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LI mois & 7 jours. Il ordonna avant de mourir, qu'on brulât fon Enéide; mais fes amis s'y étant oppofés, il chargea par fon teftament Plotius Tucca & Varius, ou de bruler fon Poéme, ou de le corriger. Ce fait eft raconté par Aulugelle, Macrobe & Pline. Plotius Tucca & Varius étoient deux hommes d'efprit, Poétes l'un & l'autre dont Horace fait mention dans fes Satyres liv. 1. Sat. 5. ainfi que de Virgile. Je vais rapporter fes vers, qui peignent le caractère aimable de ces trois beaux efprits.

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Poftera lux oritur multo gratiffima; namque Plotius & Varius Sinueffa, Virgiliufque

Occurrunt : azima, quales neque candidiores Terra tulit, neque queis me fit devinctior alter. O qui complexus, & gaudia quanta fuerunt ! Nil ego contulerim jucundo fanus amico.

Le jour fuivant fut bien plus agréable : ,, nous rencontrâmes à Sinueffe Plotius Varius, & Virgile, ces hommes pleins de candeur, qui n'ont point de pareils fur la terre ni de meilleur ami que ,, moi. Quels embraffements, & qu'elle joye! Le fage ne compare rien à un agréable ami.

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Le corps de Virgile fut tranfporté à Naples, comme il avoit fouhaité, & fut inhu mé près du chemin de Pouzol, via Puteolana. L'Enéide fut remife à Tucca & à Varius, à qui Augufte défendit d'ajouter, & ne permit que de retrancher. De là viennent quelques vers, dont il ne nous refte que le commencement,

L'ancien Auteur de la vie de Virgile, dont je vais citer quelques traits, rapporte cette épigramme de Sulpicius, poéte de Carthage, fur le danger que courut l'Enéide à la mort de fon Auteur.

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Jufferat hac rapidis aboleri carmina flammis
Virgilius, Phrygium qua cecinere ducem.
Tucca vetat, Variufque fimul : tu, maxime Cafar,
Non finis, & Latia confulis hiftoria.

Infelix gemino cecidit prope Pergamus igne,
Et pene eft alio Troja cremata rogo

Virgile avoit ordonné que ces vers, qui célébrent le fameux Capitaine de Phrygie fuffent la proye des flammes. Tùcca & Varius s'y oppofent; & vous, grand Céfar, vous le défendez, & vous confervez » un monument pour l'hiftoire de l'Italie. Ainfi la malheureufe Troye a-t-elle penfé deux fois périr par un fatal incendie.

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Afconius Pédianus, dans fon apologie de Virgile, réfuta toutes les cenfures de l'Enéi-" de , que de mauvais Critiques avoient publiées. Car il y a eu de tout temps des juges peu éclairés de mauvais goût, ou de mauvaise foi. Ce même Pédianus peignit dans cette apologie le caractère de notre poéte. Il étoit felon lui, bienfaifant; il aimoit les hommes vertueux & favants, & loin d'être jaloux, les bons ouvrages des autres le flattoient autant que les fiens propres ; il donnoit à chacun les éloges qu'il méritoit. Enfin Virgile n'eut que deux ennemis, hommes ignobles, Philiftus & Cornificus, á qui il n'avoit jamais fait aucun mal &

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dont il n'étoit haï qu'à caufe de la fupériorité de fon génie, ou méprisé que pour la fimplicité de fon caractere.

Virgile, à l'occafion des fpectacles qu'Augufte donnoit tous les jours, dans un temps où il pleuvoit toutes les nuits, fit cette Epi

gramme:

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:

Note pluit totâ redeunt spectacula mane.
Divifum imperium cum Jove Cafar habet.

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Il pleut toute la nuit, & tout le jour nous ,, avons des fpectacles. Céfar partage l'empire avec Jupiter.,, Jupiter, dans le ftyle des anciens poétes, eft pris fouvent pour l'air & pour la pluye. Virgile fit afficher cette Epigramme à la porte du palais d'Augufte, fans marquer qui les avoit faits. Peutêtre qu'il ne les jugeoit pas affez bons, pour s'en déclarer l'auteur. Cependant l'Empereur flatté par ces vers, voulut favoir de qui ils étoient. Comme perfonne ne fe nommoit un certain Bathylle fe les attribua, & en fur récompenfé. Alors Virgile afficha à la porte du palais ces quatre mots repétés quatre fois Si vos non vobis, les propofant comme des vers à remplir, ainfi que nous faifons à l'égard de nos bouts rimés. Quelques jours après notre poéte afficha une feconde fois le diftique Nocte pluit totâ, & mit au-deffous ces cinq vers.

Hos ego verficulos fecis tulit alter honores.
Sic ves non vobis nidificatis aves.
Sic ves non vobis vellera fertis oves.
Sic vos non vobis mellificatis apes..
Sic vos non vobis fertis axatra boveS.

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Ils fervirent à faire connoître le véritable Auteur de l'Epigramme, & à couvrir de confusion le Plagiaire.

On demandoit un jour à Virgile, pourquoi il perdoit fon temps à lire un poéte furanné tel qu'Ennius. il répondit,,, Je tire de l'or du fumier.,, Aurum de ftercore.

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On voit par cette réponse que Virgile penfoit au fujet de Lucilius, comme Horace : Cum flueret lutulentus, erat quod tollere velles vers que le P. Tarteron a entendu à contre-fens dans fa traduction, en faifant dire à Horace: il y a dans Lucilius bien des chofes qui méritent d'être confervées; au lieu qu'Horace dit au contraire; qu'il y a dans cet ancien poéte bien des chofes à fupprimer. C'eft auffi le fens que Quintilien a donné ce même vers, qu'il cite.

Augufte, qui s'entretenoit fouvent avec Virgile, voulut favoir un jour ce qu'il penfoit de la manière de bien gouverner. Le Poéte lui répondit qu'il falloit 1o. mettre le timon du vaiffeau entre les mains d'un Pilote habile; 2°. préférer toujours les gens de bien aux méchans; 3. récompenfer le vrai mérite & les talents utiles & rares. 4°. Ne faire jamais d'injustice à perfonne. Ces quatre préceptes renferment en effet tout l'art de regner.

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DES DIFFERENS

OPUSCULES

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ATTRIBUÉS

A VIRGILE.

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Lufieurs petits poémes affez dignes de Mævius ou de Bavius ont été mis fur le compte de Virgile, & le plus grand poéte de Rome a été regardé par quelques Critiques comme l'Auteur de ce que l'antiquité nous a tranfmis de moins estimable. On lui a imputé un certain nombre d'Epigrammes fans fel, compofées par différens Auteurs inconnus. On a voulu qu'une piéce touchant la vie ruftique, intitulée Moretum, fut de lui, & jofeph Scaliger même n'étoit pas éloigné de la lui attribuer. Le P. Fabre, de l'Oratoire, Auteur d'une verfion françoise, peu connue, de toutes les Œuvres de Virgile, dit dans fon hiftoire de la vie & des Ouvrages de ce poéte, qu'il commença à exercer fon talent pour la poéfie dès fa plus tendre jeuneffe & qu'il compofa plufieurs petits ouvrages qui font venus jufqu'à nous. De ce nombre, dit-il eft le Ceiris, l'Etna, les Dira, ou les imprétions, le Culex, ou le Moucheron, & le Moretum. Plufieurs Savants, ajoute-t-il, ne

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