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EDITED BY LEON DELBOS, M.A.

PRÉFACE DU
'CROMWELL'

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INTRODUCTION

6

LA GENÈSE DE CROMWELL' ET DE LA PRÉFACE.

DANS l'ouvrage qui a pour titre Victor Hugo, raconté par un témoin de sa vie, Madame Hugo rapporte que Monsieur Taylor, commissaire royal de la Comédie Française, demandait un jour à Victor Hugo, déjà connu par ses Odes et Ballades, si le théâtre ne l'attirait pas. 'J'y pense, répondit Hugo, j'ai même commencé un drame sur Cromwell.'-' Eh bien! donnez-le moi, dit le commissaire, un Cromwell fait par vous ne peut être joué que par Talma.' Pour présenter le poète à l'acteur, il les réunit à dîner. Talma parla de sa profession avec amertume. 'Il n'avait, dit-il, jamais eu un vrai rôle. La tragédie était noble et grande, mais il eût voulu autant de grandeur avec plus de réalité, plus de mouvement et de vie et de familiarité. Un roi qui fût un homme.' Ce que l'acteur rêvait de jouer, le poète dit qu'il rêvait de l'écrire, et il exposa quelquesunes des idées dont il allait faire la préface de Cromwell; il récita même deux scènes déjà composées. M. Biré, dans son Victor Hugo avant 1830, où se trouve rassemblé tout ce qu'il a pu dire de défavorable sur Hugo, refuse de croire que cette entrevue ait eu lieu, ou que Madame Hugo, qui écrivait sous la dictée de son mari, en ait donné un compte-rendu bien fidèle. Hugo pouvait certes un peu arranger ses souvenirs, mais il ne les inventait pas; plusieurs personnes assistaient

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à ce dîner, elles n'avaient pas toutes disparu quand le témoin raconta la vie de son mari et la genèse de Cromwell.

La pièce fut commencée en août 1826; à la fin de l'été de l'année suivante elle était terminée. Elle parut dans les premiers jours de décembre, avec la Préface qui fut écrite en octobre 1827. Mais pourquoi Cromwell ne fut-il pas mis au théâtre? C'est que Talma était mort à la fin de 1826, que Hugo, ayant lu beaucoup, se laissa aller à se servir de ses notes pour placer trop de détails historiques. Et puis il se rendait compte que le goût public n'était pas préparé encore aux audaces de sa pièce, au vers plus libre, aux dates, aux hardiesses de langue. La Censure, avec laquelle le poète devait avoir plus tard bien des démêlés, trouverait à redire aux hardiesses d'opinion; le sujet même de la pièce était de nature à la faire interdire, en cette fin de règne menacée par une révolution, où les moindres allusions contre le principe de la royauté seraient saisies, applaudies ou sifflées, et pourraient donner lieu à des scènes de violence entre des spectateurs emportés par la passion politique. 'La Censure, écrit Vigny en 1829, empêchera toujours d'approfondir les deux caractères sur lesquels repose toute civilisation moderne, le prêtre et le roi.'

D'où venait le choix du sujet et pourquoi Hugo fit-il la préface? L'idée de la pièce on la trouve chez Vigny à qui Hugo écrivait en février 1827: 'Nos pensées coïncident souvent. Vous savez que j'ai repris le xviie siècle où vous l'avez laissé, et que j'ai fait du dernier mot de votre roman (Cinq-Mars) le premier

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