Imagens das páginas
PDF
ePub

même année 1814. Aussi, dans la séance du 17 août, plusieurs membres ayant fait l'observation de cette circonstance, il fut décidé que le bureau lors actuel continuerait ses fonctions pendant l'année 1815. Il fut arrêté à la même séance qu'une députation, composée des membres du bureau et de MM. Ravier du Magny, Trolliet, Segaud et d'Ambérieux, se rendrait auprès du Maire de Lyon, à l'effet d'obtenir de la ville un local pour les séances du Cercle, que le réglement serait réimprimé au nombre de deux cents exemplaires et qu'il serait suivi de la liste des membres du Cercle. Cette nouvelle édition, due aux presses de M. Ballanche, reproduit toutes les dérogations faites depuis 1808, que nous avons rapportées à leur place, et constate qu'à cette époque le Cercle était au grand complet de ses trente-cinq titulaires. La séance fut terminée par deux communications politiques, c'est à dire une pièce de vers adressée, par M. Tézenas, à Mme la duchesse d'Angoulême, puis des vers prononcés par une jeune demoiselle, devant la même princesse, lors de son passage à Tassin.

A la séance de rentrée, qui eut lieu le 30 novembre, la Commission nommée, afin d'obtenir des autorités un local pour les séances du Cercle, fit son rapport sur les démarches qu'elle avait faites et mit sous les yeux de la Société la lettre suivante adressée au Président :

Lyon, 18 novembre 1814.

« J'ai l'honneur, Monsieur, de vous transmettre mon autorisation, pour que le Cercle littéraire puisse, à l'avenir, tenir ses séances dans la salle de la Société de médecine, au bâtiment de Saint-Pierre.

« J'ai éprouvé, Monsieur, une bien vive satisfaction d'avoir été. à même d'accueillir favorablement votre demande. Veuillez, à cet égard, être mon interprète auprès du Cercle littéraire et l'assurer que je mettrai au nombre de mes plus douces affections, celle de pouvoir faire ce qui lui sera utile et agréable.

« Agréez, Monsieur, l'assurance de ma parfaite considération. «Le Maire de la ville de Lyon,

« d'ALBON. >>

Sur ce rapport, le Cercle décida que des remercîments par écrit seraient adressés au Maire par le bureau. La Société dès lors quitta les salons de M. Ballanche et s'installa dans le local que nous occupons encore aujourd'hui, et dans lequel la prochaine affectation exclusive de ce Palais aux sciences et aux arts doit nous maintenir pour toujours.

15 décembre. Encore une manifestation politique. M. Bonnevie, nommé récemment membre honoraire, assistant pour la première fois aux séances du Cercle, est complimenté par M. le président, qui lui témoigne hautement combien la Société se félicite de voir associé à ses travaux un collègue aussi recommandable. Le récipiendaire offre pour tribut un exemplaire de son Discours pour la bénédiction du guidon donné par

le Roi au 13o régiment de dragons, et, à la demande générale, il en fait lui-même la lecture, qui est accompagnée des plus vifs applaudissements.

Sur le rapport du président, le Cercle arrête enfin qu'une députation, composée de MM. les membres du bureau et de MM. Ravier du Magny, Coste, de Chazournes, Segaud et Trolliet, se rendra auprès de MM. Chabrol et de Fargues, récemment nommés, l'un Préfet et l'autre Maire de Lyon, pour leur offrir les félicitations et les hommages de la Société.

26 janvier 1815, autre manifestation politique. M. Monier communique à la Société un entretien qu'il a eu à Paris, avec un membre de la chambre des députés, sur les embellissements qui ont été faits à la capitale sous Napoléon. Le but de cet opuscule est de montrer que ces monuments somptueux, qui décorent de toutes parts la première de nos villes, n'attestent autre chose que la misère des peuples, et que la manie de construire a été une des passions favorites de la plupart des tyrans. « De nombreux applaudissements se font entendre, dit le procès-verbal, et accompagnent la lecture de notre confrère. » Le temps a bien marché depuis cette appréciation passionnée.

La séance du 23 février fut la dernière de 1815. Les graves événements politiques de cette année et ceux de l'année 1816, les changements de

régime, les malheurs de l'invasion, toutes ces préoccupations poignantes ne permirent pas à la Société de continuer le cours de ses pacifiques travaux. Elle ne put pas reprendre la suite de ses séances avant le 1er mai 1817. Ce jour-là, le Cercle reçut en hommage des publications de genre divers et de nature à donner satisfaction à tous les partis: le Retour de l'Ile d'Elbe, dithyrambe, le Retour des Bourbons, poëme par Monperlier, et Réponse à la lettre d'un Français au Roi, par M. Passeron.

A la séance du 10 juillet, la Société s'enrichit d'un nom qui devait devenir historique : M. Chantelauze, avocat général, y est élu membre titulaire, en remplacement de M. Butignot, avoué, qui s'éloignait de Lyon, et en concurrence avec MM. Journel et Chambet fils. Une grande destinée était réservée à ce candidat: il devait parcourir les plus hauts degrés de la magistrature, devenir le chef de l'ordre judiciaire, s'asseoir dans les conseils de la royauté et voir une révolution éclater sous les mains qui voulaient l'enchaîner, erreur de temps que devaient expier sept années de captivité. La France, que le socialisme n'avait pas encore effrayée, devait opter pour la liberté, dont elle commençait à peine à savourer le délicieux condiment, destiné à se changer plus tard en une liqueur enivrante.

L'année 1818, à laquelle nous arrivons dans l'ordre chronologique, devait se ressentir encore

de la surexcitation de ses devancières. Un peuple ne change pas trois fois de régime en deux ans, sans qu'il ne reste dans les esprits de nombreux germes de discorde, qui éclosent ensuite à distance et troublent la paix publique, sans rien changer à la situation. Ce sont comme les dernières escarmouches de la guerre civile: la résistance vient se briser contre le mur d'airain des faits accomplis, mais elle a encore assez de force pour inquiéter et entretenir l'antagonisme dans la cité. Tel était l'état des esprits en 1818.

[ocr errors]

« Des divisions cruelles, dit un recueil périodique du temps, répandaient en tous lieux leur maligne influence et portaient leur fatal poison jusque dans les réunions où elles auraient dû être le plus étrangères, si la discorde ne se faisait un jeu de ne rien respecter (Spectateur lyonnais, p. 435-7). Le Cercle, en présence de cette incandescence des esprits, dut suspendre le cours de ses travaux, afin de laisser à l'exaltation politique chez ses membres le temps de se calmer. Il reprit au bout de quelques mois ses réunions. A la séance de rentrée, qui eut lieu le 17 décembre, Monier lut un éloge de Pascal, écouté avec le plus vif intérêt, dit le procès-verbal, et Pitt donna communication, de la part de Monperlier, d'un conte en vers de dix syllabes, dans la manière de Gresset. « Retenu chez lui depuis trop longtemps par une maladie cruelle, dans ses douleurs,

« AnteriorContinuar »