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pareilles. On a trouvé aussi des protées à Sittich, vieux monastère près de Laibach en Illyrie, dans l'eau qui sort de quelques grottes de cette contrée. D'après la nature du pays, qui est rempli de cavités et de grands enfoncemens où vont se perdre les eaux pluviales, il n'est pas tout-à-fait invraisemblable que les animaux dont nous parlons occupent un lac souterrain, situé à une énorme profondeur, d'où ils auraient été entrainés par de fortes crues d'eaux et amenés, à travers les fentes des roches dans les endroits où on les trouve. Ce lac fournirait le protée à la grotte de la Magdelaine et à Sittich en même temps.

Si je ne parle pas des poissons qui sont vomis quelquefois en grande quantité par certains volcans de l'Amérique, c'est que ces phénomènes se rattachent à ceux des volcans et seront traités lorsqu'il sera ques tion de ces derniers.

J'arrive maintenant aux restes d'animaux qui se trouvent dans les cavernes; ce phénomène est un des plus intéressants et des plus importants de tous ceux que les cavités souterraines récelent dans leur sein. Peu d'années se sont écoulées, depuis qu'on s'est livré, sur ces faits, à des recherches exactes, qui ont jeté un nouveau jour sur certaines périodes terrestres restées auparavant dans l'obscurité. Avant cela, bien des gens avaient parcouru des cavernes, sans soupçonner qu'elles renfermassent des ossemens; un grand nombre de grot tes, qui fournissent maintenant une riche moisson de ce genre, étaient visitées depuis un temps immémorial sans qu'on eut jamais aperçu la moindre trace de pareils res tes. Parmi les naturalistes allemands, Leibnitz, Blumenbach et Soemmering ont rendu à cet égard de grands services à la science; j'ai déjà eu occasion de

vous signaler l'importance des travaux de Cuvier et de Mr. Buckland.

Mon but n'est pas de vous communiquer tout ce que l'on connait sur ce sujet; cependant comme j'ai tout lieu d'espérer que vous n'avez pas entendu sans intérêt ce que j'ai déjà dit des pétrifications en général, je vais me permettre de vous exposer sommairement tout ce qu'il y a de plus important sur la question actuelle. Mais avant de nous occuper de la manière dont les ossemens se présentent dans les cavernes et des circonstances qui s'y rattachent, il ne sera pas inutile, je crois, de faire une énumération des animaux dont les restes sont plus ou moins abondants dans les cavernes.

La caverne de Kirkdale, ainsi que celle de Lunel près de Montpellier peuvent servir d'exemple. La première fournit des restes d'hyènes, de tigres, d'ours, de loups, de renards, de belettes, d'éléphants, de rhinoceros, d'hippotames, de chevaux, de bœufs, de cerfs, de lièvres, de lapins, de rats d'eau, de souris, de corbeaux, de pigeons, d'alouettes, de canards, ainsi que des parties d'un oiseau se rapprochant de la grive. Dans la caverne de Lunel on a trouvé des os de 33 espèces de mammifères; parmi les restes d'animaux carnassiers, ceux d'hyène y sont les plus abondants; on rencontre moins souvent des os de chats, de chiens et d'ours; plus rarement encore ceux de rhinocéros, de cochons, de castors, de lièvres, de souris, mais il s'y présente une grande quantité de restes de cerfs, de bœufs et de chevaux. A Yealmbridge, au S. E. de Portsmouth, dans une caverne examinée avec soin, après en avoir déjà enlevé des chargemens entiers d'ossemens, on a encore recueilli des restes d'éléphants, de rhinocéros, de chevaux, de bœufs, de brebis, de chevreuils, d'ours, d'hyènes, de loups, de chiens, de renards, de lièvres, de

lapins, de rats d'eau et enfin d'un oiseau extraordinai rement graud. Les os de chevaux, de bœuf et d'hyènes sont les plus nombreux, tandis que ceux d'éléphants et de rhinoceros sont comparativement plus rares. Vous savez déjà que l'on a découvert des os de mégalonix, espèce de paresseux, dans une grotte de la Virginie.* Enfin récemment, on a trouvé des restes de chauvessouris dans une caverne de la province de Liège.

Quelques-uns des animaux dont les restes sont contenus dans les cavernes méritent plus que d'être cités seulement en passant. C'est surtout le cas pour les ours et les hyènes, car les os d'animaux féroces, et principalement ceux d'ours et d'hyènes se présentent avec beaucoup plus d'abondance dans les cavernes, que dans les terrains d'alluvions. Il sera question dans un autre moment, des restes animaux qui sont bien aussi enfouis dans les grottes, mais plus souvent et en plus grande quantité dans les terrains mouvans des plaines et des vallées.

D'après les restes d'ours contenus dans les cavernes, on est arrivé à distinguer trois espèces étrangères à celles qui vivent de nos jours. La première a été nommée ours de caverne (ursus spelaeus) et se fait remarquer par un front arrondi; sa grosseur dépasse celle de l'ours actuel et peut se rapprocher de celle des chevaux. La figure 1 de la planche XXXIII représente la tête d'un ours de caverne, qui a été dessinée d'après l'un des plus beaux et des plus grands exemplaires de la collection de mon ancien ami et collègue de Soemmering. Les ours de notre époque se nourrissent à la fois de végétaux et de chair, tandis que l'ours de caverne

Tome I, pag. 389.

VINNOIVO

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