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des des cloches, des cercueils, des statues, des vases, fleurs, des fruits, des cyprès et des palmiers, des chûtes d'eaux et des fontaines pétrifiées, des étoiles suspendues à la voûte, des groupes d'hommes et d'animaux, une mère avec ses deux enfans, la ste. Vierge, des moines et des nonnes agenouillés, des bustes, des momies, des têtes de lions et de tigres, des boucs, des tortues, des serpens, des aigles, des hiboux, des dragons et autres figures extraordinaires et fantastiques d'un aspect étrange. * Ils n'interrompent leur démonstration que pour recommander le silence en faisant souvent un signe expressif destiné à inspirer le respect et à provoquer l'admiration. On peut croire que pour la plupart d'entr'eux, ces objets n'ont pas perdu leur attrait, quoiqu'ils les aient vus plusieurs centaines de fois.

Les stalactites sont importantes à plusieurs égards; ce ne sont pas des phénomènes nouveaux pour vous. J'en ai déjà parlé lorsqu'il a été question de la formation continuelle des roches, et même elles nous ont fourni des preuves à l'appui de cette assertion** ; une partie des eaux filtrantes devient peu à pen pierre; sur le sol des grottes s'élévent successivement des stalagmites. Un botaniste célèbre du XVIIe siècle crût avoir trouvé, dans la grotte d'Antiparos, des preuves convaincante pour sa végétation des pierres, parcequ'il fut trompé par des formes stalactitiques semblables à des champignons, des broussailles, des bouquets de fleurs et des fruits de toute espèce, même par de petites forêts composées de

Les figures 1 des planches VIII et XXXII du Tome I. repré sentent des formations stalactitiques dans la grotte de Montserrat, ainsi que dans celle d'Antiparos; des notions plus exactes sur cette dernière grotte seront encore données plus tard. **Tom. I. pag. 256.

stalactites transparentes et brillantes et enfin des troncs d'arbre avec des feuillages et revêtûs d'enduits si élégants qu'ils pouvaient être considérés comme des mousses pétrifiées.

La présence des stalactites, comme vous devez bien le présumer, suppose nécessairement l'existence de crevasses et de fentes à travers lesquelles l'eau chargée de calcaire puisse s'ouvrir un passage. Du reste les grottes sont ordinairement d'autant plus riches en stalactites, qu'elles sont plus étroites et que l'air y a une circulation moins libre.

Ce qu'il y a maintenant de plus important pour nous, c'est de connaître la nature des roches qui renferment les grottes. On trouve ces dernières plus ou moins fréquemment dans les calcaires de tout âge, dans le calcaire grenu ou marbre, dans le calcaire de la grauwacke, le muschelkalk, le calcaire jurassique et le calcaire grossier et en outre dans les dolomies et les gypses. Maintes formations calcaires de l'ancien ou du nouveau continent renferment tant de grottes, elles paraissent par leur nature tellement faites pour donner naissance à ces excavations, qu'elles sont désignées sous le nom de calcaire caverneux. Si l'on demande pourquoi les masses calcaires contiennent des grottes plus souvent que les autres roches, on ne doit pas répondre que la cause en est dans la décomposition des calcaires mais plutôt dans leur friabilité et leur peu de flexibilité. Ces propriétés font que les calcaires dans des soulévemens peu importans ont été plus souvent brisés, fendus que les roches schisteuses et que c'est à ces crevasses que l'on doit attribuer le commencement des grottes. Les roches schisteuses surtout micacées, en général plus souples et plus flexibles, pouvaient résister à dés

Geologie. Tom. II.

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soulévemens peu violents; au lieu de se briser, elles s'étendaient et souvent d'une manière considérable,

