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vîmes entièrement couverte par une immense multitude d'hommes, de femmes et d'enfans. Enfin l'heure fatale arriva. On vit la charrette lugubre monter doucement la montagne, et la foule bruyante parut frappée de stupeur. Le criminel monta sur l'échafaud, et le shériff lui demanda de nouveau s'il voulait signer la commutation; mais il arracha le papier et le jeta loin de lui, en s'écriant d'une voix terrible : Pendez-moi!

C'était à midi qu'on devait couper la corde. Le shériff était debout près de l'échafaud, sa montre d'une main et le couteau de l'autre ; il levait la main pour couper la corde, lorsque le criminel s'écria d'une voix de stentor:- Je vais signer; — et il fut reconduit en prison au milieu des cris et des éclats de rire de la populace. Je ne suis nullement amateur de la pendai

son,

mais il y avait quelque chose dans tout cela qui ne ressemblait pas à la dignité décente de la justice.

CHAPITRE XV.

Camp Meeting.

Ce fut dans le courant de cet été qu'après l'avoir long-temps désirée, je trouvai enfin l'occasion d'assister à un camp-meeting. Un Anglais et sa femme, qui s'y rendaient, m'offrirent dans leur voiture une place, que j'acceptai avec empressement. La scène devait se passer dans un lieu sauvage et écarté, sur les confins de l'état d'Indiana.

La perspective de passer une nuit dans les sombres forêts d'Indiana n'était assurément pas attrayante; mais je m'armai de tout mon courage, et je partis, fermement déterminée à voir de mes yeux et à entendre de mes oreilles ce que c'était réellement qu'un camp-meeting. On m'avait dit qu'assister à un camp-meeting, c'était se trouver sur la porte du ciel et le voir ouvert devant soi; on m'avait dit, d'un autre côté, que c'était avoir franchi les portes de l'enfer et en contempler toutes les horreurs: ce double renseignement avait piqué ma curiosité. Dans les deux cas, ce devait être un spectacle extraordinaire et qui me promettait une suffisante compensation aux fatigues d'une longue course, et à une nuit passée sans dormir à la belle étoile.

Nous atteignîmes le lieu de la scène à onze heures du soir, et le spectacle le plus pittoresque se présenta à nos regards. Le terrain qu'on avait choisi était situé au milieu d'une forêt vierge. C'était une clairière d'environ vingt acres d'étendue, qui semblait, du moins en partie, avoir été ménagée pour cette cérémonie. Tout autour et le long des bords de la forêt s'é

levaient, pressées les unes contre les autres, des tentes de diverses grandeurs; derrière ces tentes, un autre cercle était formé par les voitures et les charrettes de toute espèce qui avaient amené les spectateurs ; et derrière ces charrettes étaient attachés les chevaux qui les avaient traînées. A travers cette triple barrière défensive, notre œil distinguait les grands feux qui étaient allumés dans l'enceinte. A la clarté de ces feux se joignait celle d'innombrables lampions suspendus aux branches de quelques arbres qu'on avait laissé subsister dans la clairière. La lune, arrivée au point le plus élevé de sa course, brillait du haut du ciel sur cette vaste scène.

Nous laissâmes la voiture aux soins d'un domestique qui devait y préparer un lit pour mistress B. et moi, et nous entrâmes dans l'enceinte. Au premier coup d'œil, ces arbres illuminés et ces groupes se promenant sous leur feuillage me rappelèrent le Wauxhall; mais le second me révéla une scène qui ne ressemblait à aucune chose que j'eusse vue dans ma vie. Quatre échafaudages gigantesques, construits en forme d'autels, s'élevaient aux quatre coins

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