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rois des oreillettes. L'observation directe a permis encore de constater que, pendant toute la durée du relâchement des parois ventriculaires, l'orifice auriculo-ventriculaire est largement ouvert, et le sang coule librement de l'oreillette dans le ventricule.

L'oreillette, dans cette expérience, ne travaillait donc activement que pendant la douzième partie de la révolution cardiaque, tandis que la durée du travail actif du ventricule était quatre fois plus considérable et comprenait le tiers de cette révolution.

Ces deux faits se sont montrés en parfaite harmonie avec les fonctions assignées par la théorie de Harvey à ces deux parties du centre circulatoire : l'une, l'oreillette, ne jouant qu'un rôle secondaire et ne servant par ses faibles contractions qu'à aider au passage du sang dans le ventricule relâché à travers l'orifice auriculo-ventriculaire largement ouvert; l'autre, le ventricule, obligé, au contraire, à un effort considérable et persistant pour soulever les valvules sigmoïdes pressées de haut en bas par le sang des artères, et pour vaincre tous les obstacles qui s'opposent à l'introduction de l'ondée sanguine dans le système artériel.

L'expérience a montré enfin, avec précision et d'une manière indubitable, que le choc du cœur contre les parois thoraciques est indépendant de la systole auriculaire, et qu'il faut en chercher la cause dans la contraction brusque des ventricules.

En un mot les expériences de MM. Chauveau et Marey, contrôlées et répétées par la commission de l'Académie, ont donné une confirmation pleine et entière à la théorie dite ancienne, celle qui est généralement enseignée et que nous avons exposée au commencement de cet article.

La discussion qui a eu lieu à l'Académie de médecine sur le rapport de M. Gavarret n'en a que mieux fait ressortir l'évidence à tous les yeux. Il serait superflu de la reproduire ici.

La science ne progresse pas seulement par des découvertes nouvelles et par l'addition de faits nouveaux aux faits déjà acquis; elle progresse aussi par la démonstration plus exacte et plus précise des découvertes anciennes, et par une plus grande certitude apportée dans la connaissance des faits et dans leur signification. C'est à ce titre, et comme vérification par des procédés de démonstration nouveaux de la grande découverte d'Harvey, que se recommandent à l'intérêt de nos lecteurs les recherches que nous venons d'exposer.

Discussion à l'Académie de médecine sur l'origine de la vaccine.

Il est une particularité extrêmement intéressante de l'histoire de la vaccine sur laquelle les auteurs qui ont le mieux étudié ce sujet n'étaient pas encore d'accord naguère. Nous voulons parler de l'origine première du virus vaccin.

Tout le monde sait que le vaccin provient du cowpox, maladie éruptive de la vache qui a une grande ressemblance avec la petite vérole. Mais ce qu'on ignorait il y a peu de temps encore, c'est si le cowpox est une maladie exclusivement propre à la vache, ne se manifestant spontanément que chez cet animal; ou bien si la vache la tenait elle-même d'un autre animal. On pouvait enfin se poser cette troisième question Le vaccin a-t-il une origine multiple, peut-il être indistinctement le produit de maladies diverses, du cowpox de la vache et d'une autre maladie telle que la clavelée du mouton ou les eaux aux jambes du cheval, par exemple, d'où Jenner, l'inventeur de la vaccine, avait cru déjà qu'elle provenait?

Jenner soutenait, en effet, contrairement à l'opinion dominante de son temps qui faisait provenir directement le

vaccin du cowpox, et du cowpox seul, que le vaccin tirait son origine primitive du cheval, qu'il avait sa source dans une maladie connue des Anglais sous le nom de grease, et qui, suivant lui, avait une grande ressemblance avec la variole.

Mais pour Jenner cette origine était beaucoup plus une vue théorique qu'un fait bien établi, car les expériences qu'il fit pour le démontrer échouèrent. Ces expériences, reprises depuis cette époque par un grand nombre d'expérimentateurs de divers pays, notamment par Loy, Woodville, en Angleterre, par Viborg, à Copenhague, par Sacco, en Italie, par MM. Bousquet, Leblanc, Depaul, Maunoury et Pichot, en France, donnèrent des résultats tantôt positifs, tantôt négatifs, si bien que l'incertitude la plus grande planait encore sur les esprits.

On était resté longtemps dans cet état d'incertitude, ou plutôt dans une sorte d'indifférence sur toutes ces questions, lorsque, il y a quelques années, une circonstance toute fortuite vint appeler de nouveau sur ce sujet l'attention des médecins.

