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rences de M. Cazenave. J'ai voulu que ce manuel, rédigé, si l'on peut dire ainsi, sous la dictée du maître, ne fût de la part de l'élève que l'expression rigoureusement exacte d'une doctrine sous l'autorité de laquelle il se produit. C'est là le seul mérite qui le recommande à l'intérêt des praticiens.

Je me suis demandé, enfin, si je devais ajouter à ce livre des dessins qui en complétassent la valeur graphique : mais, en voulant rester dans les limites que je me suis imposées, je ne pouvais donner à cet accessoire ni l'importance ni la signification sans lesquelles il n'est qu'un hors-d'œuvre inutile; et j'y ai renoncé pour ne pas mettre sous les yeux des praticiens des modèles qui auraient pu leur donner une idée incomplète ou inexacte de maladies dont l'étude présente tant de difficultés.

Paris, 10 août 1853.

MAURICE CHAUSIT.

INTRODUCTION.

Depuis les temps les plus reculés de la science jusqu'à la fin du siècle dernier, l'étude des maladies de la peau a été généralement soumise à l'influence de certaines idées dominantes, qui devaient apporter un obstacle presque invincible aux progrès du diagnostic et du traitement. Ainsi, sans parler de la doctrine hippocratique, qui faisait de ces maladies, ou des crises de valeur différente, ou des affections dépuratoires ; de la méthode plus positive, mais moins philosophique de Celse, qui créa cette nomenclature dont les éléments diffus devaient défrayer la dialectique de près de vingt siècles, nous voyons, depuis Galien, la pathologie cutanée circonscrite dans les errements d'un humorisme dont les traces ne sont pas encore effacées. Dans cette longue période, on signale à peine çà et là quelques ouvrages tendant à appeler sur les maladies de la peau l'intérêt qui, seul, pouvait les faire mieux connaître le traité de Hafenreffer (1), le livre si curieux de Minadous (2), où la dévotion aux idées humorales se lie à un grand esprit d'observation, et où l'on trouve cette division particulière des maladies de la peau en simples ou locales, en organiques ou affectant tout ou partie de la constitution; le traité de Campolongi (3), plein d'aperçus ingénieux sur la physiologie de

(1) Πανδοχεῖον αἰολόδερμον. Tubinge, 1630.

(2) De humani corporis turpitudinibus cognoscendis et curandis libri III. Patavii, 1600.

(3) Tractatus de morbis cutaneis. Paris, 1634.

la peau et sur certains états pathologiques; celui de Daniel Turner (1), qui étudia ces affections cutanées, selon qu'elles siégeaient à la tête ou sur toute autre partie du corps; l'ouvrage de Lorry (2), qui, unissant la philosophie hippocratique à la diction de Celse, sanctionnait la doctrine des éruptions dépuratoires, et reproduisait presque la classification de Minadous par la division des maladies de la peau en éruptions de cause externe, et en éruptions de cause interne.

Mais, malgré ces efforts dont tient compte l'histoire, l'étude des maladies de la peau était, pour ainsi dire, restée stationnaire; l'étiologie attendait encore une formule exacte; le diagnostic était presque tout entier à faire; le traitement était généralement abandonné aux prescriptions de l'empirisme.

En France, il faut arriver jusqu'au commencement de ce siècle pour voir la pathologie cutanée prendre l'importance et les développements qu'elle comporte, pour voir l'étude plus suivie, plus méthodique des maladies de la peau jeter enfin les bases d'une science plus positive et plus féconde. Les premiers pas dans cette voie furent faits par le professeur Alibert, qui créa, à l'hôpital Saint-Louis, l'enseignement théorique des maladies de la peau, dont le principal mérite est d'avoir, par sa parole élégante et facile, par sa plume exercée et brillante, jeté sur ces affections délaissées un attrait nouveau qui en sollicitait la recherche et l'étude. Placé entre le passé qu'il touchait encore et l'avenir dont il ouvrait la porte, Alibert a tenu évidemment de l'un et de l'autre. Ainsi, dans sa première classification (3), on retrouve la trace et l'influence de quelques préjugés qui ne sont pas encore complétement éteints aujourd'hui. La division des teignes, empruntée à Guy de Chauliac, ne faisait d'ailleurs

(1) Treatise on the diseases incident in the skin. Londres, 1714.

(2) Tractatus de morbis cutaneis, 1777.

(3) Description des maladies de la peau, 1805.

que reproduire la distinction particulière, si peu pratique, de certaines éruptions siégeant à la tête : la famille des dar, tres semble une concession à la doctrine du principe herpétique, qui avait inspiré en 1779 le collége de Lyon, quand il mettait au concours cette question : De variis herpetum speciebus. Cette classification comprenait les teignes, divisées en cinq espèces : la teigne faveuse, la teigne granulée, la teigne furfuracée, la teigne amiantacée et la teigne muqueuse; les dartres, dont Alibert admettait sept variétés : la dartre furfuracée, la dartre squameuse, la dartre crustacée, la dartre rongeante, la dartre pustuleuse, la dartre phlycténoïde, la dartre érythémoïde; les pliques; les éphélides; les cancroides; les lèpres; les pians; les ichthyoses; les syphilides; les scrofules; les psorides.

Outre les reproches généraux qu'elle pouvait encourir et que nous avons signalés, cette classification présente un certain nombre d'inconvénients pratiques. Ainsi eile repose sur des distinctions de forme et de siége qui ne sont, le plus souvent, que des causes de confusion ou d'erreur. Ainsi on ne comprend pas comment telle éruption siégeant au cuir chevelu est une teigne qui devient une dartre, parce que la maladie se développe sur tel autre point du corps. D'un autre côté, cette manière de spécifier les types principaux nécessitait, pour déterminer les espèces, l'emploi de dénominations subsidiaires qui, pour être pittoresques et heureuses, n'en devenaient pas moins, pour la pratique, de nouvelles causes d'incertitude. Il faut reconnaître, d'ailleurs, que le grand ouvrage d'Alibert a rendu un véritable service à la science, en contribuant, par la vivacité et le charme de ses descriptions, à rendre plus facile et plus attrayante l'étude de maladies, auparavant si peu recherchées.

Plus tard, Alibert, ou comprenant les défauts de sa première méthode, ou déjà pressentant l'avenir de la pathologie cutanée, inaugurait une seconde classification, qu'il appelait naturelle, parce qu'elle exprimait, pour lui, la tendance à classer les maladies de la peau selon des caractères

communs, soit d'espèce, soit de nature. Ainsi il a admis douze groupes de dermatoses, contenant chacun un certain nombre de genres, divisés eux-mêmes en variétés.

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Cette classification offre une tendance à un groupement méthodique des maladies de la peau. Mais, à côté d'efforts pour arriver à une classification naturelle, on retrouve l'influence des opinions antérieures ou actuelles dans la formation de certaines familles, selon leurs caractères extérieurs ou leur siége; on y retrouve indiquée la théorie du principe dartreux : mais on a pu reprocher souvent à cette classification sa forme diffuse et une complication d'espèces qui en ont rendu l'application difficile, et qui ont fait qu'elle n'a été considérée que comme un guide peu sûr et qu'on a peu suivi.

Dans un autre ordre d'idées, Willan et Bateman, s'appropriant l'idée générale qui avait présidé à la classification de Plenck, proposaient, pour l'étude des maladies cutanées, une méthode reposant sur les recherches, non plus comme le faisait Plenck, de tous les signes extérieurs indistincte

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