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quefois, surtout quand l'éruption est à son déclin, il semble qu'on perçoive un sentiment de véritable fluctuation. C'est une illusion dont l'expérience a fait complétement justice aujourd'hui, mais qui a pu faire croire au développement de phlegmons, qui n'existent jamais dans cette variété de l'érythème.

L'érythème noueux a une marche ordinairement moins rapide que celle des autres variétés; vers le sixième ou le huitième jour, les tumeurs se ramollissent; la teinte rouge devient plus diffuse, elle pâlit, devient grisâtre; puis les nodosités s'affaissent complétement et tout se termine par résolution en dix ou douze jours. Cette variété a, comme on le voit, un caractère, sinon grave, au moins plus sérieux que les autres formes de l'érythème. Elle se présente assez fréquemment à l'état chronique; mais sous ce type même, il est rare qu'elle dure plus de deux septénaires.

Biett avait admis une variété de l'érythème qu'il avait appelée érythème centrifuge. Mais dans cette forme il y avait plus que de l'exanthème, il y avait un caractère essentiel, la dégénérescence des points affectés. M. Cazenave n'a pas cru devoir la conserver là où il l'avait lui-même décrite après Biett, et il l'a reportée au type lupus, auquel elle appartient réellement.

D'un autre côté, on a décrit un érythème qui compliquerait certaines maladies épidémiques, et qu'on aurait observé surtout pendant l'épidémie d'acrodynie qui désola Paris, en 1828 et 1829. Cet érythème, dont M. Cazenave a recueilli un grand nombre d'exemples, consistait dans des plaques d'une rougeur cramoisi, siégeant presque exclusivement aux faces palmaire et plantaire, et disparaissant sous la pression du doigt. Ces rougeurs étaient souvent accompagnées d'un véritable épaississement de l'épiderme et de véritables douleurs que déterminait le moindre

contact.

Enfin, M. le docteur Schedel a décrit un érythème particulier, d'un brun-chocolat, siégeant à la face dorsale des

mains et compliquant la maladie connue sous le nom dẹ pellagre. De ces espèces, l'une sera décrite sous le nom de lupus qui détruit en surface; l'autre ne saurait être regardée que comme un épiphénomène qui ne peut faire une espèce à part; la dernière trouvera sa place quand nous nous occuperons de la pellagre.

CAUSES. L'érythème se développe fréquemment sous l'influence d'une cause externe. Ainsi, il peut être pro. duit par l'action directe du froid ou d'un foyer trop ar dent, par le contact de sécrétions irritantes, du flux leucorrhéique, de l'urine, de l'écoulement muqueux du coryza. Chez les individus à peau fine, chez les personnes grasses, l'érythème peut être le résultat du frottement de deux surfaces contiguës; à ce titre, il est aussi déterminé par l'équitation, par une marche forcée.

En général, l'érythème semble affecter de préférence les individus à peau fine, les femmes, les jeunes gens, les sujets lymphatiques. Il coïncide, chez les enfants, avec l'époque de la dentition. Il est, dans certains cas, symptomatique d'un trouble général; ainsi il apparaît chez les jeunes filles à l'époque de la menstruation; chez les femmes, l'érythème et l'érythème noueux surtout se développent sous l'influence de troubles menstruels, de l'âge critique.

L'érythème est occasionné quelquefois par l'ingestion de certains aliments. Il complique ou continue d'autres maladies. Ainsi, on peut le voir apparaître après une fièvre intermittente; il peut être périodique et, dans ce cas, il coïncide avec une fièvre d'accès, ou avec le flux menstruel, comme M. Cazenave en a vu des exemples. L'érythème noueux peut apparaître pendant la convalescence de maladies graves. L'érythème n'est jamais contagieux. S'il a paru revêtir le type épidémique, c'est seulement quand il se manifestait comme épiphénomène d'une maladie régnant épidémiquement.

DIAGNOSTIC. Le diagnostic de l'érythème est en général facile, bien qu'il doive exister entre toutes les inflammations

exanthématiques une analogie nécessaire d'aspect, qui peut devenir une cause d'erreur ou au moins d'hésitation.

Si la confusion était possible, ce serait peut-être entre l'érysipele léger et l'érythème, que quelques auteurs ont présenté comme un degré, comme une manière d'être de l'érysipele en général ; mais dans ce dernier, même lorsqu'il est peu intense, il y a toujours un gonflement, une douleur acre et brûlante et surtout une marche franchement aiguë, que l'on ne trouve pas dans l'inflammation érythémateuse, et qui suffisent pour séparer ces deux maladies.

Certaines analogies d'aspect ont pu faire rapprocher l'érythème noueux de l'érysipele phlegmoneux; mais pour en établir la différence, il suffit de rappeler que dans le premier il n'y a jamais de fluctuation réelle, jamais de pus, jamais de phlegmon enfin. Nous insisterons d'ailleurs plus à propos sur ce point de diagnostic, en écrivant l'histoire de l'érysipele.

