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Discussion à l'Académie de médecine sur la théorie
des mouvements du cœur.

Tout le monde connaît, ou devrait connaître du moins, le phénomène de la circulation du sang dont l'immortel Harvey a révélé au monde le merveilleux mécanisme. L'une des grandes fonctions de la vie organique, auxquelles elle sert d'intermédiaire, et qu'elle lie à leur tour aux fonctions de la vie animale, la circulation, s'opère à l'aide d'un triple système de canaux, artères, veines et vaisseaux lymphatiques, les uns apportant les principes absorbés par le travail de la digestion et celui de la respiration, les autres distribuant ces principes dans tous les organes pour les nourrir et les vivifier en même temps qu'ils se chargent des matériaux, qui, devenus impropres à la nutrition, doivent être éliminés et rejetés par les émonctoires de l'économie. Placez au centre de ce système un organe creux, contractile, à cavités multiples, tout à la fois aboutissant et point de départ des troncs principaux d'où se ramifient ou vers lesquels convergent en se ramifiant à l'infini ces innombrables canaux, et vous aurez une idée de l'ensemble de ce grand appareil circulatoire.

Nous jugeons indispensable d'entrer dans quelques détails descriptifs sur le cœur, l'organe central et l'agent principal de la circulation, pour mettre nos lecteurs à même de

comprendre et de suivre l'exposé des intéressantes recherches expérimentales qui ont été faites dans le but de fixer quelques points encore indécis de la théorie des mouvements de cet organe.

Le cœur est un organe musculaire, creux, de forme conoïde; son volume est à peu près celui qu'offre le poing fermé d'un homme adulte. Il est séparé intérieurement en deux moitiés à peu près semblables (moitié droite et moitié gauche), adossées l'une à l'autre, et partagées chacune en deux cavités appelées, l'une le ventricule, l'autre l'oreillette. Le cœur présente donc deux ventricules et deux oreillettes, chacune de ces oreillettes surmontant un des ventricules et communiquant avec lui. Dans l'oreillette droite s'abouchent deux gros troncs veineux que l'on appelle l'un la veine cave supérieure et l'autre la veine cave inférieure double, aboutissant de toutes les veines venant de toutes les parties du corps. Dans l'oreillette gauche s'abouchent les veines pulmonaires qui, comme leur nom l'indique, vont du poumon au cœur. Nous avons dit que chaque oreillette communiquait directement avec le ventricule correspondant. Cette communication a lieu au moyen d'un orifice que l'on nomme auriculo-ventriculaire, et qui est pourvu d'une valvule. La valvule de l'orifice auriculo-ventriculaire droit est appelée tricuspide, celle de l'orifice auriculo-ventriculaire gauche est désignée sous le nom de valvule mitrale. Dans le ventricule droit est une large embouchure, c'est celle de l'artère pulmonaire allant du cœur aux poumons. Dans le ventricule gauche est l'embouchure de l'artère aorte ou tronc artériel principal, unique d'abord, bientôt divisé en deux grands troncs l'aorte ascendante et l'aorte descendante, d'où partent toutes les divisions et subdivisions, artères et artérioles qui se répandent dans toutes les parties du corps.

Ces dispositions connues dans ce qu'elles ont de plus essentiel, voici comment se fait, dans cet appareil si vaste ́ et si compliqué, ce mouvement successif et circulaire du

sang, qui, poussé par le cœur dans les artères, est rapporté à cet organe par les veines pour en repartir de nouveau, et que l'on désigne à cause de cela sous le nom de circulation:

Prenant un point de départ fictif dans ce mouvement continu et incessant, qui n'a en réalité ni commencement ni fin, nous saisissons le moment où le ventricule gauche se contracte pour chasser dans les artères le sang rouge qu'il renferme.

Projeté dans l'aorte par la contraction du ventricule gauche, le sang rouge, c'est-à-dire le sang qui contient tous les produits utiles du travail digestif et qui a subi l'action de l'air en passant par les organes de la respiration, parcourt rapidement toutes les divisions et subdivisions des canaux artériels qui augmentent de nombre en même temps qu'ils diminuent graduellement de calibre, et arrive par ces subdivisions successives dans les extrémités les plus ténues de ces vaisseaux qui se répandent en se multipliant indéfiniment dans la trame de tous les organes pour y déposer les principes nutritifs et vivifiants qu'il renferme ou, en d'autres termes, pour fournir aux organes les matériaux du travail incessant d'assimilation qui s'y opère. Mais en même temps que se fait ce travail d'assimilation, s'opère aussi le travail contraire de désassimilation, d'où résulte le renouvellement incessant de la substance dont se composent nos organes. Le sang dépouillé des principes nutritifs et vivifiants qu'il renfermait et devenu par ce fait noir, de rouge qu'il était, est repris dans cet état par les radicules de petits vaisseaux d'un calibre également ténu et qui, en se réunissant et s'abouchant les uns aux autres suivant une progression inverse, vont, en diminuant graduellement de nombre et augmentant de volume, constituer un nouveau système vasculaire que l'on appelle le système veineux. On désigne sous le nom de système capillaire l'ensemble de tous ces petits vaisseaux d'un calibre microscopique, inter

