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EXPÉRIENCE VII.

J'ai fécondé des fleurs d'oranger avec du pollen de plusieurs fleurs d'autres orangers, et j'en ai eu plusieurs fois des fruits dont le péricarpe avoit une forme irréguliere, telle que celle des fruits connus sous le nom de digitati, corniculati, fætiferi ces fruits ne portoient point de pepins, ou en avoient peu et chétifs.

EXPÉRIENCE VIII.

J'ai semé des graines d'oranges, dont la fleur avoit été fécondée par le pollen d'autres fleurs d'orangers, et dont le péricarpe n'avoit subi aucun changement; j'en ai obtenu des plantes, qui ne donnent pas encore du fruit, mais dont une est dépourvue d'épine, et dont une autre étale une foliation très vigoureuse qui la distingue des ordinaires.

orangers

Méthode suivie dans les fécondations artificielles.

Le procédé que j'ai employé dans les fécondations artificielles est un procédé simple et indiqué par la nature.

J'ai choisi du pollen le plus mûr et le plus coloré dans les fleurs les plus nourries, et les plus proches à s'épanouir, et je l'ai appliqué sur le pistil de la fleur que je voulois féconder pour

rendre l'opération plus exacte, j'ai détaché la fleur même de son pied, et l'ayant dépouillée de sa corolle, j'ai frotté les antheres, sans les toucher, sur le stigmate destiné à recevoir la poussiere : j'ai répété cette opération avec plusieurs fleurs différentes sans cependant priver la fleur soumise à l'opération, de ses étamines : j'ai eu soin de la répéter plusieurs fois dans la journée et dans les jours suivants. Cette précaution devenoit nécessaire pour ne pas manquer le moment de l'épanouissement dans le pistil qui devoit recevoir la poussiere, et pour m'assurer au moyen d'une quantité de ce pollen pris dans des fleurs différentes, de `sa disposition à exercer ses facultés fécondantes. Dans les fleurs d'orangers ce moment de concupiscence végétale paroît s'annoncer dans le pistil par l'apparition d'une goutte mielleuse, qui se forme sur le stigmate, et qui sert à retenir la poussiere qui y est appliquée, et dans la poussiere par sa couleur jaune-foncé qu'elle prend au moment même de la maturité, et par sa facilité à s'attacher aux doigts lorsqu'on la touche : mais aussi il faut avoir soin de multiplier les expériences dans cette espèce parceque les fleurs coulent très facilement, et quelquefois après en avoir fécondé plusieurs on ne peut pas en voir nouer une seule. Le succès est au contraire immanquable dans les renoncules et dans les oeillets.

CONSÉQUENCES.

CONSÉQUENCE I.

La fécondation mélangée opère divers phénomenes dans les végétaux : elle agit sur les ovaires ou sur les ovules (Exp. V, VI, VII et VIII). Lorsqu'elle agit sur les ovaires, le péricarpe du fruit qui a été fécondé en reçoit des modifications, et dans ce cas il ne porte pas ou ne porte que très peu de graines (EXP. VI et VII). Lorsqu'elle agit sur les ovules, le fruit qui les renferme n'en paroît pas affecté, mais ceux-ci noués en graines donnent par les semis des arbres qui ne ressemblent pas à leur pere, et qui ont le plus souvent une tendance à la stérilité (Exp. V ).

Cette tendance à la stérilité se détermine de différentes manières : tantôt c'est sur la fleur, et l'on a des plantes à fleur double ou semi-double, ou même à fleur simple et stérile: tantôt c'est sur le fruit, et l'on a des plantes à fruit stérile, ou semistérile car ces fruits, ou ne portent point de graines, ou en portent très peu et mal nourries, Dans tous les cas ces espèces de mulets ont plus d'embonpoint soit dans les rameaux plus vigoureux et dépourvus d'épine, soit dans la feuille plus nourrie, soit dans la fleur à pétales multipliés,

soit dans le fruit à péricarpe plus beau (EXP. V et VIII).

Ces caractères distinguent principalement la plupart des belles variétés : donc les variétés ne sont dues qu'à une fécondation extraordinaire qui agit sur les semences, et qui les modifie au moment de leur conception.

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Il existe une espèce de citrus connue en Italie sous le nom de bizzaria, et en France sous celui d'oranger hermaphrodite (aurantium limo-citratum, folio et fructu mixto. GAL. SYN.), et qui porte tout à-la-fois des bigarades, des limons, des citrons, et des fruits mélangés (1).

Voici ce que j'ai observé sur cette hybride. La même branche porte à-la-fois des feuilles et des fleurs dont les unes annoncent le bigaradier,

(1) On n'a qu'à voir l'Hist. de l'Acad. des Sciences, ann. 1711, p. 57; et 1712, p. 52, où il est parlé de cet oranger, sous le nom d'oranger hermaphrodite.

d'autres le limonier, et d'autres le citronier : elles nouent des fruits qui n'appartiennent quelquefois qu'à une de ces espèces, et qui d'autres fois sont mélangés de deux, et même de trois.

Un scion qui sort violet développe souvent une branche dont les fleurs sont les unes violettes, et d'autres blanches, et les bourgeons de cette branche greffés sur un autre pied y portent quelquefois le caprice de la variété, et d'autres fois y perpétuent un simple bigaradier, quoiqu'ils aient été pris dans l'aisselle d'une feuille de cédrat, et réciproquement un simple cédrat quoique pris dans l'aisselle d'une feuille de bigaradier.

Ce caprice a forcé les jardiniers à le multiplier de marcotte: c'est de cette manière que se perpétue cette hybride sans dégénérer.

OBSERVATION II.

J'ai fécondé des œillets à fleur blanche par des œillets à fleur rouge, et réciproquement: les graines qui en sont venues m'ont donné des œillets à fleur mélangée.

Quelques-unes de ces plantes m'ont présenté le phénomene suivant :

La même plante qui donnoit des fleurs mélangées m'a donné des fleurs entièrement blanches, et d'autres entièrement rouges : elle n'en a donné

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