parent, sir Astley Cooper; mais aussi pour faire remarquer la supériorité du procédé sur celui que d'abord indiqua Abernethy. On sait en effet que ce fut lui qui pratiqua le premier cette opération. Il faisait une incision de trois pouces, commençant un peu audessus de l'arcade crurale, et se portant en haut dans la direction présumée de l'artère. Cependant, il y a un inconvénient à faire l'incision dans le même sens que l'artère , car les deux tiers supérieurs de la plaie correspondent à la partie du péritoine sous-jacente aux muscles abdominaux, le tiers inférieur tombe seul au-dessous de cette membrane; alors on est bien plus exposé à léser le péritoine que dans la méthode précédente; et d'ailleurs, c'est disposer aux hernies cette partie de l'abdomen. Le procédé de sir Astley Cooper n'encourt pas les mêmes reproches : avec un peu d'attention, on peut porter très haut la ligature. Et cette hauteur est essentielle à fixer, car on conçoit que le caillot ne pourra jamais se consolider, si l'artère épigastrique vient le frapper de ses pulsations contiDuelles. Aussi les Anglais doivent-ils leurs nombreux succès à l'habitude de lier à un pouce au moins audessus de l'artère épigastrique. Cette opération qui, les deux premières fois, échoua entre les mains de son inventeur, est devenue l'une des conquêtes les plus importantes de la chirurgie moderne, et a été répétée dans tous les grands hôpitaux de l'Europe. Depuis long-temps on sent le besoin de créer à Paris, des salles, un établissement particulier où les malaides des yeux seraient rassemblées, et qui ofriraient le a double avantage de servir à l'instruction des élèves et à l'expérimentation sur une grande échelle des méthodes de traitement les plus convenables. En Allemagae, cette spécialité médicale est portée à un point très élevé ; les cliniques de Vienne, Berlin, Bonn, jouissent ; d'une célébrité justement acquise par les hommes marquants qui les dirigent et les ouvrages qu'ils ont produits. L'Italie a l'université de Pavie et le grand nom de Scarpa. En 1804, Saunders fonda l'infirmerie ophthalmique de Londres. Depuis, plusieurs établissements de ce genre ont été formés. L'un d'eux sur-tout que j'ai suivi pendant mon séjour en Angleterre, est confié au talent du professeur Guthrie, vice-président du collége royal des chirurgiens; c'est l'infirmerie ophthalmique de Westminster destinée seulement aux consultations publiques. Trois fois par semaine, cent soixante à cent quatre-vingts malades de tout âge, de tout sexe, viennent demander des conseils, et des élèves particuliers du professeur leur distribuent des médicaments ou appliquent sur-le-champ les moyens externes quiont été prescrits. Généralement on a reconnu dans les maladies des yeux, l'utilité des révulsifs sur le canal intestinal. En France on les emploie avec circonspection ; et peut-être une crainte exagérée de l'irritabilité de la muqueuse les fait-elle abandonner trop tôt. Les succès nombreux obtenus en Angleterre m'engagent à rapporter quelques faits. à A la consultation de l'infirmerie royale de Westminster, un homme se présente, fort, robuste, la conjonctive de l'eil gauche rouge écarlate par la multitude des vaisseaux qui la parcourent, les artères temporales battent avec force, la douleur est vive (calomel gr. vj, extrait de semence de colchique gr. iij, extrait de coloquinte gr. v, pour trois pilules). A la visite suivante l'ophthalmie avait beaucoup diminué dans l'intensité de ses symptômes, les évacuations avaient été nombreuses, la réaction fébrile n'existait plus, le même médicament fut prescrit de nouveau, mais à une dose moindre; cinq jours suffrent pour la guérison. Une femme de trente-deux ans, d'une bonne constitution, bien réglée, avait, depuis plusieurs, mois, de la rougeur aux bords libres des paupières; l'exposition accidentelle à l'air humide et froid, provoque l'état aigu. Douleurs profondes dans le fond de l'orbite, l'ail devient saillant, rouge, la fièvre est forte (Extrait de coloquinte gr. vj, jalap gr. x, calomel gr. vj, pour trois pilules). Deux jours