Imagens das páginas
PDF
ePub

frais minimes. La surveillance de l'appareil pourrait être confiée au graisseur des roues, elle ne dérangerait donc personne.

En résumé, le système proposé par M. Ernest Pelon nous paraît réunir certaines conditions de succès: il est d'une application facile et commode; relativement peu coûteux, il est exempt de dangers; il est enfin éminemment humanitaire, puisqu'il étend à toutes les classes de voitures le bienfait d'une température douce et modérée, réservé jusqu'à ce jour à une partie privilégiée du convoi. Il promet de contribuer par ce dernier avantage à généraliser encore l'utilité des voies ferrées.

Nous n'avons pas l'honneur de connaître, sinon par des amis communs, M. Ernest Pelon, qui habite une petite ville de la Lozère, le Pont-de-Montvert, d'où il nous a adressé, dans un mémoire manuscrit, la description de son appareil. Les idées développées dans ce travail nous ont paru assez justes, assez pratiques pour nous engager à les communiquer à nos lecteurs, et à les recommander ainsi à l'attention de nos compagnies de chemins de fer, qui peutêtre trouveraient dans ce nouveau système la meilleure solution du problème du chauffage économique des wagons, solution si désirable pour le bien-être des voyageurs de toute classe.

Le coton-poudre en Autriche et le coton-poudre en France. Travaux du général Lenk à Vienne et de MM. Pelouze et Maurey, à Paris. Résultats obtenus. La poudre blanche prussienne.

Dans la séance de l'Académie des sciences du 22 août, il s'est élevé une intéressante discussion sur le coton-poudre, à l'occasion d'un Mémoire de MM. Pelouze et Maurey relatif à la fabrication de cette substance; MM. Séguier

et Morin ont pris part à la discussion, qui a relevé beaucoup de faits dignes d'être enregistrés. Nous en citerons les plus importants.

Le pyroxyle, ou coton-poudre, depuis vingt ans qu'on cherche à le substituer à la poudre ordinaire dans les armes et dans les mines, a été l'objet des appréciations les plus diverses. En France, après de nombreuses expériences, on a renoncé, par suite des propriétés brisantes qu'on lui a reconnues sur les parois des armes, et d'accidents de décomposition et d'explosion spontanées, à continuer de s'occuper de la fabrication et de l'emploi de cette matière. Mais en Autriche on a continué avec une grande persévérance les études sur ce produit explosif. La poudre-coton est préparée en Autriche par un procédé qui a été mis en pratique, sur une grande échelle, à Hirtenberg, mais qui est resté pendant plusieurs années enveloppé d'un profond secret. Ce n'est que depuis l'an dernier que ce procédé a été publié par M. Lenk, qui prétend que la poudre-coton d'Hirtenberg ne se décompose pas spontanément comme celle qu'on fabriquait en France, à la poudrerie du Bouchet, que même elle en diffère par sa composition, et qu'enfin ses propriétés brisantes peuvent être corrigées, grâce à des dispositions particulières.

Voilà les assertions du général autrichien, que MM. Pelouze et Maurey se sont proposé de vérifier, et, disons-le tout de suite, qu'ils sont venus combattre. Leurs conclusions contradictoires sont fondées sur une série d'expériences faites par les deux savants académiciens, en commun avec M. Faucher, commissaire-adjoint des poudres.

Le pyroxyle qui se fabrique à Hirtenberg est, comme celui du Bouchet, un produit de l'immersion du coton dans un mélange d'acide azotique monohydraté et d'acide sulfurique à 66 degrés.

Mais le rapport entre les acides est de 1 à 3 dans le procédé Lenk, et il n'est que de 1 à 2,46 dans le procédé français.

En outre, à Hirtenberg on trempe le coton par quantités de 100 grammes dans 30 kilogr. de mélange, tandis qu'au Bouchet on trempait 100 grammes dans un litre des acides. Voici les autres détails du procédé Lenk: Après avoir agité le coton pendant un instant dans le bain acide, on le retire et on remplace chaque fois par du mélange neuf la partie du liquide acide emportée par le coton. Lorsqu'on a une suffisante quantité de coton trempé, on le dépose dans un récipient où il séjourne quarante-huit heures avec les acides dont il est imprégné. Ensuite, on le place dans une essoreuse dont la rotation expulse rapidement la majeure partie des acides non combinés. On le débarrasse du reste dans une eau courante, où il reste immergé pendant six semaines. On l'essore alors une seconde fois, puis on le fait bouillir, deux à trois minutes, dans une dissolution de carbonate de potasse à 2 degrés Baumé. Après un nouvel essorage, le coton est séché à l'air ou dans une étuve. Dans ces derniers temps, M. Lenk a encore fait usage d'une dissolution de verre soluble dans laquelle on trempe le coton, après lui avoir fait subir toutes les opérations précédentes.

