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Il était environ deux heures du soir et le ciel était très-pur. En cherchant la cause du bruit qui avait attiré leur attention, les ouvriers découvrirent une sorte d'épais nuage, qui trônait au-dessus d'un mamelon situé à environ 10 kilomètres de distance. Au premier moment, ils crurent à un incendie du côté de l'Espérou; mais, s'étant approchés plus près du brouillard d'où venait le bourdonnement, ils constatèrent avec surprise que ce n'était autre chose qu'une immense colonne de moucherons dont la longueur dépassait 500 mètres, sur une largeur de 30 mètres et une hauteur de 50. Cette phalange monstrueuse d'insectes se dirigeait de l'est à l'ouest.

Un phénomène semblable a eu lieu récemment encore en Normandie. Depuis les premiers jours du mois de septembre, les campagnes y étaient infestées par d'innombrables moustiques, qui font la guerre aux hommes et aux animaux. Au dire des anciens du pays, jamais on n'avait vu de telles quantités de ces insectes.

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Conservation des corps.

Un naturaliste sarde, le professeur Efisio Marini, aurait retrouvé, si nous en croyons les journaux italiens, un secret perdu depuis longtemps, et qui permet de pétrifier complétement les corps humains.

Il y a environ vingt-cinq ans, un savant Vénitien, Girolamo Segato, avait découvert un procédé semblable. Il donnait aux corps la dureté de la pierre, sauf aux articulations qui conservaient une certaine flexibilité. Les résultats obtenus par Girolamo Segato étaient miraculeux, et beaucoup d'étrangers les ont constatés à Florence, en visitant sa collection. Mais il ne trouvait autour de lui aucun en

couragement; les prêtres criaient au scandale et à l'impiété, si bien que Segato finit par mourir sans avoir trouvé d'acheteur pour son secret.

Quelque temps après sa mort, feu l'abbé Francesco Baldacconi, directeur du Muséum d'histoire naturelle de Sienne, obtint quelques résultats qui rappelaient ceux de Segato, et faisaient espérer qu'on retrouverait le procédé du savant florentin. L'abbé Baldacconi trempait les substances animales qu'il voulait pétrifier dans une solution à parties égales de sublimé corrosif et de sel ammoniac (sel d'Alembroth), il les laissait séjourner pendant quelques semaines dans ce liquide. Un échantillon, qu'il a exhibé en 1844, offrait la consistance de la pierre et était tout à fait incorruptible.

Comme Segato, M. Marini tient son procédé secret, on ne peut donc savoir s'il est identique avec celui du célèbre Vénitien; mais le résultat paraît être le même. Il a construit une petite table entièrement composée de substances animales (cervelle, sang, bile, etc.), et qui a, dit-on, tout à fait l'aspect et la consistance du marbre veiné. Ses préparations sont incorruptibles, elles conservent leur coloris naturel, et peuvent, au moyen d'un simple bain dans l'eau tiède, reprendre la consistance et l'aspect des chairs fraîches. M. Marini a, dit-on, le projet de venir exposer ses produits à Paris. Il fera mourir de chagrin nos embaumeurs.

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Le scarabée-diamant.

On a beaucoup parlé en 1864 d'un bijou d'une nature fort exceptionnelle, d'un bijou auquel il faut donner à manger, qu'il faut baigner deux fois par jour, enfin d'un bijou qui meurt si on ne le soigne sans cesse. Ce sont des scarabées

brillants qui nous viennent des environs de Vera Cruz, et que les Espagnols nomment cucujos. Les dames mexicaines les traitent comme des animaux domestiques, et s'en servent pour leur toilette.

Comme on l'a déjà lu dans les journaux petits et grands, les Indiens prennent ces scarabées en balançant en l'air, au bout d'un bâton, des charbons incandescents, et ils les vendent ensuite pour 2 réaux la douzaine. Une fois entre les mains des femmes, les précieux coléoptères sont renfermés dans de petites cages de fil de fer très-fin; on les nourrit de fragments de canne à sucre, et on les baigne deux fois par jour; c'est là un soin indispensable à leur santé, puisqu'il remplace pour eux la rosée du matin et du soir.

Quand les dames mexicaines veulent orner leur toilette de ces diamants vivants, elles les placent dans de petits sacs de tulle léger, qu'elles disposent avec plus ou moins de goût sur les jupes. Il y a encore une autre manière de monter les cucujos. On leur passe une aiguille entre la tête et le corselet, opération qui peut s'exécuter, à ce qu'on assure, mais qui est assez difficile à comprendre, sans blesser ni endommager l'animal, et on pique cette épingle d'un nouveau genre dans les cheveux. Le raffinement de l'élégance consiste à combiner les cucujos avec des fleurs artificielles faites avec des plumes de colibri et de véritables diamants. La coiffure, ainsi composée, est, assure-t-on, d'un effet charmant.

Le cucujo ou cucuyo est un ver luisant, long d'environ un pouce, brun, portant deux bosses de couleur claire et transparente au-dessus des yeux, et sur la poitrine un troisième œil semblable. Ce sont ces organes qui produisent la lumière; elle est assez forte quelquefois pour permettre de lire. L'insecte peut augmenter, diminuer ou supprimer tout à fait cette lueur au moyen de membranes qu'il superpose comme des écrans au devant de ses yeux.

M. Pasteur a présenté dernièrement à l'Académie des

sciences quelques-uns de ces curieux insectes, qui avaient été apportés du Mexique par M. Laurent, capitaine de la Floride. Une expérience faite dans le laboratoire de l'École normale a montré que le spectre de leur lumière est continu, sans raies noires aucunes; il se distingue, en outre, du spectre solaire par une plus grande proportion de lumière jaune.

Le cucujo ou cucuyo est, d'après M. Blanchard, un coléoptère du genre pyrophore, de la famille des Élatérides. En 1766, quelques pyrophores furent apportés vivants d'Amérique à Paris: ils s'étaient trouvés, par hasard, enfermés dans de vieilles pièces de bois et n'avaient point péri pendant la traversée. La vue de ces petits voyageurs phosphorescents causa une grande surprise; et personne ne put alors expliquer un aussi étrange phénomène.

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L'immortalité assurée.

Un journal scientifique d'Allemagne rapporte qu'entre autres curiosités que possède le docteur Grusselback, professeur de chimie à l'université d'Upsal, se trouve un petit serpent, qui, rigide et glacé comme un morceau de marbre, devient en quelques minutes, et à l'aide d'une aspersion stimulante composée par le savant professeur, aussi vif et frétillant qu'au moment où il a été pris, il y a dix ans. Il suit de ce fait que le docteur Grusselback aurait trouvé le moyen d'engourdir le petit serpent et de le désengourdir à

volonté.

Si ce fait se réalise pour l'homme comme pour le reptile, la mort perdrait son empire sur l'humanité, et l'on pourrait conserver les vivants comme autrefois les Égyptiens conservaient les momies.

Le procédé qu'emploie le docteur Grusselback n'est autre, paraît-il, qu'un abaissement graduel de la température jusqu'au point de conduire par le froid les individus à une torpeur complète, sans léser ni altérer les tissus. Dans cet état, il n'y a ni vie ni mort, il y a engourdissement.

M. Grusselback a soumis au gouvernement suédois cette expérience vraiment miraculeuse et a proposé de la faire subir à un malfaiteur condamné à mort. L'habile chimiste l'engourdirait comme le petit serpent, le laisserait un an ou deux dans un état de mort apparente et le ressusciterait à l'aide de son aspersion stimulante.

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