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et un minimum de développement que nulle cause ne peut faire surpasser.

Lorsqu'une plante a peu de nutriment, elle maigrit, elle languit ; mais elle ne sort jamais des proportions propres à son espece : elle atteint le maximum de son développement, si elle jouit de l'aliment qui lui est nécessaire; mais si jamais elle en regorge, elle le refuse, ou si elle est forcée à le pomper, elle en est offensée; ses canaux en sont obstrués, ses organes affectés; ses fonctions vitales en sont altérées, et elle finit par périr.

que

Les faits que nous connoissons sur cela sont tous d'accord avec ces principes. On ne possede d'individus à fleurs doubles dans les especes que l'on multiplie de semence; ceux que l'on ne propage que par la greffe ou de bouture ne présentent jamais ce phénomene: on ne l'a jamais vu ni dans le jasmin, ni dans l'hortensia, ni dans aucune autre de ces plantes exotiques qui, dans nos climats, ne donnent point de semence.

Elles sont cultivées certainement avec autant

de soin que les roses, les renoncules, les jacinthes, les œillets; mais elles ne présentent jamais les caprices de ces belles especes, qui reparoissent tous les jours dans les jardins sous des formes nouvelles et avec le mélange des plus charmantes couleurs.

L'équivoque de ces cultivateurs a été encore plus extraordinaire en ce qui regarde les plantes

stériles, que l'on a attribuées au mode de multiplication par bouture ou par marcotte.

observé

Toutes ces opinions ont été produites par un raisonnement erroné. Nous avons vu qu'ayant que les terrains cultivés n'étoient couverts que de variétés choisies, pendant que les bois n'avoient que des sauvageons, on en avoit tiré la conséquence que c'étoit à la culture que l'on devoit le changement de sauvageons en fruits fins; et l'on a appelé ces derniers du nom de domestiques. Ici, ayant observé que les plantes à fleurs stériles n'étoient multipliées que de bouture ou de marcotte, on en a tiré la conséquence que c'étoit ce mode de propagation qui opéroit, dans la plante qui y étoit soumise pendant un long cours de générations, la perte insensible de ses étamines et de ses pistils, et enfin la stérilité.

Il est facile de voir, dans ce raisonnement, que l'on a pris l'effet pour la cause. On a cru que ces plantes étoient stériles, parcequ'elles sont multipliées de bouture; tandis, au contraire, qu'elles ne sont multipliées de bouture que parcequ'elles sont stériles: s'il en étoit autrement, il s'ensuivroit que toutes les plantes multipliées de bouture seroient stériles, ce qui n'est pas en fait.

Il est aisé de donner une foule d'exemples de plantes qui portent des semences fertiles, quoique multipliées depuis long-temps de bouture. Je ne

citerai que l'olivier et la vigne, et j'observerai qu'au contraire on voit un grand nombre de belles variétés qui ne sont multipliées de bouture que pour les conserver sans qu'elles dégénerent: tels sont les œillets, les grenadiers, et autres.

Mais la preuve la plus irrécusable de la futilité de cette croyance, c'est que ces variétés à fleur stérile ont toutes leur type qui ne l'est point, et dont les semences ont donné sans doute la variété stérile que nous multiplions de bouture: elles présentent, en effet, quelquefois cette variété dans les bois, où certainement la nature ne les a pas multipliées de cette maniere; et je ne serois pas, par exemple, le seul qui eût observé dans les forêts la boule de neige ou le viburnum opulus sterilis à côté du viburnum opulus à fleur féconde.

Je ne m'occuperai pas à combattre l'influence des infusions dans des matieres sucrées, et d'autres semblables procédés par lesquels tous les anciens agronomes prétendoient changer le goût et la couleur des fruits: tous ces préjugés sont maintenant relégués dans les livres d'agriculture du seizieme siecle, et il n'y a pas un cultivateur un peu éclairé qui ne soit convaincu de leur futilité.

D'ailleurs, ces erreurs ne peuvent que disparoître du moment qu'on se sera convaincu que la nutrition, par laquelle la culture et le sol agissent sur les végétaux, ne peut influer que sur leur

simple développement; mais que ses formes, ses couleurs, ses propriétés, n'en peuvent être changées que par la semence.

Telle est la marche de la nature dans toute la chaîne des êtres organisés : les générations varient à l'infini; mais les individus ne changent jamais. Le negre et le blanc donnent naissance à une nombreuse génération de mulâtres; mais le negre, transporté dans les glaces éternelles du Nord, n'y subira aucun changement, non plus que le blanc sous le ciel brûlant de l'Afrique. Le géant conservera sa grande taille au milieu de la plus cruelle disette; et le nain ne grandira jamais, malgré la nourriture la plus recherchée.

La nature a fixé les formes de tous les êtres; elle en a jeté les principes dans les organes de l'embryon; rien ne peut les altérer: elles résistent à la force de tout ce qui les entoure, et conservent toujours, au travers des variations continuelles de nourriture et de sol, l'empreinte primitive qu'elles ont reçue de la nature.

Ses organes, impassibles de changement, modelent toujours de la même maniere les sucs nourriciers qui se présentent à leur influence, et perpétuent sur la terre les productions des deux regnes dans le même état où elles ont été unies au temps de la création.

Semence.

ARTICLE V.

Phénomenes de la reproduction par semence. -Expériences pour constater ces phénomenes.

quences.

:

Consé

La semence est seule dans les végétaux la source des variétés c'est seulement par son moyen que la nature opere ces transformations merveilleuses que le philosophe observe tous les jours sans en pénétrer le principe. La plupart des cultivateurs conviennent de ce fait: ceux même qui attribuent les belles variétés à la culture, avouent que la semence en fournit aussi un grand nombre. Mais jusqu'à ce moment on n'a pas seulement constaté les nombreux phénomenes que présente ce mode de reproduction: c'est ce qui a fait pendant long-temps l'objet de mes recherches. Je vais exposer le tableau de mes expériences: elles me fourniront les principes d'une nouvelle théorie dont je donnerai à la suite le développement.

EXPÉRIENCE I.

J'ai semé pendant plusieurs années des graines d'oranger de la Chine (citrus aurantium sinense, fructu globoso, cortice tenuissimo, etc. GALL. SYN.) à écorce fine et luisante, et j'ai toujours obtenu des orangers à fruit doux dont une partie portoit

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