Déjà plusieurs fois on avait signalé comme des faits singuliers et extraordinaires, des cas d'éruption variolique aux mains chez des palefreniers ou des garçons de ferme qui avaient pansé ou soigné des chevaux atteints d'eaux aux jambes. Mais c'étaient là des faits isolés qui pouvaient n'avoir pas été bien observés et qui n'avaient pas l'authenticité suffisante pour acquérir une valeur scientifique. On les oublia. Un événement nouveau devait plus tard les faire rappeler.

Au printemps de 1860, éclata tout à coup dans une localité des environs de Toulouse, à Rieumes, une épizootie parmi les chevaux. En moins de trois semaines, plus de cent de ces animaux étaient tombés malades. Un des caractères principaux de cette maladie consistait en une éruption pustuleuse aux paturons, qui était suivie d'un écoule

ment purulent, puis de la dessiccation et de la chute des croûtes qui laissaient après elles des cicatrices plus ou moins marquées. Cette éruption n'était pas toujours bornée aux paturons, on voyait aussi des pustules sur les différentes parties du corps, aux narines, aux lèvres et aux divers orifices muqueux. On remarquait en même temps que la petite vérole régnait dans les environs, et on signalait non loin de là l'existence de quelques cas de cowpox chez les vaches.

Un vétérinaire distingué, M. Lafosse, professeur à l'école de médecine vétérinaire de Toulouse, ne voulut pas laisser échapper cette occasion de faire une expérience inoffensive et qui pouvait, qui aurait pu du moins, si elle avait été complétée, résoudre dès ce moment la question depuis si longtemps pendante. M. Lafosse prit avec une lancette la matière d'une pustule et l'inocula à une jeune vache. A huit jours de distance, les trayons de la vache étaient couverts de pustules ombiliquées exactement semblables au cowpox. C'était le cowpox même. En effet, la matière prise au pis de cette vache et inoculée à une autre vache produit chez cet animal des pustules en tout semblables aux premières provenant de l'inoculation des pustules du cheval. On ne s'en tient pas là: le virus recueilli chez le cheval est inoculé à un enfant chez lequel il produit de belles pustules vaccinales. Pour mieux établir l'identité, on inocula à un enfant le virus vaccin à un bras et le virus provenant du cheval à l'autre bras. Les pustules qui en provinrent furent parfaitement semblables des deux côtés. Plusieurs enfants furent inoculés avec le virus de la même provenance et tous eurent des pustules vaccinales. On fit enfin la contre-épreuve : après que l'évolution de l'éruption ainsi obtenue eut été complète, on inocula à ces mêmes enfants le vaccin ordinaire, et tous furent réfractaires à cette seconde inoculation, preuve qu'ils avaient tous acquis l'immunité que donne une première vaccine. En un mot, ils avaient été vaccinės par l'inoculation de la matière recueillie sur les pustules du

cheval comme ils l'auraient été par le cowpox de la vache, ou par le vaccin lui-même pris sur le bras d'un enfant.

Voilà certainement une expérience bien complète, bien concluante, et il semblait qu'on dût être fondé dès ce moment à en conclure que le vaccin, le cowpox et le virus morbide produit par le cheval n'étaient au fond qu'un seul et même virus, provenant d'un état morbide identique. Il manquait cependant quelque chose encore à cette expérience. C'était la connaissance et la détermination exacte de la maladie du cheval qui avait produit le cowpox chez la vache et le vaccin chez l'enfant. Il y manquait aussi une contreépreuve, qu'on oublia de faire et qui devait être faite plus tard c'était une dernière expérience consistant à reporter sur un cheval le vaccin ainsi obtenu sur l'enfant, de manière à clore en quelque sorte le cercle parcouru par ce

virus.

Qu'était-ce en effet que cette maladie du cheval qui avait produit le vaccin?

On a vu que Jenner l'attribuait au grease, mais il en a donné une description si courte, si sommaire, qu'il est difficile de savoir exactement à quelle espèce des maladies du cheval connues de nos vétérinaires elle se rapporte. On l'a alternativement assimilée aux maladies désignées en France sous les noms de javart et d'eaux aux jambes. Mais que sont elles-mêmes ces maladies? constituent-elles des espèces bien déterminées et bien distinctes les unes des autres, ou ne sont-elles que des formes différentes d'une même maladie? Autant de questions sur lesquelles régnait encore alors la plus grande obscurité.

Une discussion s'éleva à ce sujet à l'Académie de médecine, mais elle ne devait pas encore jeter une bien vive lumière sur cette obscurité. L'un des membres de cette Académie le plus autorisé en cette matière, M. Leblanc, qui avait vu les chevaux atteints de la maladie signalée à Rieumes, déclara que ce n'était pas là la maladie désignée

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