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races nouvelles que l'on avoit vues paroître dans les jardins sous les yeux des contemporains..

La greffe et la bouture vinrent alors à l'aide de la culture on commença par croire que le sujet peut quelquefois influer sur le bourgeon greffé, en en modifiant les sucs, et l'on imagina l'existence de ces greffes extraordinaires qui, réunissant des genres très différents, sembloient devoir donner des races nouvelles qui tenoient à tous les deux: d'autres attribuerent ces fruits merveilleux à des compositions capricieuses formées par la réunion de deux bourgeons d'autres enfin établirent en principe que par le seul fait de la greffe répétée plusieurs fois sur un même individu, on obtenoit une amélioration dans la plante.

Il y a eu des agronomes qui ont cru pouvoir changer ou modifier le goût des productions végétales, soit par l'infusion de la semence dans des substances sucrées ou aromatiques; soit par l'introduction de ces substances dans la moëlle de la plante; et la non réussite de ces opérations étoit toujours attribuée à un défaut de procédé plutôt qu'à l'insuffisance du moyen.

C'est à ces différentes méthodes que l'on a attribué tous les phénomenes du systême végétal, dont on ne connoissoit pas la vraie cause.

Ainsi l'on a cru pendant long-temps, et l'on croit peut-être encore aujourd'hui, que l'absence

de l'épine et des duvets, propres à certains végétaux, n'étoit que l'effet d'un changement de climat, d'une longue culture, ou bien de la greffe.

On a aussi de la même maniere attribué à la multiplication de bouture ou de marcotte, la perte des pistils de certaines plantes, et la stérilité de certains fruits dans lesquels on croyoit que ce mode de multiplication pouvoit opérer l'oblitération des parties femelles et l'augmentation du volume du fruit.

On cachoit le manque de preuves dans la nécessité de suivre ces méthodes pendant une suite plus ou moins étendue de générations, et on appuyoit le systême sur l'exemple de plusieurs plantes stériles, telles que le lilas de Perse, la boule de neige (viburnum opulus sterilis. LIN.), l'hortensia ( hortensia rosea), le seringat (philadelphus coronarius. LIN.), et beaucoup d'autres arbustes d'ornement, et sur celui de l'épine-vinette, du néflier sans pépins, etc. : cette théorie ne pouvoit pas, il est vrai, s'étendre aux plantes annuelles ou bisannuelles que la semence produit tous les ans, et dans lesquelles on voit si souvent des exemples de stérilité dans la fleur; mais on a trouvé dans les mêmes principes une explication très-plausible de ce phénomene, et on a attribué les fleurs doubles et les fleurs semi-doubles à la force de la culture, imaginant que cet agent, aidé de substances

nourrissantes, occasionnoit la transformation des parties de la fructification en pétales.

Enfin, voulant donner une explication de ces monstruosités que les végétaux nous présentent continuellement, on les a regardées comme des maladies produites par des causes extérieures que l'on n'a jamais déterminées, et on a attribué à ces causes inconnues la panachure et la fullomanie dans les arbres, et les formes extraordinaires de ces fruits qui offrent des excroissances dans le péricarpe ou d'autres phénomenes semblables.

Toutes ces opinions ont régné pendant des siecles parmi les agronomes, et il n'y a pas longtemps que l'on a commencé à revenir de quelques

unes.

Il étoit certainement intéressant de les discuter; il étoit important d'en établir la solidité ou de les réfuter.

C'est la tâche que je me suis imposée.

J'ai employé mes loisirs à les examiner avec les principes d'une philosophie sévere, et à les soumettre à l'analyse de l'observation et de l'expérience.

Le premier fait qu'il falloit examiner étoit de savoir s'il existe des sauvageons que la greffe ou la culture aient changés en de belles variétés.

Cette question tient à la solution d'un problême

de physiologie végétale qui paroît n'avoir pas encore occupé les savants: il s'agit de savoir quelle est l'influence de ces agents sur les végétaux.

ARTICLE III.

Examen de ces opinions. Influence de la greffe sur les végétaux.

Il faut certainement convenir que la greffe peut influer ainsi que la culture et le sol sur tout ce qui tient au développement des organes du végé tal un arbre greffé est un individu forcé de vivre sur un pied qui n'est pas le sien et duquel il doit tirer sa nourriture: mais dans ce cas le sujet de la greffe ne peut être qu'assimilé au sol: si ses organes se rendent aptes à fournir à la greffe tout l'aliment dont elle est susceptible, celle-ci peut prendre une croissance extraordinaire qu'elle n'auroit pas prise dans un pied d'une autre nature: elle peut rester dans l'inaction grêle et macilente, si le pied qui la porte n'est pas capable par le fait de son organisation de lui fournir l'aliment dont elle auroit besoin.

Ces différentes circonstances peuvent ainsi que la culture, opérer le phénomene que présente le sorbier des chasseurs (sorbus aucuparia. LIN.) qui, greffé sur l'aube-épine (mespylus oxyacantha) croît, à ce que l'on dit, plus rapidement, et ac

quiert plus de grosseur et de fécondité; et celui du pommier des champs qui, greffé sur pommier paradis, devient un arbrisseau grêle presque sans tronc, et dont les branches atteignent à peine la

hauteur de trois metres.

Ces phénomenes ne sont dûs qu'à l'abondance ou au manque de nourriture, et ne présentent d'autres effets qu'un plus ou moins grand développement dans les différentes parties de leur être.

V

On remarque une chose encore plus frappante dans les greffes ordinaires: toute plante greffée paroît déployer, au moins pour un certain temps', un luxe de foliation plus marqué que la plante franche, lorsque la greffe a été prise dans un individu de cette nature: mais ce phénomene n'est dû qu'à une cause très simple: l'arbre franc développe un grand nombre de branches; il ne donne de fruit que tous les deux à trois ans, et lorsqu'il en donne, il s'en charge de maniere qu'il ne peut les nourrir qu'avec la plus grande peine: du moment qu'il est greffé, il s'opere en lui plusieurs changemens: sa tête arrondie et touffue disparoît, et est remplacée par une seule branche qui a, pour se nourrir elle seule, toute la seve qui en nourrissoit une quantité infiniment plus considérable : elle s'étend, il est vrai, ensuite, mais elle ne remplace jamais la quantité de branches qui couron

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