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M. Reynoso a formé une magnifique collection de dessins in-folio, que nous avons parcourue avec admiration, et qui représentent la canne à sucre dans tous les âges de sa vie. Ce sont ces dessins que M. Dumas a présentés à l'Académie, dans sa séance du 10 octobre, avec d'autres relatifs à l'histoire agronomique du tabac, du café, et de quelques autres plantes industrielles de l'île de Cuba. L'étude commencée par M. Reynoso sur la canne à sucre dure depuis quatre ans et durera probablement de longues années encore. Elle a déjà nécessité de grandes dépenses et en coûtera certainement davantage. Mais elle a déjà porté ses fruits. L'Essai sur la canne à sucre, dont nous avons parlé plus haut, a donné une impulsion nouvelle aux travaux des planteurs de l'île de Cuba, et la publication du grand ouvrage dont M. Dumas a montré à l'Académie les dessins inédits, fera certainement époque dans l'histoire de l'agriculture havanaise.

Voici le programme sommaire des matières traitées dans les parties inédites de l'Histoire naturelle, chimique et agronomique de la canne à sucre :

1° Histoire de la culture de la canne à sucre chez les divers peuples; bibliographie comparée de tous les travaux relatifs à ce sujet; 2o description botanique de la canne à sucre, dans toutes ses variétés; 3° structure microscopique de tous ses organes, dans chaque période de son développement, dans diverses circonstances et chez toutes les variétés; 4° climats les plus propres à la végétation de la canne; influence des climats limites sur son développement; 5° influence des terrains; certains terrains sont également impropres à la culture de toutes les variétés, d'autres conviennent plus particulièrement à telle ou telle autre variété; influence exercée sur chaque variété spéciale par un sol présentant des conditions défavorables; propriétés physiques, composition chimique et constitution géologique de ces terrains; 6° description des parties constituantes de

tous les organes de la canne à sucre, dans chaque variété, aux diverses périodes d'accroissement et dans des circonstances différentes; étude des fonctions de la canne pendant les différentes phases du développement; formation du sucre; composition des cendres et proportion du sucre, suivant les circonstances atmosphériques, la nature du terrain, l'âge absolu et respectif des tiges, le nombre des coupes, les conditions de la culture, la variété de canne à sucre, etc., etc.

Ces diverses questions sont traitées dans tous leurs détails, autant que cela a été possible, et M. Reynoso a toujours indiqué ce qui reste à faire dans l'état actuel de la science. Ces sortes d'indications sont quelquefois aussi utiles que les résultats eux-mêmes.

Sous le titre de Recherches expérimentales sur la végétation de la canne à sucre, M. Reynoso a commencé, en outre, la publication d'autres travaux qui viennent heureusement compléter les premiers. L'histoire de la germination de la canne ouvre cette série d'études.

M. Dumas a déposé enfin sur le bureau de l'Académie, de la part de M. Reynoso, une collection d'instruments et d'outils destinés à faciliter l'étude des propriétés physiques du sol. Ces appareils nouveaux ont été construits par M. Deleuil. C'est grâce à leur emploi que M. Reynoso a pu déterminer, avec toute la précision désirable, la densité, ou le poids spécifique du sol, son humidité ou sa faculté hygrométrique, le retrait, la ténacité, l'adhérence aux solides, etc., de tous les terrains mis à l'essai. L'un des résultats curieux auxquels il est arrivé ainsi, c'est que la ténacité du sol, évaluée en poids, varie depuis 2 grammes jusqu'à 32 kilogrammes.

M. Reynoso est aussi en possession d'un procédé nouveau d'extraction et de saccharification du jus de la canne. Par une préparation convenable du sol et par une culture rationnelle, il amène le jus de la canne à n'être en réalité

qu'une solution de sucre à un degré de concentration trèsélevé. Ce procédé, dont on a beaucoup parlé en France et à Cuba, et qui semble appelé à produire une sorte de révolution dans la fabrication du sucre, sera, dit-on, prochainement livré au public par son auteur.

Nous avons insisté sur les travaux de M. Reynoso, parce que le problème que l'habile chimiste a attaqué de front est d'une importance immense pour le progrès de l'agriculture dans les pays qui sont à la fois les plus favorisés par la nature et les plus négligés par les hommes. Si M. Reynoso parvient à faire pour l'arbre à thé, par le caféier, pour le tabac, et peut-être pour le coton, ce qu'il a déjà fait pour la canne à sucre, il doublera la richesse productrice de son pays, et donnera ainsi une nouvelle impulsion à l'une des branches les plus considérables du commerce international.

