les fragmens des colonnes de granit, que T'on trouve en assez grand nombre dans les ruines, sont les seuls qui n'ont pas été forés par les pholades.

*

C'est par les recherches exactes de Mr. Bronn, professeur à
Heidelberg, que nous avons appris ce fait.

Nous sommes autorisés à supposer que le soulèvement du temple de sa position affaissée eut lieu dans le XVIe siècle. Un ancien écrivain italien, Loffredo, a laissé des notices de l'année 1580, dans lesquelles il est dit que, cinquante ans auparavant, on avait pêché dans la contrée du temple. De plus, un chanoine de Naples, Mr. Andrea di Jorio, savant archéologue, auquel nous devons d'excellentes recherches sur les ruines, a retrouvé dans les archives de Pouzzoles des documens anciens, qui parlent des environs agréables du temple sorti des eaux dans le XVIe siècle et donné à des communautés religieuses. Vous avez déjà vu que vers la fin du XVe siècle et au commencement du XVIme, des tremblemens de terre terribles arrivèrent dans les pays dont l'observation nous occupe. Mais un fait qui a une importance toute particulière, c'est la formation du Monte nuovo à Pouzzoles, phénomène volcanique qui se trouve sous tous les rapports en relation si étroite avec mon sujet actuel, que je vais vous en dire quelques mots, quoique j'eusse l'intention de n'en parler que lorsque je traiterai des volcans.

Le Monte nuovo fut formé en 1538 par une éruption. Nous savons par les relations des écrivains de l'époque que cet événement fut précédé de fortes secousses du sol, qui atteignirent leur plus haut degré de violence peu de temps avant la catastrophe. On prétend avoir remarqué que toute la plaine, sur laquelle ce phénomène extraordinaire eut lieu, se souleva. se forma des crevasses par lesquelles l'eau se fraya un passage. Le 29 septembre 1538, environ deux heures après le coucher du soleil, l'éruption commença à se manifester par des dégagemens de flammes. Des cendres, mêlées d'eau et de pierres, tombèrent en si grande

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abondance que tout le pays en fut couvert. Le jour suivant la mer se retira à 400 pieds des côtes et on put en voir le fond couvert d'une multitude de poissons. De l'ouverture du sol d'où venait l'éruption, sortirent d'épais nuages de fumée, qui s'élevèrent si haut qu'on aurait cru qu'ils touchaient la voûte céleste. Ces phé nomènes durèrent pendant deux jours, après lesquels la violence du feu intérieur parut se ralentir. Mais le troisième jour la catastrophe reprit son cours et avec une intensité beaucoup plus grande. Plusieurs jours après, lorsque la violence de ces événemens diminua et que même les dégagemens de fumée eurent pris un terme, on osa enfin s'approcher de ce lieu terrible. Grand fut l'étonnement, lorsqu'on trouva une montagne de plus de 400 pieds d'élévation au dessus de la mer et dont la base avait 8,000 pieds de circonférence; au sommet se trouvait un cratère d'une profondeur à peu près égale à la hauteur de la montagne, de sorte qu'il descendait jusqu'au niveau de l'eau.

L'affaissement et le relèvement alternatifs du sol portant les ruines du temple peuvent seuls, dans l'état actuel des connaissances géologiques, expliquer suffisamment ce fait resté pendant si long-temps énigmatique. Cette idée appartient à un géologue très estimable, Breislak, mort il y a quelques années à Milan. De tous ceux qui visitèrent Pouzzoles, ce fut lui qui s'y arrêta le plus long-temps, qui fit les observations les plus exactes, et qui sût, le premier, relier tout ce qu'il avait aperçu avec l'examen général de la contrée, et surtout avec ses nombreuses expériences particulières. Ce fut ainsi que Breislak arriva à conclure, que cer taines parties de cette contrée étaient restées depuis des milliers d'années à une même hauteur au dessus

de la mer; que d'autres se trouvaient maintenant beaucoup plus bas qu'autrefois, et que d'autres enfin, comme le sol du temple de Sérapis entr'autres, s'étaient affaissées en premier lieu au dessous du niveau de la mer pour se relever encore une fois plus tard, mais dans une position un peu plus basse que la première.

Pour terminer cet examen, il faut que je vous fasse connaître encore un fait qui s'est passé dans les environs de Stockholm, et qui pourrait se rattacher immédiatement aux phénomènes de Pouzzoles. Ce fait a eu lieu depuis que la contrée est habitée, et ne paraît explicable qu'en supposant un affaissement et un relèvement du sol. On sait que la capitale de la Suède est bâtie sur le gneiss et le granit des bords du lac de Mælar, là où ce dernier se met en communication avec un golfe de la mer Baltique. Il y a environ 20 ans que l'on creusa un canal au sud de Stockholm; on traversa à cette occasion un lit de coquilles fossiles semblables à celles qui vivent encore dans la Baltique. A 60 pieds de profondeur, on trouva une cabane de pêcheurs dont la charpente était tellement décomposée et fragile, qu'elle s'écroula sous l'influence de l'air; la partie la plus basse seule parut mieux conservée. Dans l'intérieur de la cabane on vit un âtre, un cercle de pierres avec des cendres et du bois carbonisé; à l'extérieur gisaient des copeaux de bois de pin portant des marques bien reconnaissables de coup de hache. Il ne paraît pas possible d'expliquer la position de cette cabane en, fouie, autrement qu'en supposant, comme pour le temple de Pouzzoles, un affaissement du sol à plus de 60 pieds de profondeur et plus tard un nouveau soulèvement; la cabane affaissée dut être recouverte de sable et de coquilles.

Je vous ai fait la remarque, en commençant, que l'on avait aussi observé dans les mines des phénomènes très importans qui se rattachaient au sujet que je traite. Pour le moment, je me bornerai à dire que, dans le courant du siècle passé, des mouvemens de grandes masses de roche ont eu lieu à environ 560 pieds de profondeur dans les environs de Clausthal. On connaît aussi dans le Tyrol de ces sortes de déplacemens dont l'âge peut être fixé. J'aurai occasion plus tard d'entrer dans de plus grands détails là dessus; ces phénomènes doivent être décrits en même temps que les gîtes de minerais.

Nous allons nous occuper maintenant d'une théorie, au moyen de laquelle on explique use suite de bouleversemens immenses que la croûte terrestre a éprouvés; je veux parler de la théorie des soulèvemens de montagnes. Cette théorie, un des fondemens principaux de de la géologie actuelle, n'est pas neuve. Vers le milieu du dernier siècle, un naturaliste italien célèbre, Lazare Moro, était persuadé que les montagnes et toutes les plaines avaient été poussées du sein de la terre par un feu souterrain, et s'étaient élevées au dessus des eaux qui les couvraient auparavant. Moro fit imprimer cela à Venise en 1740, et un fait qui mérite d'être cité, c'est que cette opinion trouva un défenseur dans la personne d'un carmélite instruit, le père Cirille Generelli. Ce dernier parla ouvertement en faveur de Moro devant l'académie de Crémone. D'autres écrivains anciens, entr'autres Kessler de Sprengseysen, J. E. de Fichtel et Pallas, * durent la même manière de voir et

Quelques remarques sur la vie de ces hommes distingués peuvent trouver place ici. Le célèbre naturaliste Pallas, dont les observations claires et précises ont un mérite tout particulier, naquit à Berlin en 1740. Il voyagea en Russie aux frais de

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