médiaire entre les dernières ramifications des artères et les premières radicules des veines, et dans lequel s'opèrent ce double travail d'assimilation et de désassimilation et la transformation du sang rouge en sang noir. C'est ce sang noir que les veines transportent suivant un courant inverse, de la périphérie au centre, dans les deux grands troncs veineux principaux, la veine cave inférieure et la veine cave supérieure, qui viennent, à leur tour, le déverser dans l'oreillette droite du cœur, où il est rejoint par la lymphe et le chyle versés par des vaisseaux spéciaux, pour arriver en fin de compte dans le ventricule droit.

Arrêtons-nous un instant ici. On vient de voir le grand circuit qu'a parcouru le sang. Parti du ventricule gauche du cœur par l'orifice de l'artère aorte, il est allé se répandre par toutes les divisions du système artériel dans la trame de tous les organes, d'où, repris par les veines, il est revenu par les deux gros troncs veineux dans le ventricule droit. C'est là ce que l'on appelle la grande circulation. Il y a, en effet, circuit complet. Mais la circulation n'est pas complète, ce n'est que la moitié, la plus grande moitié, il est vrai. Il nous reste à faire connaître un deuxième circuit, que l'on désigne sous le nom de petite circulation, et qui, joint au grand circuit, représente la figure en circuit double du 8 de chiffre. Cette petite circulation est ce que l'on appelle encore la circulation pulmonaire.

Nous reprenons le sang dans le ventricule droit, où nous l'avons laissé. Le ventricule droit se contracte aussi, comme le ventricule gauche et en même temps que lui. En se contractant il chasse le sang noir qu'il renferme, le sang veineux mêlé au chyle et à la lymphe, par l'orifice de l'artère pulmonaire, dans cette artère, qui l'amène en se bifurquant à droite et à gauche dans les deux poumons où il se répand dans le système capillaire de cet organe, pour y subir l'action du contact médiat de l'air qui lui restitue sa coloration rouge. Au système capillaire du poumon, il est

repris par les radicules des veines pulmonaires qui, en s'abouchant les unes aux autres, viennent constituer les deux veines pulmonaires principales qui le déversent dans l'oreillette gauche et de là dans le ventricule gauche, où recommence le grand circuit que nous avons décrit tout à

l'heure.

Maintenant que l'on connaît le mécanisme général de la circulation, nous allons dire quel est le rôle particulier du cœur dans l'accomplissement de cette grande fonction.

L'action du cœur a été comparée à celle d'une pompe foulante, dont le piston serait remplacé par la contraction des parois. Les parois actives du cœur, revenant sur ellesmêmes de proche en proche, chassent devant elles le liquide qui les remplit. Lorsque le cœur, en se contractant, a chassé devant lui l'ondée sanguine, il survient un intervalle de repos. Le moment où se fait la contraction a été désigné sous le nom de systole, et on appelle diastole le moment de repos ou de relâchement.

Mais le cœur se compose de quatre cavités, deux oreillettes et deux ventricules. Les parois de ces quatre cavités n'entrent pas en jeu simultanément. Elles se contractent successivement deux à deux. Les deux oreillettes d'abord ensemble, puis les deux ventricules ensemble après les oreillettes. Elles se relâchent dans le même ordre, les deux oreillettes ensemble, puis les deux ventricules; de telle sorte que, pendant la systole (contraction) des oreillettes, les ventricules sont à l'état de diastole (relâchement), et pendant la systole des ventricules, les oreillettes sont en diastole.

Indépendamment des mouvements partiels de ses cavités, le cœur est soumis à un mouvement de totalité ou déplacement. Il suffit de placer la main sur la région du cœur, il n'est personne qui n'ait fait cette facile épreuve, - pour sentir un choc ou battement; c'est ce choc que l'on désigne sous le nom de pulsation du cœur. On aperçoit même quel

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