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des couches et de leur âge relatif. Ainsi l'on comprend que lorsqu'on aura dressé de bons catalogues des fossiles de chaque étage, dans les pays où les terrains peuvent facilement être reconnus et déterminés, les géologues qui s'occupent des contrées où la concordance n'a pas encore été établie, pourront toujours la fixer, en prenant les fossiles du terrain qu'ils veulent déterminer, en recherchant leurs noms, et en voyant ensuite dans les catalogues à quel étage ils se rapportent. Les terrains de ces deux pays, dans lesquels on aura trouvé des fossiles identiques, devront être considérés comme du même âge et comme déposés par les mêmes eaux, ou par des eaux contemporaines.

L'étude des fossiles peut aussi éclairer des questions de détail. Elle peut par exemple montrer si un terrain a été formé par les eaux de la mer ou par des eaux douces. Certains genres de poissons et de mollusques sont connus pour être essentiellement fluviatiles et d'autres pour habiter les mers. Si l'ensemble des fossiles d'un terrain appartient à des genres fluviatiles, on en pourra légitimement conclure que ce terrain a été déposé par des fleuves ou par des lacs d'eau douce. Si au contraire les êtres qui y ont laissé leurs débris appartiennent à des genres marins, il sera à présumer que le terrain doit son origine aux eaux de la mer.

Dans ces dernières années les fossiles ont revélé des faits remarquables sur l'état du globe à diverses époques. Quelques auteurs ont cherché à se servir d'eux pour fixer les rivages et la configuration

des mers anciennes. On sait en effet que dans la haute mer on retrouve moins de mollusques que près des côtes; la profondeur et l'absence de végétation en écartent la plupart des espèces. Les rivages au contraire, qui fournissent une nourriture plus abondante et des roches voisines de la surface, servent d'abri à un beaucoup plus grand nombre d'individus. La présence de fossiles nombreux et surtout celle des espèces qui appartiennent aux genres essentiellement riverains, peut donc servir à indiquer le rivage des mers anciennes ; tandis que des fossiles rares et des espèces de haute mer prouvent, au contraire, que les terrains où elles sont déposées, ont été formés loin des côtes et appartiennent, par conséquent, à ce que les géologues ont appelé une formation pélagienne. Des recherches de cette nature très-répétées peuvent, par leur concordance, servir à tracer la carte des mers aux diverses époques.

Au reste les chapitres qui vont suivre et toute la deuxième partie feront encore mieux sentir, combien sont vastes ces applications de la paléontologie à la géologie et justifieront l'attrait de cette science, qui dans ces dernières années, a entraîné sous ses drapeaux un si grand nombre de disciples.

CHAPITRE III.

De la manière dont les fossiles ont été déposés et de leurs diverses apparences.

L'étude des faits que nous pouvons observer tous les jours, sert à expliquer en grande partie ceux qui se sont passés dans les premiers âges du globe, et fait comprendre en particulier la manière dont les fossiles ont été déposés. La plupart des eaux courantes charrient des pierres, du sable et du limon, et entraînent ces matières jusque dans les lacs et les mers où elles se jettent. Lorsque la force d'impulsion n'est plus assez grande pour les soutenir, on voit les matériaux les plus pesants se déposer sur le fond et les plus légers les recouvrir, en formant ainsi des couches superposées, d'une composition un peu différente les unes des autres. Une succession d'événements semblables peut créer des dépôts d'une grande épaisseur, dont le caractère général sera d'être composés de couches ou strates parallèles. Quoique dans certaines localités et dans quelques cas spéciaux on puisse remarquer des inclinaisons ou des différences partielles de niveau, on peut dire que, si on considère ces formations dans leur ensemble, l'horizontalité est leur caractère constant. Les traités de géologie renferment

sur ce point de nombreux détails; ce serait sortir de notre sujet que de nous en occuper ici.

Avec les grains de sable, et les autres substances minérales ténues, les eaux charrient et déposent des corps organisés, soit ceux qui vivent dans leur sein, soit aussi ceux qu'elles ont pu, à la suite d'inondations ou de toute autre cause, recevoir de la terre ferme. Les animaux morts, lorsqu'ils sont longtemps dans l'eau, éprouvent une macération, c'est-à-dire que leurs tissus mols se décomposent; ils finissent ainsi par être réduits à leurs parties solides qui, ordinairement plus pesantes que l'eau, vont se déposer au fond. Les nouvelles couches de sable les recouvrent, les cachent et contribuent à les conserver.

Cette conservation n'est toutefois ni très-durable ni très-parfaite, siles particules du sable restent tout à fait désagrégées; mais quelquefois des circonstances spéciales font solidifier ces couches. Pour expliquer cette solidification, les géologues distinguent les dépôts chimiques et les dépôts mécaniques. Les premiers sont ceux dans lesquels les substances dont l'eau est chargée y sont dissoutes par voie chimique. Lorsqu'une cause particulière force la précipitation de la partie solide de cette solution; il arrive ordinairement que le dépôt est immédiatement compact. C'est ainsi que le carbonate de chaux, tenu en dissolution par un excès d'acide carbonique ou par une température élevée, se dépose lorsque ces causes cessent, et forme, dans le fond des rivières, des lacs ou des mers, des roches plus ou moins solides, telles que les travertins d'Italie. On

appelle au contraire dépôts mécaniques, ceux plus fréquents où les particules solides ne sont que suspendues dans l'eau et se déposent par leur propre poids. Dans ce dernier cas, la solidification n'a lieu que si les eaux apportent une substance qui les lie et les ci

mente.

Cette même série de phénomènes a dû se passer constamment dans les périodes anciennes de l'histoire du globe, et c'est à une action lente dans des eaux tranquilles qu'il faut probablement attribuer l'origine de la plupart des fossiles. On a trop souvent cru qu'il était nécessaire, pour expliquer ces dépôts, de recourir à des cataclysmes violents et à d'immenses perturbations; il est à croire que, dans un très-grand nombre de cas au moins, ils se sont effectués comme ceux que nous venons d'esquisser. Outre la probabilité que fournit l'analogie et les preuves qui résultent des observations géologiques (1), on peut citer quelques faits paléontologiques qui semblent indiquer que la fossilisation des débris organiques a eu lieu trèslentement.

Ainsi l'on trouve souvent les ossements des grands animaux épars et éloignés les uns des autres, circonstance qui ne peut s'expliquer qu'en admettant que l'animal, depuis sa mort, a séjourné plusieurs mois dans des eaux tranquilles ou à courant régulier, où il a été macéré et disloqué. En effet un cataclysme subit, entraînant ensemble les matières organiques et inor

(') Voyez en particulier les traités de Lyell.

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