Imagens das páginas
PDF
ePub

Autour d'eux déployant leurs ombres solennelles,
De deux chênes égaux les tiges fraternelles

S'élèvent à la fois et balancent dans l'air

Leur front que n'a jamais déshonoré le fer.

Cette comparaison est imitée de celle-ci d'Homère, traduite par M. Aignan, livre XII de l'Iliade :

Tels, au sommet d'un mont qui se perd dans les nues,
Deux pins, enorgueillis de leurs cimes chenues,
A la terre fixés par des liens profonds,

Opposent aux autans le calme de leurs fronts.

(Note de l'Éditeur.)

(13) Traduction de M. Delille :

D'un simple dard alors il n'arme point son bras;
Qu'eût fait un simple dard? mais une énorme lance
Qui de son bras nerveux part avec violence,
Plus prompte que l'éclair, suit son bruyant essor :
Vainement sa cuirasse et ses écailles d'or
Protègent le Troyen; il tombe sous ce foudre,
Et son corps gigantesque est couché dans la poudres
Sous son énorme poids la campagne gémit,
Son bouclier résonne, et l'air au loin frémit:
Telle aux rives de Baie, antique enfant d'Eubée,
Dans le golfe de Cume avec fracas tombée,
Une masse de roc qu'unit un dur ciment
Ébranle au loin la rive en son noir fondement:
Inarime en frémit, et du géant Typhée
Presse d'un nouveau poids la poitrine étouffée ;
L'air en tremble; la mer craint un second chaos,
Et de son vieux limon noircit au loin les flots.

(Note de l'Éditeur.)

(14) On a reproché à Virgile de n'avoir point consacré dans ses écrits les noms de ses amis, ni même celui d'Horace, qui le loue en divers endroits de ses œuvres: quelques personnes s'imaginent cependant qu'Horace est ici désigné sous le nom de Créthée.

(15) Traduction de M. Delille :

Ainsi, quand de chasseurs un escadron nombreux
Entoure un fier lion; dans sa colère horrible,
Vaincu mais menaçant, effrayé mais terrible,
Retenu par la honte, écarté par la peur,

Il éprouve à la fois et répand la terreur:

Tel l'orgueilleux Turnus, qu'un fier courroux dévore,
En cédant aux Troyens les épouvante encore.

Cette comparaison est imitée de celle-ci du onzième livre de l'Iliade, traduite par M. Aignan :

Tel un lion farouche et pressé par la faim,
Au bercail assiégé croit l'assouvir enfin,
Quand les chiens vigilans et les bergers fidèles
Du monstre repoussant les attaques cruelles,
Sauvent de sa fureur les timides troupeaux;
Sa rage se consume en stériles assauts.

De toutes parts, des mains de vengeance animées,
Lancent sur lui les traits, les torches enflammées;
Il frémit, il s'étonne, et quand le jour paroît,
Lentement se retire au sein de la forêt.

Elle a été imitée aussi, mais moins heureusement, par l'Arioste, dans le Roland furieux, ch. XII, st. 77 et 78, et ch. XVIII, st. 22.

(Note de l'Éditeur.)

(16) Homère, au seizième livre de l'Iliade, nous offre une magnifique peinture d'un héros accablé par le nombre. Nous empruntons toujours la traduction de M. Aignan:

Cependant sur Ajax éclate la tempête;

Son casque cède aux coups et gémit sur sa tête.
Son épaule fléchit sous son lourd bouclier;
Jupiter et Pergame accablent un guerrier.
Épuisé, haletant, il se débat encore;

Mais son bras s'affoiblit, son front se décolore;
La sueur à grands flots l'inonde, et du trépas
Le spectre épouvantable erre devant ses pas.

Virgile a conservé dans son imitation l'harmonie et la force de l'original, et il a plus soigné les détails. Voici la traduction de ce morceau par M. Delille :

De traits multipliés une horrible tempête
Retentit sur son corps, siffle autour de sa tête;
Son bouclier d'airain lui-même a succombé,
Et de son front hautain son panache est tombé.
Point de paix, point de trêve; acharné sur sa proie,
Le terrible Mnesthée à grands coups le foudroie.
Son bras languit, son fer trahit ses vains efforts,
La sueur en longs flots coule de tout son corps;
Sa bouche est haletante, et sa brûlante haleine
De ses flancs palpitans ne sort plus qu'avec peine.

Le Tasse, au neuvième chant de la Jérusalem, représente Aladin dans une situation semblable :

«

Cependant le sultan a fait tout ce que peut la force d'un mortel : à présent sa vigueur est épuisée; il n'est plus que sang,

que sueur; une respiration lourde et pesante gêne sa poitrine et agite ses flancs; son bras oppressé languit sous le poids de son bouclier; son fer dans sa main ne tourne plus qu'avec lenteur; il a perdu son tranchant, il meurtrit et ne coupe plus. »

Il est aisé de reconnoître que cette dernière pensée n'est pas d'Homère, mais bien de son imitateur. (Note de l'Éditeur.}

LIVRE DIXIÈME.

ARGUMENT.

Jupiter assemble dans son palais le conseil des dieux. Vénus et Junon se plaignent à lui tour à tour, et se font l'une à l'autre les plus vifs reproches. Après avoir fait des efforts inutiles pour les réconcilier, le Père des dieux déclare qu'il n'embrassera le parti ni de l'une ui de l'autre, et qu'il abandonnera aux Destins le succès de la guerre. Les Rutules préparent une seconde attaque, et les Troyens se disposent à se défendre. Énée revient enfin avec une armée auxiliaire et une flotte de trente vaisseaux. Les nymphes dans lesquelles ses vaisseaux ont été métamorphosés vont à sa rencontre et l'avertissent du danger que courent les Troyens qu'il a laissés dans le camp. Il avance, prend terre malgré Turnus, et range son armée en bataille sur le rivage. Les Rutules accourent et engagent un grand combat. Pallas est tué par Turnus. Énée venge sa mort, en faisant un horrible carnage des ennemis; et Ascagne sort du camp pour joindre ses troupes à celles de son père. Junon tremble que Turnus ne périsse dans cette action; elle envoie un fantôme léger devant lui. Ce fantôme, semblable à Énée, s'éloigne à mesure que Turnus le suit, et monte sur un vaisseau pour engager le prince Rutule à y monter. A peine Turnus y est-il entré, que Junon coupe elle-même le câble qui retenoit ce navire; aussitôt il s'éloigne, et aborde près de la ville d'Ardée.

Pendant l'absence de Turnus, Mézence prend le commandement et répand la terreur parmi les Troyens. Énée combat

« AnteriorContinuar »