INTRODUCTION DE LA PHILOSOPHIE MODERNE RELATIVEMENT AUX SCIENCES PHYSIQUES I DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS L'Académie des Sciences de Paris n'a été établie qu'en 1666. Déjà l'Italie avait eu son Académie des Lyncei, à Rome 1; elle avait son Académie del Cimento 2, à Florence; l'Alle 1. Fondée en 1603, par le prince Cesi, elle s'éteignit peu après sa mort, arrivée en 1630. 2. Fondée en 1651. magne avait son Académie des Curieux de la Nature, et l'Angleterre sa grande Société royale 2. Si l'on s'en tient à la date légale, l'Académie des Sciences de Paris n'est donc que la cinquième. Mais, avant d'exister légalement, régulièrement, par les ordres du roi, comme dit Fontenelle 3, elle existait sous une forme libre. Quelques hommes de lettres se réunissent, en 1629, chez Conrart, « sans bruit, sans pompe, << pour goûter ensemble, dit Pélisson, tout ce que << la société des esprits et la vie raisonnable ont << de plus doux 4, » et commencent l'Académie Française 5. L'Académie des Sciences commence, de même, par quelques savants qui s'assemblent d'abord chez Monmor, puis chez Thévenot et chez Bourdelot. Ces assemblées sont bientôt célèbres. On y 1. Fondée en 1652. 2. Définitivement établie en 1660, mais existant déjà depuis quelque temps. 3. « Cette Académie avait été formée, à la vérité par les << ordres du roi.... » Histoire de l'Académie royale des Sciences, année 1699, p. 1. 4. Histoire de l'Académie Française. 5. Dont l'établissement est de 1635. examine les expériences et les découvertes nouvelles. Il y vient des étrangers. L'Italien Boccone y apporte ses Observations sur le corail et sur les coquillages de la Sicile 1, le Danois Stenon, homme de génie, anatomiste et géologue d'une perspicacité profonde, y lit 2 son beau Discours sur l'anatomie du cerveau. << Peut-être, dit Fontenelle, ces assemblées de « Paris ont-elles donné occasion à la naissance « de plusieurs académies dans le reste de l'Eu« rope. »>« Il est toujours certain, ajoute-t-il, <«< que les gentilshommes anglais qui ont jeté les premiers fondements de la Société royale de « Londres avaient voyagé en France et s'étaient << trouvés chez MM. de Monmor et Théve« not 3. » Je cite ces paroles de Fontenelle, sans y attacher, comme on peut bien croire, trop d'importance. A compter du milieu du XVIIe siècle, un goût nouveau de philosophie se répand à peu près par 1. Recherches et observations naturelles touchant le corail... examinées à diverses fois... dans les conférences de M. l'abbé Bourdelot, etc. 2. Chez Thévenot. 3. Histoire de l'Académie royale des Sciences, année 1666, p. 4. |