un fentiment qui naît malgré nous & qui fe nourrit par l'ef pérance. Cette paffion étend fa domination fur tout ce qui refpire dans ce vafte Univers, fon choix naît fouvent du premier coup d'œil; l'Amour n'examine rien & ne met aucune diffé→ rence entre le cœur d'une Payenne & celui d'un Génie, tous deux brûlant d'un même feu ne cherchent qu'à le noursir. Il eft vrai que je n'ai point examiné la croyance de la Princeffe Tramarine; ses malheurs m'ont touché, fes vertus, fes graces, fes talens & fa beauté m'ont charmé, & je l'ai jugée digne d'un fort plus heureux. C'eft par cette rai fon que j'ai cherché tous les moyens pour l'affranchir du joug de la mort : mais, Seigneur, je puis vous répondre de fa docilité à écouter les instructions que vous voudrez bien lui faire donner, & qu'el le fe foumettra fans murmure à toutes vos volontés. Tramarine, après avoir con firmé les paroles que le Prince Verdoyant venoit de donner à fa Majefté Ondine, ajouta qu'elle promettoit de fe conformer à tout ce que l'on voudroit exiger d'elle, perfuadée qu'un Génie auffi éclairé ne chercheroit point à la furprendre. Le Roi parut content de fa réponse, & ordonna qu'elle fût conduite dans l'appartement qui lui étoit destiné. Tramarine eft conduite dans le LE Génie Verdoyant accom pagna Tramarine dans un pavillon de crystal, éclairé par des elcarboucles qui paroiffoient autant de Soleils. Une des faces de ce pavillon donnoit fur un parterre, émaillé de mille fortes de fleurs inconnues fur la terre, & qui répan doient dans l'air un parfum délicieux. Un concert d'un goût nouveau le fit entendre ; on y chanta les louanges du Génie Verdoyant & celles de la Princeffe Tramarine : ce concert fini, elle fut conduite dans un Sallon de glaces magiques qui avoient la vertu de repréfenter tout ce qui fe paffoit dans le monde. La Princeffe surprise de cette merveille, dit au Génie qu'elle feroit bien aife d'apprendre ce qui étoit arrivé à Céliane, depuis que la méchante Turbulente les avoit f cruellement féparées. Fixez votre attention fur les glaces, dit le Prince, & vos defirs feront remplis à l'inftant. Tramarine regarde dans une de ces glaces, qui lui repréfente d'abord les jardins de la Fée Bonine Céliane y paroiffoit évanouie, & les femmes, commises pour garder la Princeffe, s'empreffoient pour la fecourir; leur trouble & leur inquiétude paroiffoient dans leurs yeux. Revenue de cette foibleffe, elle la vit leur raconter fon malheur ; fon dif; cours étoit interrompu par des fanglots, fes larmes couloient en abondance, & il fembloit. que fes mêmes paroles fe tra çoient fur la glace. Toutes les femmes de la Princeffe, préfentes à ce récit, paroiffoient au défespoir; mais l'état déplorable où fe trouvoit la malheureuse Céliane, ne leur permit pas de la gronder fur fa négligence. Elle vit arriver enfuite La Fée Bonine qui, inftruite |