Les grottes dans le gneiss, le micaschiste et le schiste argileux sont à ce qu'il parait jusqu'à présent, des phénomènes plus locaux. J'ai déjà cité les grottes que l'on trouve dans le micaschiste du comté de Wicklow, en Irlande. Les géologues qui suivirent l'expédition française en Morée nous ont fait connaître la grotte remarquable de Sillaka à Thermia. Le gneiss, le micaschiste avec des grenats, le schiste argileux, tra versé de nombreuse filon de quartz, le stéaschiste et le calcaire grenu, sont les roches dont est composée cette île, la Cythuos des anciens. Au milieu du bourg de Sillaka à environ 1300 pieds au dessus de la mer, s'ouvre la grotte, qui a une forme toute particulière provenant de la nature des roches qui l'entourent. Ces roches, le micaschiste, le stéaschiste et le schiste argi leux sont ordinairement très solides et les lits qu'elles forment sont coupés presque verticalement. La grotte, dont l'origine doit reposer sans doute sur les soulèvemens de montagnes et les événemens qui en furent la suite, est formée d'excavations de diverse étendue, qui se ramifient dans plusieurs directions et qui sont liées entr'elles par des passages très étroits. Les parois ir régulières et arrondies ne sont unies que partiellement; entre les couches, on voit ordinairement de petits vi des très bas fermés dans la partie inférieure, et du sol s'élèvent des masses de roche anguleuses; pas la moindre trace de stalactite, mais à leur place la grotte de Sil laka possède d'autres phénomènes remarquables. De nombreuses veines de fer oligiste traversent dans tou tes les directions le micaschiste, le steaschiste et le schiste argileux. Ces veines de minerai opposent aux

actions destructrices extérieures, surtout aux courants des eaux souterraines auxquelles la grotte sert de lit, une plus forte résistance que les roches elle mêmes. Les parties saillantes de ces veines métalliques offrent un coup d'œil rare; elles donnent aux parois des grottes l'aspect d'un tissu métallique.

On trouve dans le calcaire grenu beaucoup de grottes dont quelques-unes sont aussi spacieuses que celles du calcaire de la grauwacke et des autres calcaires régardés comme des roches de sédiment. J'ai déjà traité du calcaire grenu, mais nous avons encore à examiner les grottes qu'il renferme. Je ne m'arrêterai pas à celles qui sont situées dans le calcaire grenu des Pyrenées et des montagnes de la Silésie; mais je ferai quelques remarques sur les grottes célèbres de l'archipel grec. Vous vous rappellez sans doute ce qui a été dit sur la grotte de Jupiter à Naxos, ainsi que sur celle d'Antiparos sur laquelle j'ai déjà parlé dans plusieurs occasions.

Antiparos, l'ancienne Oliaros, patrie des grands sculpteurs Phidias et Praxitèles, n'est à peu près qu'un seul rocher de marbre. La grotte, qui s'y trouve, a rendu cette île célèbre, même dans des temps très reculés, et nous possédons là dessus beaucoup de notices anciennes et modernes, qui méritent d'être lues. J'emprunterai quelque chose au récit de Mr. John Auldo, naturaliste anglais, qui décrit les phénomènes géologiques aussi bien qu'il les retrace avec le crayon; c'est en 1835 que Mr. Auldo a visité Antiparos. La route qui conduit à la grotte suit la côte occidentale de l'île entre des hauteurs escarpées composées de gneiss et de calcaire grenu. On arrive par un sentier rapide, à une grande crevasse de rocher, où les voyageurs sont

ordinairement attendus par des troupes entières de guides, munis de cordes, d'échelles et de torches. À peine a-t-on fait vingt pas dans la grotte que le jour disparait et que l'on allûme les torches; celles-ci du reste brûlent d'abord très mal, à cause de l'humidité de l'air et cette circonstance augmente le danger, en même temps qu'elle dérobe à l'œil la grandeur de la grotte. Le chemin descend de plus en plus; le sol humide est uni comme de la glace; une corde conduit le long des pointes des rochers en saillie. Mais bientôt le corridor souterrain resplendit d'une éclat magnifique; des cristaux innombrables font j'aillir des rayons de lumière d'un rouge de sang ou qui affectent les couleurs de l'arc en ciel. On descend dans un gouffre terrible au moyen de marches taillées dans le roc; les difficultés et le danger augmentent à mesure que l'on avance. Souvent on est obligé de se servir des échelles, ou de se suspendre à des cordes pour arriver à des compartimens de la grotte situés plus bas, jusqu'à ce qu'enfin on arrive à la plus grande salle, voûte d'un marbre blanc éblouissant formant un dôme immense, avec des arcades d'une hauteur démesurée.

Lorsqu'il sera question des calcaires et des grès en détail, nous parlerons des grottes les plus importantes renfermées dans ces roches. Seulement je dois placer ici quelques remarques sur les cavités souterraines du calcaire de la grauwacke, phénomènes très fréquents et qui doivent être décrits ici, puisque nous avons déjà exa miné le calcaire de la grauwacke précédemment. Parmi les grottes les plus anciennement connues en Allemagne, on compte celle de Baumann et celle de Biel sur le Harz. Toutes les deux sont situées sur le versant S. E. de la chaîne, au dessus du village pittoresque de

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