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les autres, s'en trouvait un dont le titre bizarre laisse

à l'esprit autant de regrets que de promesses, c'était : Histoire et aventures d'une idée heureuse. Qu'était ce livre? Que pouvait-il être? Il préoccupait vivement l'imagination du penseur, sans doute y était-il question de la physiologie de l'intelligence, d'une anatomie philosophique, d'une monographie cérébrale avec classifications, ordres, genres et sous-genres-divisions bien aimées de Balzac et pour lesquelles il dépensait une entière prédilection et un soin extrême: (voyez la Théorie de la démarche - Monographie de la presse parisienne.)

L'Armée sous Vienne devait former la seconde partie des Scènes de la vie militaire.

L'auteur possédait de merveilleuses notes, il avait vu tous les champs de bataille, il s'était adressé aux vieux généraux, aux vieux soldats, et aux dames bien en cour au temps de l'Empire. Il faut regretter vivement l'absence totale de ces livres qui rend incomplète la Comédie humaine.

Voici ce que Balzac disait lui-même en expliquant le but et la division de son œuvre capitale : « Après « avoir peint dans trois livres la vie sociale, il restait « à montrer les existences d'exception qui résument « les intérêts de plusieurs ou de tous, qui sont en « quelque sorte hors de la loi commune de là les

« Scènes de la vie politique. Cette vaste peinture de « la société finie et achevée, ne fallait-il pas la mon<< trer dans son état le plus violent, se portant hors de «< chez elle; soit pour la défense, soit pour la con« quête ? de là les Scènes de la vie militaire, la por«<tion la moins complète encore de mon ouvrage, « mais dont la place sera laissée dans cette édition « afin qu'elle en fasse partie quand je l'aurai termi« née. » (Ces lignes étaient écrites en juillet 1842). Les Études de mœurs se résument donc en scènes de la vie de province, parisienne, politique, militaire et de campagne.

Après ces études vient la seconde partie de l'ouvrage les Études philosophiques surmontées ellesmêmes des Études analytiques, lesquelles ne contiennent que la Physiologie du mariage. Peu de temps avant sa mort, l'auteur travaillait à la Pathologie de la vie sociale, à l'Anatomie des corps enseignants et à la Monographie de la vertu, ouvrages adhérents aux Études analytiques.

Avec quinze ans de plus dans la vie, Balzac aurait certainement laissé son œuvre entière.

Son esprit entreprenant ne lui disait jamais le dernier mot pour un livre, ce livre fut-il mis au jour depuis vingt ans. Ce serait erreur de croire que Balzac écrivait vite très peu d'auteurs ont autant de fois

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corrigé la même épreuve. Il bâtissait toujours, retournait sa phrase et la modelait sans pour cela que cette phrase rappelât le précepte inapplicable en fait d'art que le seigneur Boileau fut si heureux d'avoir mis en deux vers : « Vingt fois sur le métier, etc........... polissez-le sans cesse et le repolissez, etc..... » J'ai vu plusieurs manuscrits et plusieurs épreuves de M. de Balzac, on ne peut rien imaginer de plus surchargé et de plus augmenté. C'est peut-être un vice, pour un écrivain, que ce système de trouver rarement assez finie la description d'un objet, d'un type ou d'un sentiment? Avec moins de bonne volonté et d'habitude à surcharger ses copies, peut-être Balzac aurait-il évité les défauts d'abondance descriptive desquels vraiment il s'est rendu parfois coupable.

En somme ce qu'il est bien de voir avant tout, c'est l'ensemble. Eh bien! en admettant qu'avec le temps Balzac eût retranché Séraphita, Jésus-Christ en Flandre, sur Catherine de Médicis pour en faire des volumes séparés, en présumant qu'il eût adouci quelques types trop hasardés et peu certains, l'unité du livre qui alors se serait trouvée parfaite, eut fait de la Comédie humaine un de ces livres que les curieux recherchent et ouvrent en tout temps pour y apprendre la nomenclature morale et Physionomesque d'un siècle ou d'une époque.

Je laisse à penser ce qu'eut été l'œuvre, terminée. Balzac espérait vivre assez pour corriger plusieurs éditions. Lorsque pour la dernière fois, et sans le savoir, l'auteur de la Comédie humaine a pris la plume, il avait écrit quatre-vingt-quinze ouvrages; d'après les cadres tracés par lui-même, il lui en restait encore cinquante-deux à composer! Je compte parmi ces derniers, le Député d'Arcis et les Paysans, volumes inachevés.

CHAPITRE VII.

Familiarités. — Quelques mots sur l'homme.

Avant d'examiner l'écrivain sous ses autres aspects, pourquoi ne pas mettre un peu l'homme en évidence?

Je me réserve de publie run volume que j'appellerai le livre des Documents inédits sur M. de Balzac. Que les secours sur lesquels je compte ne me fassent aucun défaut, et je serai alors en état de donner un recueil aussi curieux que complet.

Puisque la forme et le fond de ce chapitre me laissent assez libre à l'endroit des familiarités, je

n'hésite pas à faire un appel à tous les bienheureux propriétaires-collectionneurs de lettres, de billets et d'anas: si parmi ces précieuses collections il se trouvait quelques pièces, serait-ce même des lambeaux, provenant de la plume d'Honoré de Balzac, écrivain du XIXe siècle, auteur de la Comédie humaine et de Mercadet, qu'ils m'en adressent une copie certaine et avouée. Je leur en fais la prière. Pourquoi ces patients amasseurs me refuseraient-ils? Ne me ferai-je pas d'ailleurs un devoir d'indiquer le carton de l'obligateur, moi l'obligé ?

C'est par les petites choses qu'on connait un homme. Un mot, un seul mot prononcé ou écrit, aux heures e、 dans les circonstances de la vie intime, révèle souvent tout l'homme public, qu'il soit diplomate ou écrivain, ou qu'il exerce la pire des professions.

A quoi servent les Mémoires de Madame d'Epinay, sinon à mettre à nu Grimm, Jean-Jacques, Diderot et plusieurs autres illustres?

Saint-Simon, ce brillant causeur, ce modèle de la conversation écrite, ce vrai et admirable puriste, sans parti pris, sans système, usant du plus beau langage français, n'a-t-il pas rendu un notable service au XVIIe siècle en le racontant comme il l'a fait? Il ne négligeait pas l'anecdote, le petit mot, le lever du rideau, tout en conservant la plus sereine dignité?

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