après, cette dérivation avait opéré d'une inanière active et arrêté dans son développement une hydrophthalmie commençanle. Je pourrais multiplier les faits de ce genre: ceux que je viens de citer tendent à prouver, d'une part, la confiance justement méritée des médecins Anglais dans l'action des purgatifs, confiance acquise par l'expérience; et d'autre part, leur innocuité sur la muqueuse intestinale comme pouvant déterminer un état sub-inflammatoire qui se prolonge. Les deux malades dont l'histoire vient d'être rapportée n'ont éprouvé aucun dérangement dans leurs fonctions digestives après la disparition de l'ophthalmie; et d'ailleurs la pratique des médecins des hôpitaux de Londres vient confirmer ce résultat. Tous les jours on voit révulser sur l'intestin des points d'irritation fixés autre part, et souvent on obtient des succès inattendus. Il serait faux cependant de croire que dans tous les cas l'action des purgatifs soit possible, et c'est en cela qu'on doit rendre grâce à M. Broussais d'avoir éveillé l'attention sur l'abus que l'ignorance peut en faire. La révulsion a ses bornes; et tout aussi bien que vous pouvez réduire en eschares une surface de la peau dont peu d'instants avant vous aviez seulement élevé la température, de même aussi par l'action trop forte ou trop répétée d'un purgatif, vous passerez de l'augmentation, de la stimulation de l'intestin à son inflammation et ses produits. Mais cette susceptibilité d'une membrane de répondre aux purgatifs, est en rapport avec la capacité générale de l'individu de réagir sur les stimulants extérieurs. Certes l'Anglais avec son atmosphère humide et brumeuse que rarement éclaircit un soleil sec et chaud, sera plus difficilement stimulé que l'Espagnol au teint hâlé, aux formes grêles et brunes. Alors il serait peu exact de prescrire ou de conseiller exclusivement tel orde de médicament plutôt que tel autre: c'est cette nature nuancée par les latitudes différentes qu'il faut modifier, et ne pas oublier ce précepte, qu'en médecine rien ne saurait être absolu. Pour en revenir aux maladies des yeux, je mentionnerai de nouveau les révulsifs à l'intérieur dans les ophthalmies chroniques. Ici, on peut mieux compter sur leur effet graduel que dans l'état aigu où la déplétion sanguine générale et locale est d'abord si nécessaire. J'ai vu des ophthalmies de nature catarrhale avec rougeur pâle et quelquefois variqueuse de la conjonctive, céphalalgie, anorexie, enduit sale de la langue, être bien diminuées par un émétique qui agissait ici comme évacuant; l'embarras gastrique revenant, avec lui l'ophthalmie plus intense, un nouvel émétique le replaçait dans des conditions bien meilleures. Si l'ophthalmie chronique n'était pas liée à un dérangement des fonctions digestives, comme révulsif, le tartre stibié à petite dose, uni à la jusquiame ou au sulfate de magnésie, produisait de bons résultats; la rougeur de l'œil, la douleur permanente diminuaient beaucoup. L'ophthalmie peut aussi dépendre d'un état de cachexie générale qui indique l'usage des toniques. Un enfant de six ans, né dans la misère, d'une constitution affaiblie par les privations et la malpropreté, se présente avec une rougeur inégale de la conjonctive oculaire, douleurs quelquefois vives, larmoiement, quelques nuages sur la cornée : on conseille, pour chaque jour, une nourriture meilleure, et une pilule contenant sulfate de quinine gr. ij, calomel gr. ij. Quelques jours après, un mieux sensible avait eu lieu. Toutefois ce n'est qu'en combinant les moyens intérieurs avec les applications externes qu'on parvient le plus souvent à guérir. Chez les vieillards sur-tout, la conjonctive palpébrale est parsemée de vaisseaux qui stagnent; alors il est avantageux d'y passer, à plusieurs reprises, un crayon de sulfate de cuivre, ou d'introduire dans l'œil une petite quantité de l'onguent suivant, dont M. Guthrie est l'inventeur, et qui porte son nom: Nitrate d'argent gr. iv-x, acétate de plomb gr. v, sperma ceti ou axonge 3j. De cette formule, j'ai vu des effets remarquables. Octobre 1832. Tome IV. |