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Tous n'attendent qu'un signe ; et le roi des enfers,
D'un coup d'œil plus perçant, plus prompt que les éclairs,
De ce coup d'œil qui fait le destin des batailles,
Traverse de leurs rangs les vivantes murailles.
Leur fier maintien, l'ardeur qui brille dans leurs yeux,
Leur port, tel que la fable a peint celui des dieux,
L'ordre, le nombre enfin, leur plus faible avantage,
D'espérance et d'orgueil ont enflé son courage.

Ce

que la terre entière a vu de bataillons

De leurs flots débordés inonder les sillons,

Près d'eux ressemblerait à l'humble et faible armée
Qu'aux escadrons volans opposait le Pygmée.
Rassemblez ces Titans dont l'audace entassa
Ossa sur Pélion, Olympe sur Ossa,

Les héros des Thébains, les guerriers que Pergame
A vus, Grecs ou Troyens, s'armer pour une femme,
Tous les dieux alliés qui combattaient pour eux,
Tout ce que les romans ont peint de valeureux,
Ce qu'inventa la fable et raconta l'histoire ;
Ces preux qu'au grand Arthus associa la gloire,
Tout ce qu'ont vu jouter, chrétien ou musulman,
Les créneaux d'Apremont, les tours de Montauban,
Les remparts de Damas, les champs de Trébisonde,
Ces essaims dont l'Afrique inonda notre monde;
Tous ces pouvoirs mortels, que sont-ils, comparés
A ces rivaux du ciel contre lui conjurés ?

Au-dessus de leur foule immense, mais docile,
Satan, comme une tour, élève un front tranquille;
Lui seul, ainsi qu'en force, il les passe en grandeur :
Son front, où s'entrevoit son antique splendeur,
D'ombres et de lumière offre un confus mélange;
Et si c'est un débris, c'est celui d'un archange,

All her original brightness; nor appear'd

Less than Archangel ruin'd, and the' excess
Of glory' obscur'd: as when the sun, new risen,
Looks through the horizontal misty air
Shorn of his beams : or from behind the moon,
In dim eclipse, disastrous twilight sheds

On half the nations, and with fear of change
Perplexes monarchs. Darken'd so, yet shone
Above them all the Archangel: but his face
'Deep scars of thunder had intrench'd; and care
Sat on his faded cheek, but under brows
Of dauntless courage, and considerate pride
Waiting revenge; cruel his eye, but cast
Signs of remorse and passion, to behold
The fellows of his crime, the followers rather,
(Far other once beheld in bliss) condemn'd
For ever now to have their lot in pain
Millions of Spirits for his fault amerc'd
Of Heaven, and from eternal splendours flung
For his revolt, yet faithful how they stood,
Their glory wither'd.

:

As when Heaven's fire

Hath scath'd the forest oaks, or mountain pines,

Qui, lumineux encor, n'est plus éblouissant.
Vers l'horizon obscur, tel le soleil naissant
Jette à peine, au milieu des vapeurs nébuleuses,
De timides rayons et des lueurs douteuses;
Ou tel, lorsque sa sœur offusque ses clartés,
Pâle, et portant le trouble aux rois épouvantés,
Il épanche à regret une triste lumière,
Des désastres fameux sinistre avant-courrière;
Mais, à travers la nuit qui nous glace d'effroi,
Tous les astres encor reconnaissent leur roi.
Tel se montre Satan ; tel son éclat céleste,
Tout éclipsé qu'il est, éclipse tout le reste.
Foudroyé, mais debout, triste et majestueux,
Sur son front, que du ciel ont sillonné les feux,
Du tonnerre vengeur on voit encor les traces :
La douleur dans ses traits a gravé ses disgraces;
Mais dans son air pensif perce, à travers son deuil,
Le courroux révolté, l'opiniâtre orgueil.
Cependant le remords est dans son œil farouche;
La vengeance l'aigrit, le repentir le touche;
Il voit avec douleur tous ces infortunés,
Innombrables esprits dans sa chute entraînés,
Déshérités du ciel, perdus dans ses abîmes,
Compagnons de sa faute, ou
de sa faute, ou plutôt ses victimes :
Si brillans autrefois, éclipsés aujourd'hui,
Malheureux à jamais, et malheureux par lui,
Ainsi que ses forfaits partageant sa misère;
Et cependant, du ciel défiant la colère,

Leur malheur généreux se voue à son malheur;

Leurs honneurs sont perdus, mais non pas leur valeur ;

Tels le chêne des bois et le pin des collines,

Dont la foudre en éclats dispersa les ruines,

With singed top their stately growth, though bare, Stands on the blasted heath.

He now prepar'd

To speak; whereat, their doubled ranks they bend From wing to wing, and half enclose him round With all his peers: attention held them mute. Thrice he assay'd, and thrice, in spite of scorn, Tears, such as Angels weep, burst forth at last Words, interwove with sighs, found out their way.

« O Myriads of immortal Spirits ! O Powers
Matchless, but with the' Almighty, and that strife
Was not inglorious, though the' event was dire,
As this place testifies, and this dire change,
Hateful to utter; but what power of mind,
Foreseeing or presaging, from the depth
Of knowledge past or present, could have fear'd
How such united force of Gods, how such
As stood like these, could ever know repulse?
For who can yet believe, though after loss,
That all these puissant legions, whose exile
Hath emptied Heaven, shall fail to re-ascend
Self-rais'd, and repossess their native seat?
For me be witness all the host of Heaven,
If counsels different, or danger shunn’d

By me, have lost our hopes. But he, who reigns
Monarch in Heaven, till then as one secure
Sat on his throne, upheld by old repute,
Consent or custom; and his regal state

D'une riche verdure autrefois habillés,
Bravent encor le ciel de leur front dépouillés.
Satan vient, il s'adresse à ses troupes fidèles :
Vers lui l'armée en cercle a recourbé ses ailes :
Et, d'avance soumis à sa suprême loi,

Tous les chefs en silence ont entouré leur roi.
Trois fois à ces guerriers, appuyés sur leurs armes,
Il veut parler: trois fois d'involontaires larmes
(Larmes telles qu'en verse un habitant des cieux),
Trahissant sa fierté, s'échappent de ses yeux.

Enfin à ce discours ses soupirs ont fait place :

«

Vous, dont le Tout-Puissant put seul dompter l'audace, Chérubins, séraphins, vous tous dont le grand cœur Combattit sans succès, mais non pas sans honneur ; Ce combat fut affreux, hélas ! tout nous l'atteste, Nos revers, nos débris, et ce cachot funeste: Mais voyez cette armée, et ce peuple de dieux Fièrement révoltés contre un joug odieux ! Quel esprit pénétrant, et quelle expérience De leur lutte terrible eût prévu l'impuissance? Que dis-je? puis-je croire, en cet état cruel, Que ceux de qui l'exil a dépeuplé le ciel, Ne puissent point briser leur prison infernale, Vaincre, et reconquérir leur demeure natale? Et moi, moi votre chef, doutez-vous de ma foi? Ai-je rien fait sans vous, rien entrepris pour moi ? Nul de nous n'a failli dans cette grande cause. Mais celui qui là-haut tranquillement repose, Ce dieu qu'ont soutenu sur son trône incertain L'imposant appareil du pouvoir souverain, L'usage, un vieux respect; en cachant sa puissance, Lui-même encouragea la désobéissance :

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