Le procédé mis en usage au Bouchet ne présentait que des différences peu essentielles avec celui que nous venons de décrire sommairement.

Le rendement constaté au Bouchet, lorsque la fabrication avait une certaine régularité, atteignait 165 pour 100; d'après M. Lenk, il faut 64 kilogrammes de coton non desséché pour avoir 100 kilogrammes de pyroxyle, ce qui correspond à un rendement de 155 pour 100; mais, en retranchant l'humidité du coton, on arriverait encore à 165 pour 100, de sorte que le rendement des deux procédés de fabrication peut être regardé comme identique. Dans le laboratoire, où les conditions sont plus favorables, on peut atteindre 178 pour 100.

MM. Pelouze et Maurey ont examiné ensuite l'action de la chaleur sur le pyroxyle. M. Lenk avait affirmé que son

pyroxyle résistait à une température inférieure à 136 degrés. Mais tous les échantillons préparés d'après sa méthode et qui ont été expérimentés, se sont décomposés à des températures inférieures à 100 degrés, voire même à des températures voisines de 50 degrés.

En présence de ce dernier résultat, on peut se demander si le pyroxyle ne se décomposerait pas même à la température ordinaire, et s'il est possible de conserver sans danger, dans les magasins, une matière qui se détruit si facilement. Les observations de M. Pelouze confirment ces craintes, et l'on sait d'ailleurs que le pyroxyle d'Hirtenberg lui-même fit explosion en 1862, dans le magasin de Simmering, par une inflammation spontanée.

Les expériences qui ont été faites dans le but de connaître la force balistique des deux pyroxyles autrichien et français, ont montré qu'elle était absolument la même pour l'un et pour l'autre. En augmentant la charge, on a vu le canon du fusil se briser, d'où l'on a conclu que les propriétés brisantes du fulmi-coton autrichien étaient aussi certaines que celles du fulmi-coton français.

En résumé, il résulte du travail de MM. Pelouze et Maurey que, si le pyroxyle est mieux connu aujourd'hui au point de vue de sa composition, de son mode de production et de ses propriétés chimiques, le point principal de son histoire, celui de son emploi dans les armes à feu, est resté à peu près au même état où l'avait laissé la commission française de 1846. Rien, en effet, n'autorise à croire qu'il soit possible, dans l'état actuel de nos connaissances, soit d'empêcher les explosions spontanées du coton-poudre, soit de corriger d'une manière pratique sa propriété brisante, en conservant le matériel en usage pour la poudre ordinaire. Au reste, un rapporteur autrichien reconnaît luimême que le problème ne serait résolu que si l'on fabriquait des canons assez épais pour qu'on pût négliger la force brisante du fulmi-coton.

M. le général Morin a fait remarquer, à l'occasion du Mémoire lu par M. Pelouze, que les résultats annoncés par le savant chimiste confirmaient en tous points ceux de la commission de 1846, reproduits dans un rapport qui a été publié en 1852. La décomposition spontanée du pyroxyle à 50 ou 60 degrés était déjà un fait acquis. Or, cette température peut se produire plus facilement dans des caissons couverts en tôle, et même à l'intérieur de certains bâtiments fermés, lorsqu'ils sont exposés aux rayons solaires. Les conditions d'explosion pourraient donc se rencontrer souvent en France, et surtout en Algérie. Du reste, le gouvernement autrichien n'a permis au général Lenk de publier son procédé qu'après s'être convaincu qu'il n'avait rien de bon à en espérer pour lui-même.

M. le baron Séguier a pris occasion de la lecture de M. Pelouze, pour informer l'Académie qu'il avait fait depuis longtemps une série d'expériences pour obtenir, avec la poudre-coton, de bons effets balistiques dans les armes portatives. Pour combattre l'effet de la déflagration trop rapide de cette substance, et éviter la rupture des armes par le fait de l'inertie du projectile, M. Séguier emploie des charges mixtes, composées, partie de coton-poudre, partie de poudre de mines à gros grains. Le point d'inflammation est ménagé de façon que la poudre la moins vive s'allume d'abord. Le projectile est lancé graduellement, et son inertie n'oppose plus une résistance capable, eu égard à la détonation instantanée du coton seul, de déterminer la rupture des armes.

La pensée de la charge mixte de poudre lente et de poudre vive successivement enflammées, en commençant par la poudre lente, est une nouvelle application du principe observé dans les armes à vent bien confectionnées. Un effet balistique supérieur correspond dans ces armes à une ouverture de soupape du réservoir d'air comprimé, lente d'abord, rapide ensuite; les chasseurs à la sarbacane savent

« AnteriorContinuar »