dant à tous les renseignements historiques qu'ils pouvaient lui fournir, ne se rebutant de rien lorsqu'il s'agissait de ses chères études. Aussi, après chaque voyage, quelle abondante moisson de notes, de dessins ne rapportait-il pas ! A partir de l'année 1859, il publiait le résultat de ses incessantes recherches dans le bulletin de la Société polymathique de Vannes, sous le nom de Statistique archéologique du Morbihan. Quelques années après, en 1863, l'imprimerie impériale en donnait une seconde édition, sous le titre de Répertoire archéologique du département du Morbihan. En même temps il préparait un second travail, aussi apprécié, qu'il publia en 1870; c'était son Dictionnaire topographique du département du Morbihan. Ces deux œuvres, les plus importantes de M. Rosenzweig, ne l'empêchèrent pas de faire paraître en même temps des notices très intéressantes sur les archives hospitalières, départementales et communales du Morbihan. Ces articles, remplis de renseignements très curieux, parurent dans l'Annuaire du Morbihan à partir de 1860. En 1863, il mettait au jour une notice sur la Chartreuse d'Auray et le Monument de Quiberon. « A côté de ces travaux, nous devons mentionner un grand nombre de mémoires publiés, depuis 1857, dans le bulletin de la Société polymathique, et sept notices lues à la Sorbonne depuis 1861, parmi lesquels nous citerons: Le Dîner du Chevalier. Les Potiers du pays de Rieux. Du droit de Quintaine. Le Jubilé de 1652. - La Médecine Quelques de nos pères. Borne de Saint-Mériadec, en Plumergat. ordonnances de police à Vannes (1650-1735) et particulièrement celles qui concernent les murailles, les fontaines, les écoliers. Mémoire sur les ordres religieux militaires du Temple et de l'Hôpital, leurs établissements et leurs églises, observés dans le département du Morbihan. Lettre d'un soldat breton à sa mère (1682). — Note relative à la sépulture ancienne trouvée dans le cimetière d'Arradon. Note sur une fouille faite sous un grand lech de la commune de Plouharnel. Fragments manuscrits d'un roman de chevalerie. Excursion archéologique à Saint-Gildas de Rhuys, en novembre 1871. Les Cacous de Bretagne. Les Prévôts féodés en Bretagne. archéologiques de la commune de Guer : l'abbaye, le château de Couédor, le prieuré de Saint-Étienne. Étude sur les anciennes circonscriptions paroissiales du Morbihan. Notice sur les lechs bretons. — L'Épigraphie du Morbihan. - Le Prieuré de Locmaria, en Plumelec. Les Fontaines du Morbihan. Monuments funéraires du Morbihan. Mémoires sur les croix de pierre du Morbihan. « Ces travaux furent justement appréciés par l'autorité, qui s'empressa de récompenser leur auteur en lui décernant tour à tour les décorations d'officier d'académie, d'officier de l'instruction publique et, enfin, de chevalier de la Légion d'honneur. « Depuis plusieurs années, le ministère de l'instruction publique l'avait nommé son correspondant pour les travaux historiques. «En examinant la liste que nous venons de publier, on peut voir à quelle spécialité se livrait M. Rosenzweig. En élève de l'École des chartes, il se rendait compte des difficultés que présentent les études historiques. Pour lui, comme pour tous ses collègues, l'histoire ne peut être écrite qu'au jour où la plupart des questions particulières auront été élucidées. Véritable pionnier de l'histoire, l'archiviste établit les points de repère, pose les jalons qui guideront un jour celui qui pourra recueillir les fruits de tant de recherches pour en faire un tout harmonieux; travail modeste, mais qui trouve sa récompense dans cette satisfaction que l'on ressent lorsque l'on a porté la clarté dans une question, trop souvent l'objet des erreurs et des préjugés les plus grossiers. Tel fut M. Rosenzweig. Outre ces études particulières, il préparait une œuvre considérable, qui devait rendre à notre pays des services signalés. En faisant le classement de ses archives, en inspectant les dépôts des archives communales, il prenait copie de toutes les chartes qui intéressaient l'histoire du département du Morbihan. A ces nombreux documents était venue se joindre la copie de pièces importantes que lui avait fournies la générosité éclairée de nombreux châtelains du pays. Il s'était mis également en rapport avec tous ses collègues qui pouvaient lui procurer des documents précieux pour compléter ce beau travail. Déjà M. Rosenzweig y mettait la dernière main, déjà il en ébauchait, croyons-nous, une préface des plus savantes, lorsque ce besoin impérieux de descendre aux moindres détails, cet excès d'exactitude qu'il apportait en tout le firent encore retarder cette précieuse publication. Elle devait porter le nom de Cartulaire du Morbihan. Elle aurait été le fruit de plus de vingt