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à leur santé. Tout ce que je sais, c'est que miss Wright ayant trouvé, n'importe par quelle cause, qu'il était impossible de donner suite à son projet, accompagna elle-même ses esclaves à Haïti, et les laissa libres sous la protection du président.

Je ne trouvai aucun charme dans les environs de Nashoba, et je ne crois pas que l'été puisse leur en prêter beaucoup. Les arbres y sont si près les uns des autres qu'il ne peut y croître d'arbustes, un des grands ornemens de la forêt de la Nouvelle-Orléans; nous ne vîmes aucune clairière où les effets variés de lumière et d'ombre remplaçassent l'absence d'autres objets. Les champs qui entouraient l'établissement me parurent trop peu considérables et mal défrichés; cependant on m'assura qu'on y avait fait une bonne récolte de coton et de maïs. Le temps était sec et agréable, et l'aspect des cieux, nuit, d'une surprenante beauté. Je n'ai jamais vu un clair de lune aussi pur et aussi brillant.

la

Nous retournâmes à Memphis le 26 janvier 1828, et nous fumes obligés d'y passer cinq jours, attendant un bateau à vapeur pour nous

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MOEURS DOMESTIQUES DES AMÉRICAINS.

conduire à Cincinnati. C'est dans cette ville de l'ouest que j'avais l'intention de me rendre avec ma famille pour attendre l'arrivée de M. Trollope. Tous ceux qui nous parlèrent de Cincinnati nous assurèrent que c'était la ville la plus agréable des Alleghanys. Nous trouvâmes dans les environs de Memphis plusieurs promenades charmantes. Nous sortions tous les matins et tous les soirs, pour jouir des effets admirables de l'horizon sur la rivière. De cette manière, nous attendîmes assez patiemment le bateau à vapeur qui devait nous emmener.

CHAPITRE IV.

Départ de Memphis. — Rivière de Ohio. Louisville. Cincinnati.

Le 1er février 1828, nous nous embarquâmes sur le Critérion, et nous voguâmes de nouveau sur le « Père des eaux, » comme les pauvres Indiens, chassés de leur demeure, avaient l'habitude d'appeler le Mississipi. La société ressemblait beaucoup à celle que nous avions rencontrée en venant de la NouvelleOrléans. Il nous semblait que tous ces gentils

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hommes étaient cousins germains, et ce qui nous parut singulier, c'est que tous aussi étaient arrivés à un haut grade dans l'armée. Pendant bien des milles, au-delà de la rivière Wolf, le seul point de vue est une forêt, puis une forêt et encore une autre. La seule variation était le reculement de la rivière d'un côté, et son envahissement sur le rivage opposé. Ces changemens sont continuels, mais de quelle cause dépendent-ils, c'est ce qu'on ne put m'expliquer. Dans les lieux où la rivière pénètre dans les terres, les arbres croissent dans l'eau à plusieurs pieds de profondeur. Au bout de quelque temps l'eau mine leur racine, et ils deviennent les victimes du premier ouragan. C'est une des sources de l'immense quantité de bois flottant qui surnage sur le golfe du Mexique. Lorsque l'eau s'est retirée, un champ de cannes à sucre s'élève aussitôt à sa place avec la rapidité de toute végétation dans le climat. Ces différens effets rompent la monotonie de cette muraille d'arbres qui se voit pendant des centaines de lieues. Mais nous approchions de cette rivière que les Français de la Nouvelle-Orléans ont dans leur en

par

thousiasme appelé « la Belle, » et quelques jours nous emportèrent à jamais sans doute, loin du fleuve qui est avec autant d'emphase « appelé le Mortel. » Il semble, il est vrai, justifier ce titre. L'air de ses rivages est pestilentiel, et l'on dit que rien de ce qui s'enfonça sous sa surface boueuse ne se releva jamais. La belle rivière mérite aussi son nom. L'Ohio est brillant et clair, ses bords sont continuellement variés, car elle court un pays où l'on ne fait pas douze pas sur un terrain uni. La forêt primitive occupe encore cependant une portion considérable du sol, et semble suspendue sur les montagnes. Mais elle est interrompue par divers établissemens, où la scène est animée par des troupeaux de bœufs et de moutons. Je crois que cette rivière offre tous les aspects que l'imagination peut désirer. Quelquefois ses eaux limpides arrosent une prairie, quelquefois elle est bornée par des rocs perpendiculaires. Ses rivages abondent en jolies maisons aux élégans portiques, puis une forêt avec toute son horreur sauvage, où le cri des ours indique assez quels habitans y séjournent. Quelquefois un torrent descend d'une montagne et

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