Peut-on confondre l'érythème papuleux avec la roséole, la rougeole ou la scarlatine? Mais dans ces éruptions, véritables fièvres exanthématiques, il y a une généralité de l'éruption, et surtout un cortége de troubles généraux qui manquent dans l'érythème, éruption toujours circonscrite.

Quant à l'urticaire, s'il y a plus d'analogie d'aspect entre cette forme et l'érythème papuleux, il faut se rappeler que ce dernier a une teinte violacée qui manque à l'urticaire dont les plaques sont sinon blanchâtres, d'un rouge franc, et qui estremarquable elle-même par des démangeaisons ardentes qui n'existent jamais dans l'érythème papuleux.

Le prurit qui accompagne le lichen urticatus devra servir aussi à séparer cette affection de l'érythème papuleux dont elle se rapproche par une certaine analogie d'aspect et de couleur, mais dont elle s'éloigne par sa papule, petite, arrondie, proéminente.

Les empreintes fauves, livides, qui succèdent à l'érythème noueux, peuvent-elles en imposer pour des taches syphilitiques? Mais, outre que celles-ci sont excessivement rares,

elles ne disparaissent jamais sous la pression du doigt. Quant aux nodosités de cette forme de l'érythème, si l'on a pu être tenté de les confondre avec des tumeurs gommeuses, il suffit, pour empêcher cette confusion, de se rappeler que les gommes sont de véritables tumeurs, pénétrant dans toute l'épaisseur de la peau, reposant sur une aréole cuivrée, et dont la marche, le ramollissement, l'ulcération, sont des caractères spéciaux qui doivent les séparer nettement de l'érythème.

On a pu prendre pour un érythème les taches qui se manifestent au début de l'éléphantiasis des Grecs; mais celles-ci ont pour caractère particulier et pathognomonique une lésion de sensibilité qu'on ne trouve jamais dans l'érythème et qui doit rendre une telle erreur impossible.

PRONOSTIC.

soit peu grave.

L'érythème n'est jamais une maladie tant

SIEGE ET NATURE. L'éruption érythémateuse peut se présenter sur tous les points de la surface du corps. Quelques variétés semblent avoir des siéges de prédilection ainsi l'érythème papuleux se développerait surtout au cou, à la poitrine, aux bras; l'érythème noueux, au contraire, se manifesterait principalement aux membres inférieurs.

Quant au siége anatomique, les phénomènes de congestion semblent indiquer qu'il est dans le réseau capillaire de la peau enflammée superficiellement.

TRAITEMENT.- Quand l'érythème est produit par une cause externe et directe, l'éloignement de cette cause sulfit pour amener la guérison. Dans le plus grand nombre des cas, quelques boissons rafraîchissantes, un régime doux, des bains tièdes suffisent pour faire disparaître l'éruption. Quand celle-ci dépend du contact ou du frottement de deux surfaces (erythema intertrigo), il faut saupoudrer les points malades avec une poudre inerte, du lycopode ou de l'amidon sec. Quand l'érythème se développe sous l'influence d'un état général, c'est contre ce dernier qu'il importe de

diriger l'effort du traitement. C'est ainsi que des émissions sanguines peuvent devenir utiles quand l'exanthème coïncide avec quelque trouble dans les fonctions menstruelles on conseillera aussi les délayants, un régime doux, le repos absolu dans les cas d'érythème noueux siégeant aux

membres inférieurs.

Dans aucun cas, il n'est utile de recourir à des topiques, soit émollients, soit astringents.

ARTICLE II.

ÉRYSIPÈLE.

SYNONYMIE. Erysipelas; febris erysipelacea (Hoffman); febris erysipelatosa (Sydenham); rosa (Seunert); érysipele de la plupart des auteurs.

DÉFINITION.

L'érysipèle est une inflammation exanthématique non contagieuse, intéressant la peau et le tissu cellulaire dans une profondeur plus ou moins grande et présentant pour caractères une rougeur circonscrite avec aspect luisant des téguments, chaleur et douleur plus ou moins vives, tuméfaction appréciable au toucher, avec ou sans appareil fébrile.

L'érysipèle est une des inflammations les plus fréquentes de la peau, et l'on peut dire qu'il n'existe pas un point de la surface du corps où l'on n'ait eu occasion de le rencontrer. Cependant il se montre de préférence sur les parties habituellement découvertes. En France, c'est à la tête qu'il siége le plus ordinairement, du moins chez les adultes, car sur les enfants, d'après les observations de Billard, il serait plus fréquent au tronc ou aux membres qu'à la tête. Celse rapporte que, chez les Romains, l'érysipèle était très commun aux jambes. Frank a remarqué aussi, qu'à Wilna, il affec‐ tait plus fréquemment les extrémités inférieures surtout chez les vieillards, les sujets cachectiques et ceux dont la profession exige qu'ils soient habituellement debout.

Les auteurs ont admis un grand nombre de divisions pour l'érysipele en se basant, comme l'ont fait Pinel, J. Frank, par exemple, sur des caractères de peu d'importance et

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