années d'un travail incessant et journalier. « Ces précieux documents, dont plusieurs sont inédits, ont été recueillis avec une filiale sollicitude par sa veuve et ses enfants. Puissionsnous voir cette grande œuvre mise entre les mains du public. Mais qui pourra apporter dans ce travail cette précision, cette clarté de style qui le caractérisaient, cette science profonde des usages et des coutumes de notre pays qu'il possédait à fond? Tout en travaillant à cette œuvre importante, M. Rosenzweig ne cessait de se montrer pour tous ceux qui venaient le consulter l'homme aimable et complaisant à l'excès. Il passait des heures entières à mettre sur la voie des recherches que l'on voulait faire dans ses archives, prolongeant même, presque tous les jours, ses heures de bureau pour mieux servir les personnes qui s'adressaient à lui. Mais, employé intègre, savant consciencieux, il observait rigoureusement son devoir et ne cessait de poursuivre de ses avertissements ceux qui, sans falsifier l'histoire, n'apportaient point dans leurs études cette précision qui peut jeter de la lumière sur une question controversée. Bien plus, lorsqu'il venait à connaître quelque supercherie littéraire, sa conscience se révoltait et il se mettait en devoir de rendre à chacun ce qui lui appartenait. Aussi, dans les luttes qui trop souvent partagent les sociétés de provinces, le vit-on toujours ne prendre part pour aucun parti, mais aussi ne ménager à personne la vérité : c'est ainsi qu'il sut mériter l'estime de tous. « Longtemps il fut le secrétaire et plusieurs fois le président de la Société polymathique du Morbihan, et, sous son énergique et intelligente direction, cette Société prospéra toujours. Il eut l'honneur et le bonheur de présider le cinquantième anniversaire de sa fondation... » L'Académie des inscriptions et belles-lettres a entendu, dans sa séance du 1er février 1884, la lecture du rapport fait au nom de la commission des antiquités de la France, sur les ouvrages envoyés au concours de l'année 1883, par M. Alexandre Bertrand. Nous détachons de ce rapport les passages suivants : « Si l'Académie fait le plus grand cas des travaux de longue haleine, elle prise fort aussi les œuvres moins étendues, résultat de recherches consciencieuses qui se dissimulent pour ne laisser voir que le fruit de sagaces méditations. L'Essai sur le gouvernement de la dame de Beaujeu a ce caractère. La seconde médaille est accordée au petit volume de 215 pages dont l'auteur est M. Pélicier. « L'Essai sur le gouvernement de la dame de Beaujeu est un curieux chapitre de notre histoire nationale, chapitre à peine ébauché, jusqu'ici, par nos historiens. Le portrait d'Anne de Beaujeu, l'exposé de sa politique, y sont tracés de main de maître. L'importance et le caractère de la politique de la fille de Louis XI n'étaient sans doute pas méconnus, mais, sur le détail de son gouvernement, sur les ressorts qu'elle avait si habilement fait mouvoir, planait une regrettable obscurité. Peu de périodes de notre histoire sont aussi pauvres en renseignements contemporains. « M. Pélicier a dû dépouiller un grand nombre de pièces d'archives manuscrites, y découvrir les renseignements épars qu'elles renferment, les rapprocher des rares témoignages recueillis dans Commines et dans la chronique de Jaligny, combiner ces données diverses en les contrôlant réciproquement en vue de combler cette lacune de l'histoire écrite. Il y a pleinement réussi. La commission lui a su gré non seulement de ce qu'il dit, mais du soin mis à dissimuler les efforts qui l'ont conduit au but. Ces efforts se devinent sans s'étaler coquetterie de bon goût, bien rare chez un historien érudit et dont vous apprécierez le mérite. « Après une indication et une appréciation rapide des sources où il a puisé, l'auteur tire des documents patiemment réunis un exposé lumineux du gouvernement habile, ferme, mais peu scrupuleux de Madame Anne. Les traits plus ou moins sympathiques du caractère de la régente sont mis en relief avec une netteté qui inspire confiance. La place que doit occuper légitimement dans le souvenir des hommes cette digne fille de Louis XI y est judicieusement déterminée. A la fin du volume, nous nous sentons suffisamment renseignés sur l'action puissante d'Anne de Beaujeu, qui, suivant l'expression de Michelet, « mettait autant de « soin à cacher le pouvoir que d'autres mettent à le montrer. » On connaissait les résultats de sa politique. M. Pélicier en a mis, pour ainsi dire, la trame à nu. « Le style du récit est simple, vif, clair. L'auteur ne cherche pas l'effet; il l'obtient par la disposition seule des idées, en les dégageant de tout accessoire inutile. On lira avec plaisir cette savante étude, à laquelle seront