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Propagation des arbres à fruits sans greffe.

Nous trouvons dans la Ferme, journal des campagnes, un procédé très-usité en Chine pour propager les arbres à fruits sans greffe.

Nous croyons être agréable à nos lecteurs en le reproduisant textuellement :

« Quand les Chinois ont déterminé le sujet qu'ils veulent propager, ils passent au choix de ses branches et s'arrêtent ordinairement à celle dont la perte défigurera le moins l'arbre; autour de cette branche et aussi près du tronc que possible, ils entortillent une corde de paille couverte de bouse de vache, jusqu'à ce qu'ils aient formé un tampon ayant cinq à six fois le diamètre de la branche; c'est au centre de ce tampon que doivent se former les racines.

« Après cette opération, les Chinois coupent l'écorce jusqu'au bois immédiatement au-dessous du tampon, sur les deux tiers

de la circonférence de la branche, puis ils suspendent à une branche supérieure et au-dessus du centre du tampon un vase percé, dans le fond, d'un trou assez petit pour ne laisser tomber que goutte à goutte l'eau dont ils l'emplissent; cette eau sert à humecter la branche et à former les racines; trois semaines après, le vase découlant toujours, on coupe le tiers de l'écorce qui reste, et on agrandit la première incision, de manière qu'elle pénètre plus avant dans le bois; vingt jours après, on refait absolument la même chose, et généralement deux mois après le commencement de l'opération on voit les racines s'entrelacer à la surface du tampon, ce qui annonce qu'il est temps de séparer la branche du tronc; on scie à l'endroit de l'incision, afin de donner le moins d'ébranlement possible au tampon, qui est presque pourri, et on plante comme un jeune arbre. »>

Exploitation industrielle des vinasses de mélasse de betteraves.

Suivant M. Evrard, on peut extraire industriellement le nitrate de potasse contenu dans les vinasses de mélasse de betteraves par un procédé très-simple, qui consiste à recueillir et à faire égoutter par la turbine un abondant dépôt cristallin qui se forme dans les vinasses concentrées et à épurer ce dépôt par des cristallisations. Les eaux mères, après la cristallisation du nitrate de potasse accompagné de chlorure, constituent un liquide visqueux qui contient encore plus de potasse que celle représentée par le nitrate extrait. La calcination doit donc être opérée pour détruire la matière organique et isoler la potasse à l'état de carbonate. Les produits pyrogénés de cette calcination, en raison de leur richesse en matière azotée, ont donné à M. Évrard l'idée d'une deuxième industrie qui utiliserait la vinasse de betterave et y font voir, suivant lui, la matière prédestinée des cyanures.

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Arrosement des plantes avec de l'eau tiède.

Si l'homme aime à boire de l'eau fraîche, il paraît que les plantes ont des goûts très-différents. Voici, en effet, ce que nous apprend le Journal de la Société impériale d'agriculture.

Beaucoup d'amateurs se figurent, à tort, qu'il faut arroser les plantes avec de l'eau fraîche, sous prétexte de les rafraîchir. Le journal dont nous parlons assure que les aspersions froides sont nuisibles, surtout pour les plantes des serres, et qu'il faut placer dans les serres des bassins ou tonneaux dans lesquels l'eau destinée aux arrosements prenne peu peu une température convenable.

à

Un horticulteur allemand, M. Jaeger, va plus loin encore. Il assure que tous les végétaux gagnent à être arrosés avec de l'eau tiède, particulièrement ceux dont la floraison a lieu pendant les mois d'hiver, tels que les camélias et les azalées. D'après les expériences de M. Jaeger, ces arbustes fleurissent promptement lorsqu'on les arrose avec de l'eau dont la température est de 25 à 30 degrés centigrades. Pendant l'hiver, où les jours sont sans soleil, un bouton de camélia, dont les pétales sont déjà visiblement colorés, a souvent besoin de semaines entières pour s'épanouir; tandis que, si la plante est arrosée deux fois par jour avec de l'eau tiède, il s'ouvre en beaucoup moins de temps.

L'été dernier fut si froid et si défavorable à la végétation en Allemagne, que les plantes cultivées en pleine terre pour leurs feuilles végétaient misérablement, et que ce fut seulement en août et septembre qu'on les vit acquérir toute leur beauté. Or, en visitant le jardin d'un de ses amis, à

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