obligés de recourir tous ceux qui voudront, désormais, raconter le règne de Charles VIII. « MM. Auguste et Émile Molinier, qui obtiennent la troisième médaille, sont bien connus de vous. L'œuvre envoyée par eux au concours sous le titre de Chronique normande du XIVe siècle est digne de leurs œuvres précédentes. Non seulement la Chronique, comme édition, est entièrement satisfaisante, ce qui n'est pas un faible mérite, mais les auteurs ont su en extraire tout le suc et mettre le fruit de leur travail à la disposition de tous. Qu'est-ce que la Chronique normande? Le titre pourrait égarer. La Chronique n'est, en effet, ni exclusivement ni même spécialement consacrée à la Normandie. L'épithète qui la qualifie rappelle que l'auteur était ou passait pour être Normand. Ce Normand avait parcouru une grande partie de la France. La Normandie, toutefois, est ce qui l'intéresse le plus. « La Chronique commence en 1297 et se termine en 1371. Mais elle n'a d'originalité qu'à partir de 1328 ou même de 1345. Simple compilation jusque-là, elle prend alors l'importance d'un document de premier ordre ayant parfois le caractère d'une source unique. L'auteur a été témoin oculaire des événements. Il y a été souvent mêlé lui-même. Malheureusement le récit est sec, monotone, sans aucun mérite littéraire, de lecture difficile. Les sentiments personnels du narrateur, qui devraient animer son style, y percent si peu que les éditeurs ont eu grand'peine à éclairer de quelques lueurs sa figure effacée. « De cette chronique sèche et monotone, MM. Auguste et Émile Molinier, tout en la reproduisant scrupuleusement dans sa forme médiocre, ont su faire un excellent livre d'histoire. Ils ne se sont pas contentés d'en donner un texte exact collationné sur les manuscrits originaux avec indication de toutes les variantes : ils l'ont encadrée entre une introduction, modèle d'érudition patiente et d'ingénieuse méthode, et un sommaire détaillé où tous les faits mentionnés par le chroniqueur sont non seulement relevés, mais contrôlés par d'autres témoignages. Les dates sont établies avec soin. Sur chacun des personnages figurant dans le récit sont fournis des renseignements précieux, souvent nouveaux. Tous les noms de lieu sont identifiés. Il y a là une œuvre personnelle, un complément de la Chronique, à vrai dire plus précieux que la Chronique elle-même. Une bonne table de noms d'hommes et de lieux termine ce volume, qui réunit à l'intérêt du fond le mérite de l'exécution. Les historiens futurs du xive siècle auront souvent à citer le travail de MM. Auguste et Émile Molinier. L'Académie les devance dans l'expression de reconnaissance qu'ils devront aux éditeurs. » L'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Caen avait mis au concours, pour le prix Lair, le sujet suivant la Poésie française en Normandie au XVe et au XVIe siècle. L'Académie proroge cette question à l'année 1885. Le prix est porté à 1,500 fr. Les mémoires devront parvenir francs de port à M. Armand Gasté, secrétaire de l'Académie, rue Élie-de-Beaumont, 5, à Caen, au plus tard le 31 décembre 1884. Ils porteront une épigraphe ou devise, répétée dans un billet cacheté qui contiendra le nom de l'auteur. L'Académie ne rend aucun des manuscrits qui ont été soumis à son examen; mais les auteurs ont la liberté d'en faire prendre des copies. Notre confrère M. Georges Grassoreille, archiviste de l'Allier, vient de commencer la publication d'une Revue bourbonnaise, historique, artistique et archéologique, qui forme tous les mois un élégant fascicule de 32 pages in-8°, orné de deux planches. Signalons dans le premier numéro la publication (avec fac-similé) d'une inscription chrétienne, trouvée à Saint-Victor, près Montluçon, et jusqu'ici inédite, l'épitaphe de Sigegonde (vre siècle) : + VHIC REQVIESCIT FAMO TA EST VIII KAL IVNIAS Le catalogue des manuscrits grecs, latins et italiens de l'antique abbaye de Grottaferrata, près Rome, en cours de publication depuis l'an dernier, est maintenant terminé et vient de paraître en un volume grand in-4o de 537 pages, sous le titre de Codices Cryptenses seu abbatiæ Cryptæ Ferrata in Tusculano digesti et illustrati cura et studio D. Antonii Rocchi, etc. Tusculani, typis abbatiæ Cryptæ Ferratæ (36 fr. franco). L'auteur promet pour la fin de l'année des Prolégomènes étendus qui compléteront cette savante publication; ces prolégomènes seront distribués gratuitement aux souscripteurs. CALENDRIER PORTATIF DU XV SIÈCLE. Dans notre précédent volume (p. 569) nous avons fait connaître un calendrier portatif du xive siècle analogue à un autre calendrier sur lequel Géraud avait jadis publié une notice. Un troisième document du même genre se trouve en ce moment à la librairie Arrigoni, à Milan. |